Depuis son passage du Horn, il y a maintenant trois jours, Bernard Stamm navigue toujours dans le même système météo. A 500 milles dans le Nord-Est des îles Falkland, très au large des côtes de l’Argentine, CHEMINEES POUJOULAT fonce au portant vers des latitudes beaucoup plus clémentes. « J’accompagne la même dépression depuis le passage du Horn, explique Bernard. Pour le moment c’est donc encore loin d’être confortable, calme et agréable ! J’ai toujours beaucoup de vent, avec des rafales à 50 nœuds, et j’essaye de pousser le bateau au maximum parce que dans une trentaine d’heures je devrais arriver dans une zone de vent faible. Pour le moment j’essaye donc de profiter le plus possible de ces conditions météo pour garder le plus possible de vitesse. Le rythme est donc soutenu et oblige à rester concentré ! D’ailleurs je commence à ressentir un peu de fatigue, mais c’est motivant d’aller vers le chaud et de se dire que je vais bientôt sortir de cet univers humide et froid. »
Autre soulagement pour Bernard, avec la remontée des températures et une eau de mer à 12 degrés, le danger d’une rencontre avec un iceberg est maintenant définitivement écarté. Seuls petits désagréments, quelques légers problèmes d’étanchéité pour CHEMINEES POUJOULAT, et surtout le sentiment d’être un peu « seul au monde ». En effet, la mer et le ciel sont toujours désespérément vides !
Dans le Pacifique Sud, à 1 300 milles dans l’Ouest du Cap Horn, Kojiro Shiraishi vient enfin de toucher de l’air. « Hier soir, pendant six heures, il n’y avait rien ! Pas un souffle, rapporte le skipper de SPIRIT OF YOKOH. Cependant, pour la première fois en deux semaines, le baromètre a enfin indiqué une pression inférieure à 1 000 hpa ! Une situation quasi inconnue à des latitudes aussi méridionales ! »
Mais depuis ce matin le Japonais navigue dans un flux de 25 nœuds d’Ouest et les vagues balayent à nouveau le pont de SPIRIT OF YUKOH. 1 000 milles dans l’Ouest, au milieu du Pacifique Sud, le trio de queue bagarre ferme. Dans des conditions musclées, Force 8, le skipper Néo-Zed Graham Dalton et Sir Robin Knox-Johnston, ont accéléré pour recoller au Basque Unai Basurko. A SOUTHERN MAN AGD, SAGA INSURANCE et PAKEA se tiennent maintenant dans un « mouchoir de poche » de 84 milles.
Notons la superbe remontée de Sir Robin, à plus de douze nœuds de moyenne – la vitesse la plus élevée des trois belligérants, alors que son 60 pieds SAGA INSURANCE est toujours handicapé par des problèmes de grand voile et est contraint de naviguer sous trois ris. Et pour le moment : « Il n’est pas question de tenter quoi que ce soit ! Tant que les conditions météo ne baissent pas de quelques crans, il faut oublier ! ».
Stamm seul au monde…
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