
Alors que se joue la 3e édition en Figaro Bénéteau 3 sur la Solitaire du Figaro certains skippers semblent toujours aux avant-postes et plus rapides que les autres. Comment expliquer les différences de vitesse entre les concurrents ? Jeanne Grégoire, directrice du Pôle d’entrainement Finistère course au large de Port-la-Forêt – et qui a participé 10 fois à l’épreuve – nous donne quelques clés pour comprendre en s’appuyant sur les observations des 13 skippers du Pôle présents sur cette édition.
« S’il y a des différences de vitesse cela se joue à 0,1 voir 0.2 nœuds. Ce n’est rien même si cela est suffisant pour créer des écarts sur une étape de 250 milles. On pourrait expliquer ces différences par le choix des voiles. Mais si les coureurs passent énormément de temps sur des petits détails tout l’hiver on se rend compte que le jeu de voile est complètement différent entre les 6 premiers au classement général.
Cela peut se jouer plutôt sur les choix de trajectoire qui ne sont pas toujours facile à trouver. Si le Figaro 2 n’était pas très sensible aux angles du bateau et ne créait pas beaucoup d’écart, sur le Figaro Bénéteau 3, on peut voir clairement sur la cartographie qu’un bateau avec une différence de cap de 2° ou 3° comparé à un autre peut avoir un autre comportement.
Ils sont quelques-uns dans la flotte à avoir une bonne vitesse. On sait par exemple que Tom Laperche et Pierre Quiroga vont vite au près. Comme les autres, ils ont fait beaucoup de double cette année et cherché beaucoup de réglages. En revanche sur l’eau, ils ne naviguent pas du tout de la même façon. On peut les reconnaitre au comportement du bateau, de la gîte ou au profil des voiles. La manière de trouver une aisance qui est différente.
De l’extérieur on voit des styles mais il ne faut pas penser qu’il y a un réglage qui marche. Les jeunes sont arrivés avec beaucoup de sensations notamment acquises sur de nouveaux supports (kite, moth, …) Pourquoi untel va plus vite que l’autre ? Dans la baie à Port-la-Forêt en général, ils vont tous à la même vitesse et, parfois quand ils bataillent, cela se joue à des petits détails. Cela prête parfois à rire de les voir passer autant de temps sur des petits détails en sachant qu’au large et en course, ils auront tellement d’autres paramètres à gérer qu’il faudra qu’ils cherchent en priorité un réglage moyen performant.
Ils ont tous une manière différente de gérer leur vitesse, d’être ou pas en permanence sur les réglages de leur bateau ou au contraire ne pas en avoir besoin pour se concentrer sur d’autres tâches comme la stratégie ou le sommeil. En préparation on ne fait que du speed test avec un réglage optimum. Dans quelle mesure est-ce qu’ils arrivent à travailler sur leur capacité d’adaptation quand il y a de la mer et que la fatigue s’installe. »
A l’issue de la première étape de la Solitaire, 7 skippers du Pôle occupaient les 10 premières places au classement général dont les 3 de la filière Bretagne-CMB. Une belle reconnaissance pour le travail effectué par le Pôle, les skippers entre eux et les préparateurs.