Le fait de la nuit est bien la belle prise de commande de Marc Guillemot et Charles Caudrelier (Safran). Hier soir à 20 heures, les 10 premiers de la flotte IMOCA se tenaient en trois milles. Ce matin à quatre heures, Safran s’octroie onze milles d’avance sur Gitana Eighty. « Sur les conseils de Sylvain Mondon, notre conseiller météo, nous sommes passés dans le chenal du Four et par le raz de Sein. Charles nous a fait une navigation dans les cailloux aux petits oignons car on a rasé la côte pour avoir moins de courant contraire. Parfois, dans le noir, je voyais un caillou surgir, mais Charles me disait que c’était normal. Vive l’électronique ». Marc Guillemot avoue cependant avoir serré les « fesses » sur cette option osée puisqu’il a été le seul à la tenter. La suite ne semble pas simple pour autant. « Il va falloir naviguer avec un œil sur le baromètre car il y a plein de bulles qui traînent sur la route. On va pouvoir un peu se reposer car depuis le départ, on est en pleine bataille. Foncia nous a même collé un tribord en plein milieu de Manche ! ».
En seulement une demi-journée de temps, les 5 multicoques ORMA sont revenus sur les basques des « petits », ceux de la Classe 40. A l’entrée de la Manche, Franck Cammas et Stève Ravussin (Groupama 2) enchaînent les empannages, avec Banque Populaire naviguant à vue dans son sillage. « Le vent est très instable, avec de grands changements d’angle. On a du s’arrêter deux fois complètement pour laisser passer des cargos. On était en route de collision », commente Stève qui, visiblement, n’avait guère fermé l’œil de la nuit. Gitana 11, avec 25 milles de retard, s’est gentiment fait décrocher en cette première nuit avec des conditions qui ne lui sont cependant guère favorables.
Comme d’habitude pourrait-on dire, Franck-Yves Escoffier (Crêpes Whaou) a pris les commandes de la Classe 50 Open. Lui a encore du chemin avant de s’extraire de la Manche, mais incontestablement la vie semble belle à bord du trimaran rouge et jaune. « On a déjà l’impression d’être dans le sud. Il fait doux, la mer est calme, seul le vent instable nous oblige à constamment régler les voiles ».
En Classe 40, Giovanni Soldini ouvre la route sur Télécom Italia, le petit frère de Safran puisqu’il est issu du même designer. Comme il fallait s’y attendre, la régate est bien engagée, avec 15 bateaux regroupés en moins de 10 milles. En 24 heures, ils ont réussi à parcourir 145 milles, soit 6 nœuds de moyenne. Pour comparaison, les 60 pieds se sont octroyé un 6,8 nœuds de moyenne pour le meilleur! Pas énorme la différence, d’ailleurs les leaders de la classe 40 naviguent devant nombres de 60 pieds IMOCA dans ce petit temps qui ne favorise pas les gros bateaux.