Rafale d’arrivées à Marie Galante

Arrivée Bertrand de Broc Trophée BPE 2007
DR

Après avoir été à la lutte avec Liz Wardley ("Sojasun", 4e) lors des 48 dernières heures de course, Marc Emig ("A.ST Groupe") s’est finalement emparé de la 5e place, hier à Marie-Galante. Après sa 4e place dans l’épreuve en 2005, le Marseillais confirme non seulement que la course au large est un exercice qu’il affectionne particulièrement mais aussi qu’il fait indiscutablement partie des ténors du circuit Figaro. De son côté, Franck Le Gal ("Lenze") a également de quoi être satisfait. Son objectif était d’entrer dans le top 10. Il réalise donc une performance au-delà de ses espérances en prenant la 6e place. " Je suis super heureux. C’était vraiment intense. Arriver à Marie-Galante, c’est un peu la délivrance. Cela fait plusieurs jours que je travaille pour distancer le paquet de bateaux derrière moi. Il a fallu vraiment cravacher " a t-il expliqué. Et pour cause, dans ce fameux paquet, pas moins de sept bateaux étaient lancés à sa poursuite parmi lesquels de "sérieux clients", comme il dit : Bertrand de Broc ("Les Mousquetaires"), Eric Drouglazet ("Luisina Design"), Gildas Morvan ("Cercle Vert") entre autres.

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Sept bateaux en moins de 10 milles
Entre eux, la bagarre a fait rage. Si les places d’honneur étaient déjà pourvues, il restait l’honneur tout court à sauver. " Se faire passer, surtout en monotype, on n’aime pas. Total, on ne lâche rien. Forcément, c’est usant pour les bonhommes " a expliqué De Broc. Le Finistérien a tout donné, pour finalement s’emparer de cette 7e place tant disputée. Très fatigué – il confiait avoir du mal à parler et avoir des palpitations en raison du manque de sommeil – le skipper des Mousquetaires avouait son soulagement d’arriver enfin : " Je suis content d’être là. J’ai l’impression d’avoir tenu un rythme Solitaire Afflelou Le Figaro pendant 20 jours ! Ce Trophée BPE, c’est vraiment un truc de "ouf" ! ". C’est peu dire. Au final, moins d’une heure sépare le 7e du 15e au classement. Pire encore, "Gedimat" d’Armel Tripon (8e), "Banque Populaire" de Jeanne Grégoire (9e), "Groupe Céléos" de Ronan Treussart (10e) et "Luisina Design" d’Eric Drouglazet (11e) se tiennent en moins de dix minutes, dans cet ordre ! Pour Jeanne, tout aurait pu s’écrouler à moins d’un mille de la ligne d’arrivée, son étai ayant cédé. " Je finis la transat comme je l’ai vécue entièrement, c’est-à-dire avec les moyens du bord, comme on peut et pas vraiment comme prévu " a souligné la Picarde, une fois à terre. Victime lui aussi de la rupture de son étai – au niveau de Madère-, Yannick Bestaven ("Aquarelle.com") a connu une fin de course pour le moins chaotique. Le Rochelais est resté planté à une dizaine de mètres de la ligne d’arrivée pendant près d’une heure à batailler avec son spi, impossible à descendre, avant de finalement monter en tête de mât pour couper sa drisse. " Je suis marabouté je pense ! " déplorait Yannick, une fois au ponton. Résultat, il termine 14e, derrière Gildas Morvan (12e) et Robert Nagy ("Théolia", 13e). Plus tard dans la nuit Marie-Galantaise – entre 8h30 et 9h30, heure de Paris – Christian Bos sur "Belle-Ile-en-Mer" et Gildas Mahé sur "Le Comptoir Immobilier" ont bouclé l’épreuve en 15e et 16e position. Il reste donc désormais huit concurrents en mer.


Ils ont dit :

Marc Emig ("A.ST Groupe")  5e : " J’ai bien géré ma course au niveau météo. Je trouve que j’ai été vachement en phase avec les bulletins, avec tout… Je sentais bien les coups arriver et cela jusqu’à l’arrivée. Pour moi, c’est une grande satisfaction. J’ai bien compris la course et pour la suite, pour gagner, c’est la base. Par ailleurs, je voulais quand même vous dire que je l’ai gagnée cette transat. Les autres ont fait le tour de l’Atlantique et moi j’ai traversé l’Atlantique. Ils n’ont pas fait le parcours. Le jury statuera ! (rires!) En tous les cas, je n’ai aucun regret. Les Sudistes ont pris un risque énorme, ça a payé mais ce risque là, je ne l’aurais jamais pris. "

Armel Tripon ("Gedimat") 8e : " C’était une fin de course difficile. Sur trois semaines, il faut savoir se donner et s’économiser quand il faut car les arrivées sur les Antilles sont toujours un peu difficiles. Là, c’était le cas. Il faut garder de l’énergie, surtout quand on est au contact comme ça, avec six bateaux. Si on n’a plus de jus, c’est dommage. Question météo, les choix se sont faits dès le départ. Après, chacun était dans son jeu, dans son option. Moi, j’ai réussi à me recaler à temps. Au début, je pensais que ça allait mieux se passer pour moi. On peut faire des prévisions sur 6-7 jours mais c’est difficile de prévoir sur l’ensemble de la transat. C’est un peu quitte ou double. Mon choix de partir sur la route directe était clair dès le départ. Si c’était à refaire je le referais car je pense que ça s’est joué à peu de chose. Un petit anticyclone un peu mieux placé est ça passait…  J’ai cependant la sensation d’avoir fait du bon boulot. Tabarly disait "du beau bateau". C’est un peu mon sentiment. C’est sûr, il y a les aléas météo que l’on connaît et un petit peu de manque de réussite mais je suis content de moi et c’est plutôt satisfaisant. "

Eric Drouglazet ("Luisina Design") 11e : " Il n’y pas eu du tout de physique, seulement des passages de fronts à négocier. Chacun choisit son camp et après c’est fini. C’est un peu dommage. Je n’ai aucun regret car je n’aurais jamais fait la route qu’a fait Nicolas Troussel. Ce n’est pas dans mon tempérament d’aller chercher quelque chose d’aussi incertain. C’est finalement passé pour lui et les extrêmes Sudistes. Nico a gagné des courses en faisant des coups comme ça, moi, j’en ai remporté en faisant des routes plus raisonnables. Ce n’est pas le genre de transat que j’apprécie. Il y a toujours des grosses options extrêmes et je n’aime pas trop ça. J’ai hâte de revenir avec des conditions plus claires. Hâte de prendre ma revanche ! "

Robert Nagy ("Théolia") 13e : " Je suis content d’arriver. La dernière semaine de mer a été vraiment très dure moralement parce que j’ai pas mal dégringolé au classement et que j’ai passé mon temps à manoeuvrer. Alors que beaucoup de mes adversaires étaient dans leur luge dans l’alizé, moi j’étais vraiment dans une zone marginale. Un coup, je faisais du spi, un coup j’étais au près… c’était vraiment infernal ! Une ou deux fois, j’ai un peu touché le fond. Ca commençait franchement à devenir insupportable. Je suis un peu déçu parce que cette semaine a été difficile mais sinon je pense avoir pas mal navigué, que je vais vite et que je suis costaud mentalement. J’étais venu là pour préparer la Solitaire Afflelou Le Figaro. Il s’est trouvé qu’à un moment, j’étais plutôt bien classé et que j’ai un peu mélangé les choses entre l’objectif et le fait de faire un résultat. Cela n’a pas forcément été une bonne idée parce que je me suis un peu pris la tête. Mais au final, c’est plutôt une bonne surprise et je suis vraiment très content. "

Gildas Mahé ("Le Comptoir Immobilier") 16e : " Ce fût long, très long parfois et pas toujours efficace. J’ai commis en trois semaines toutes les erreurs envisageables sur une année qu’il s’agisse de la stratégie, des manœuvres et même de ce banc de sable, dernier piège avant l’arrivée. Mais quel soulagement d’en terminer. J’ai très mal vécu le fait de ne pas être là où il fallait être à un certain moment, puis je me suis dit qu’il fallait rester zen. Mais même en se montrant philosophe, les choses n’ont pas changé. Je n’ai vu personne depuis le Cap Finisterre et cette fameuse nuit où j’étais avec Thomas Rouxel et Jeanne Grégoire. A partir du moment où j’ai lofé sous solent et que je les ai perdu de vue, je n’ai plus vu personne. J’en suis même arrivé à me réjouir de croiser un jerrican de gasoil. C’est terrible d’être content de croiser des containers, rien que pour la vague sensation d’avoir de la compagnie. Mes convictions écologiques ont été sacrément malmenées ! Comme j’étais seul au milieu de l’océan, je me suis mis à barrer 20 heures sur 24, mais en termes de performances, ça ne changeait rien. Du coup je me suis mis à faire l’inverse ! J’ai eu beaucoup de mal avec la solitude. C’était très long ! Que d’émotions sur cette Transat. Du début à la fin… Je suis vraiment content d’arriver ! ".