Si le gros coup de vent d’hier, généré par une dépression atlantique, est dans leur sillage, les marins ne sont pas pour autant complètement sortis de ce premier phénomène. Ils se réjouissent cependant ce matin d’avoir vu Eole perdre en colère et leur destiner désormais des vents flirtant avec les 25-30 nœuds. Dans la même mouvance, l’état de la mer abonde lui aussi dans le sens des duos en étant passé de montagnes russes de 6 mètres à des creux de 4 mètres. Sans aller jusqu’au confort évoqué ce matin par un Sébastien Josse en proie à une certaine malice, force est de reconnaître que la vie se fait un peu plus douce entre Le Havre et le Costa Rica. La flotte des Imoca s’est désormais entièrement ralliée à l’inspiration sudiste, les deux récalcitrants d’hier soir, les équipages espagnols de W Hotels et 1876 s’étant eux aussi résolus à naviguer tribord amures. Dans une belle unanimité, les monocoques 60 pieds gagnent donc à présent vers des latitudes meilleures et se préparent à une journée placée sous le signe d’une belle accalmie. En effet, dans les heures à venir, le vent devrait nettement se calmer et jouer entre 15 et 20 nœuds, permettant à tous de souffler un peu, avant un nouveau passage de front et un retour à la navigation dans un shaker…
Avec l’arrêt au stand de FenetréA Cardinal et la halte galicienne annoncée pour Prince de Bretagne, la flotte des Multi50 connaît une légère dispersion des rangs. Mais la bagarre ne perd pour autant rien de son intensité et de son intérêt. Toujours solidement installé en tête, le duo Escoffier – Le Roux ne souffre d’aucune démobilisation. Derrière les avis divergent. Avec un cap au Nord sujet ce matin à interrogations, les aquitains Roucayrol – Alfaro attirent l’attention. Inspiration stratégique visant à affronter la perturbation de face ou problème à bord ? Les prochaines heures devraient lever le voile sur ces questions. Au Sud, les hommes de Guyader pour Urgence Climatique poursuivent leur descente en mode préservation et le généreux Victorien Erussard ne cachait rien de sa satisfaction ce matin.
Ils ont dit…
Sébastien Josse – BT – 1er au classement de 5h
« La nuit s’est mieux passée que la précédente, mais c’est toujours aussi agité que prévu par contre ! La mer est un peu moins formée qu’ hier, parce qu’on a quand même eu des pointes à 40/50 nœuds dans des creux allant jusqu’à 6,50 mètres. On est presque dans le confort là ! Maintenant les conditions devraient mollir pas mal, pour descendre à 15/20 nœuds. Mais on reviendra à un passage de front toute la nuit prochaine. Ensuite ça devrait être l’ouverture vers des vitesses plus rapides et un bateau un peu plus plat. BT va très bien mais ça tape beaucoup, on souffre pour lui en fait ! Mais on touche du bois, c’est un bateau solide et je pense que le plus dur est passé donc on ne devrait pas avoir de soucis. Ce ne sont pas les manœuvres qui nous épuisent. La fatigue dans ces conditions est plus mentale que physique. En tous cas ça va, on arrive à bien se reposer ».
Marc Guillemot – Safran – 2ème au classement de 5h
« Depuis deux jours nous ne sommes pas très loin de BT, avant-hier on a vu Veolia pendant la nuit et on a Kito qui n’est pas très loin aussi. C’est rassurant parce qu’on sait que se sont des marins qui naviguent bien. Par contre, non, ce n’est pas une motivation car pour le moment on n’a pas de place pour les motivations extérieures : on se concentre sur ce qu’il y a à faire sur le bateau et rien que ça c’est un vrai combat ! »
Victorien Erussard – Guyader pour Urgence Climatique – 3ème au classement de 5h
« On descend le long des côtes du Portugal, on va rapidement vers le sud pour éviter la grosse mer. C’est payant pour l’instant car on est à une vitesse constante de 11/12 nœuds au près dans une mer assez formée, ce qui est suffisamment raisonnable pour avancer. Hier nous n’avons pas fait une bonne journée car on a eu du mal à passer le front. On a du virer plusieurs fois dans des grains pluvieux pour aller dans un ciel de traîne avec du soleil, mais on finissait toujours par se faire rattraper. Si on pouvait faire les 4600 milles qui restent sur un bateau en bon état ce serait bien, parce que la Transat est encore longue. Quand on aura des conditions médiums on sera content de pouvoir avancer avec 100% des capacités du bateau».
Classement de 8h
Monocoques
1 BT Sébastien Josse – Jean François Cuzon à 3730,9 milles de l’arrivée
2 SAFRAN Marc Guillemot – Charles Caudrelier Benac à 8 milles
3 VEOLIA ENVIRONNEMENT Roland Jourdain – Jean Luc Nelias à 27,6 milles
Multicoques
1 CRÊPES WHAOU ! Franck Yves Escoffier – Erwan Leroux à 4179,4 milles
2 REGION AQUITAINE-PORT MEDOC Lalou Roucayrol – Amaiur Alfaro à 111,8 milles
3 GUYADER POUR URGENCE CLIMATIQUE Victorien Erussard – Loic Fecquet à 195,3 milles