Samedi 6 mars 2021 avait lieu le Wally Record entre Monaco et Saint-Tropez auquel participait le Multi 70 Maserati barré par Giovanni Soldini. Pierre Casiraghi, vice-président du Yacht Club de Monaco, était l’un des cinq autres membres d’équipage. La Société Nautique de Saint-Tropez représentée par son Président, Pierre Roinson, a tout naturellement participé à l’accueil en mer du bateau et de son équipage.
Cette épreuve de vitesse de 48 milles nautiques de distance a été créée en 1999, à l’initiative du chantier monégasque Wally, en collaboration avec le Yacht Club de Monaco et la Société nautique de Saint-Tropez. Après 2 heures, 25 minutes et 44 secondes de navigation et une vitesse moyenne de 19,76 nœuds, Maserati a franchi la ligne d’arrivée située devant la tour du Portalet à Saint-Tropez à 15 heures 22 minutes et 18 secondes. Un record enregistré par Georges Korhel, directeur de course de la Société nautique de Saint-Tropez, précise le YCM dans son communiqué de presse.
D’une longueur de 21,2 mètres et d’une largeur de 16,8 mètres, Maserati, qui peut atteindre jusqu’à 40 noeuds de vitesse, a bénéficié de belles conditions météorologiques tout au long de l’épreuve avec 15 noeuds d’Est et des rafales à 25 noeuds au départ pour s’orienter Nord-Est par la suite.
« Je suis ravi de retrouver Giovanni. C’est toujours un plaisir de naviguer à ses côtés et de tester ce trimaran de 70 pieds qui sort tout juste de chantier. Nous avons enregistré des pointes à plus de 30 noeuds pendant cette navigation. C’est dommage que le vent ait faibli après Cannes. Je suis certain que Giovanni va pulvériser de nombreux nouveaux records à l’avenir », a commenté Pierre Casiraghi, qui a été reçu à terre par Sylvie Siri, maire de Saint-Tropez.
Le Multi 70 établit ainsi un nouveau record pour les multicoques, réservé jusqu’alors aux monocoques, et détenu par le norvégien Knut Frostad qui avait réalisé ce parcours en 3 heures 4 minutes et 40 secondes à bord de Nariida, un ketch de 32 m, le 20 octobre 1999, rappelle le Yacht-Club.
A trois mois de la décision du Comité international olympique de maintenir ou non la course au large au programme des Jeux olympiques de Paris-2024, la ministre déléguée aux Sports, Roxana Maracineanu, a rencontré le président du CIO Thomas Bach et lui a apporté des garanties sur la faisabilité de l’épreuve.
Le programme des épreuves de voile des JO de 2024, qui se disputeront à Marseille, a été validé en décembre dernier par le CIO et 9 des 10 séries proposées par la fédération internationale (World Sailing) ont été acceptées. Mais l’instance olympique a en revanche émis des réserves concernant la 10e épreuve, la course au large, épreuve mixte en double, disputée sur un quillard et sur 3 jours.
Le CIO doit se prononcer fin mai sur la présence ou non de cette course au large qui ferait alors ses grands débuts aux Jeux olympiques. Alors que les membres de World Sailing avaient voté à leur grande majorité en faveur de l’introduction de cette nouvelle épreuve, la Commission exécutive du CIO a exigé fin décembre plus de détails concernant les coûts, la protection (des personnes) et la sécurité (des athlètes) .
Sollicité notamment par la Fédération française de voile, le gouvernement français s’est mobilisé et la ministre déléguée aux Sports, Roxana Maracineanu, a profité, selon nos informations, d’une rencontre avec le président du CIO Thomas Bach, mi-février, à Lausanne, au siège de l’institution, pour lui apporter des garanties.
La vice-championne olympique en natation à Sydney a abordé le sujet à l’occasion de la signature d’une convention entre la France et le CIO confirmant le soutien français à la Fondation olympique pour les réfugiés. Durant cette visite, la ministre déléguée aux Sports a également abordé avec l’ancien escrimeur la question de la vaccination des sportifs dans la perspective des Jeux de Tokyo.
A cette occasion, selon nos informations, la ministre a rappelé au président Bach que la France disposait d’une large expérience en matière de course au large. Elle a insisté sur le fait que la sécurité de l’épreuve comme des concurrents ne posait pas de problèmes, du fait de l’expertise de la Préfecture maritime et des moyens mis en œuvre par la Marine nationale.
« Chacun a fait son travail pour montrer que les arguments avancés par les opposants à la course au large ne tiennent pas », a réagi Nicolas Hénard, président de la FFV, interrogé par Courseaularge.
Ce dernier s’est félicité « de la mobilisation de tous les acteurs, notamment au niveau gouvernemental ». Nicolas Hénard, qui dans le même temps poursuit sa campagne en vue de sa réélection à la tête de la FFV, a également expliqué que la Préfecture maritime «a fait son travail » et que « le déploiement du réseau a porté ses fruits ».
De son côté, M. Hénard a adressé mi-janvier un courrier à l’ensemble des fédérations membres de World Sailing, leur demandant de peser sur leurs membres respectifs du CIO pour convaincre du bien-fondé de l’ajout de la course au large au programme olympique, à même de lui apporter « un nouveau souffle ».
« L’épreuve mixte de course au large est parfaitement en ligne avec la mission et la vision du CIO », insistait M. Hénard, dans cette lettre.
Cette course offrira de la « diversité » car outre les séries traditionnelles, « la communauté de la course au large, la plus large au monde, sera représentée pour la première fois aux Jeux olympiques ». Elle apportera également de la « modernité et de l’attractivité » et de la « visibilité » grâce à une couverture média « sans précédent », ajoutait-il.
Une autre question a été soulevée par le CIO et sa filiale OBS (Olympic broadcasting service), concernant la production des images de la course au large. Pour le patron de la FFV, « là aussi, la France a montré son savoir-faire et il suffirait à OBS de sous-traiter à une société habituée à ce genre de couverture », comme celles ayant notamment couvert le Vendée Globe.
Interrogé par Courseaularge, le CIO confirme que la décision finale sur la présence de la course au large sera prise « le 31 mai ».
Le programme olympique, précise le CIO, est développé «en consultation étroite avec le Comité d’organisation de Paris-2024, les fédérations internationales, les Comités nationaux olympiques et les sportifs » et est « finalisé par la Commission exécutive, après recommandation de la Commission du programme olympique ».
Présidée par l’Autrichien Karl Stoss, cette commission composée d’une vingtaine de personnes, dont une dizaine de membres du CIO, ne comprend aucun Français ni aucun membre de World Sailing. Parmi les membres du CIO présents ont trouve par exemple l’ancien rugbyman roumain Octavian Morariu, le président du Comité olympique italien Giovanni Malago ou encore le Britannique Craig Reedie, ancien président de l’Agence mondiale antidopage (AMA).
Interrogée sur un possible agenda de réunions avec le CIO et Paris-2024, World Sailing a indiqué de son côté qu’elle n’avait «aucune information à communiquer ».
Quant à Thomas Bach, qui a été réélu mercredi pour 4 ans à la présidence du CIO, il a d’autres dossiers plus sensibles à régler dans l’immédiat, dont l’organisation des JO de Tokyo l’été prochain, toujours menacés par la pandémie de coronavirus.
Après trois mois de chantier pour un refit complet et l’optimisation de son étrave, le Class40 Lamotte – Module Création a retrouvé son élément aujourd’hui à la Trinité-sur-mer.
“C’est vraiment une satisfaction de voir le Class40 à nouveau à l’eau ! La journée s’est bien passée. Même si le beau temps n’était pas vraiment au rendez-vous, nous avons pu mettre à l’eau et mâter le bateau. Nous allons dans les jours qui viennent le ré-armer, regréer les voiles et finaliser la remise en route. Enfin nous pourrons naviguer et aller voir ce que donne cette nouvelle étrave ! J’ai hâte. Nous prévoyons de convoyer dès la semaine prochaine à Lorient pour participer aux entraînements avec le coach Tanguy Leglatin.” déclare Luke Berry.
“Je remercie Charlie Capelle et l’équipe de Technologies Marine qui ont réalisé les travaux de l’étrave et nous ont accueillis jusqu’à la sortie de chantier ce matin, Ludovic Méchin et Clément Bouyssou qui travaillent avec moi à la remise à l’eau depuis déjà quelques semaine, notre partenaire les Transports Gicquel toujours présent pour mettre à disposition l’un de ses camions, l’équipe de production Valiseo, qui a suivi tout le chantier : de la découpe de l’étrave à la remise à l’eau, c’est le début d’une belle collaboration ! La vidéo finale est en préparation. Enfin je remercie tous les partenaires du projet pour leur soutien. La saison 2021 promet d’être encore très riche ! “
Tour Voile 2019, acte de Port Barcarès, le 16 juillet 2019.
Photo : Jean-Marie LIOT / ASO
Le Tour Voile et son devenir a agité le milieu nautique depuis plusieurs mois pour trouver une solution aux nombreux équipages de Diam qui étaient privés de Tour depuis 2020 après l’annulation par ASO en 2020 et renonçait en 2021.
C’est un projet collectif et fédérateur qui va permettre au Tour Voile de s’élancer de nouveau. L’une des plus anciennes épreuves de la voile française qui a fait éclore de nombreuses pépites de la course au large mais aussi de grands spécialistes de la régate au contact va se présenter en juillet prochain sous un nouveau profil pour sa 44e édition. La FFVoile, la classe Diam 24 od et l’ensemble des équipages de l’épreuve estivale soutiennent l’engagement de Normandie Événements qui a proposé une vision renouvelée pour le Tour Voile.
L’épreuve est rallongée pour aller au contact d’un public plus large et permettre aux marins d’animer un grand nombre de territoires. Ainsi, le Tour Voile préserve l’essence même de ce qui a fait sa réputation : une régate de haut niveau soutenue par les régions et les départements français.
Le nouvel organisateur, Normandie Événements, s’engage pour les quatre prochaines années à proposer un événement convivial et partagé avec le public. Pour Thibault Parent, nouveau directeur du Tour Voile, l’événement doit dépasser le stade du sportif pour convaincre et séduire le grand public. « Nous sommes bien évidemment en phase de construction. C’est un défi ambitieux que de faire naître cette édition 2021 en cinq mois seulement. Mais plusieurs territoires sont engagés à nos côtés pour la réussite du projet et pour pouvoir permettre aux marins amateurs comme professionnels de continuer à s’affronter sur cette épreuve qui constitue une référence exceptionnelle. Nous échangeons aussi beaucoup avec la communauté Diam 24 od et sommes bien entourés avec Francis Le Goff et toute son équipe de la Ligue de Voile de Normandie. Ensemble, nous souhaitons proposer un Tour Voile relevé sur le plan sportif et convivial pour le public avec un village résolument ouvert à tous et au cœur de la vie estivale des territoires. Nous souhaitons aussi penser l’événement en connexion totale avec les enjeux sociétaux et environnementaux. Dès cet été, le Tour Voile s’engagera à minimiser son impact sur l’environnement avec des pratiques responsables que nous souhaitons partager avec tous : les équipages, nos partenaires, les villes mais aussi le public ». Plus que jamais, le Tour Voile va s’ancrer dans les territoires et mener une politique RSE en déployant des actions visant à soutenir l’expertise et le savoir-faire des acteurs locaux de l’économie sociale et solidaire.
« Après huit ans à la barre du Tour Voile, A.S.O. se réjouit de voir Normandie Événements assurer la continuité de cette épreuve emblématique de la voile française », déclare Amaury Sport Organisation qui avait été contrainte d’annuler l’édition 2020 en raison de la situation sanitaire.
Contraint d’annuler l’édition 2020 en raison de la situation sanitaire, A.S.O. a reçu dès lors les offres de plusieurs porteurs de projets qui se sont manifestés spontanément avec l’ambition d’assurer une continuité d’organisation du Tour Voile. A l’écoute de cet élan positif, et soucieuse de donner les meilleures chances de pérennisation à l’une des épreuves majeures de la Voile française, A.S.O. a accepté d’étudier ces différents projets, et de finalement concéder à Normandie Événements le droit d’organiser le Tour Voile.
Le Tour Voile se disputera toujours en Diam 24 od, bateau officiel depuis 2015. Ces trimarans solides et spectaculaires ont désormais fait leurs preuves le long du littoral français et vont franchir une nouvelle marche avec la relance d’étapes de ralliement (six sont actuellement à l’étude pour le parcours 2021). Cette évolution, soutenue par la FFVoile, la classe Diam 24 od et les équipages, répond à la demande régulière de voir le Tour Voile redevenir un lieu d’expression au large pour les marins professionnels et amateurs et une épreuve attractive pour les projets étudiants. Entre huit et dix étapes permettront aux équipages de s’affronter sur un format unique rassemblant les trois disciplines de la voile sportive : course au large, course en flotte et duels sous forme de match race pour la super finale. Le coup d’envoi du Tour Voile 2021 sera donné le 2 juillet pour une arrivée jugée le 24 juillet.
« Nous sommes très heureux du soutien reçu pour notre vision du Tour Voile 2021. Nous mesurons à quel point cette épreuve est un monument et le fort attachement de l’ensemble de la communauté de la course au large mais aussi des villes, départements ou régions pour le Tour Voile. C’est un vrai défi de relancer l’épreuve dans le contexte actuel mais nous sommes certains que notre expérience dans l’organisation d’événements va nous permettre de proposer une très belle édition 2021. Je tiens à remercier les équipes d’A.S.O. pour leur confiance, la FFVoile, la classe Diam 24 od et bien sûr la Ligue de Voile de Normandie qui constitue pour nous un réel gage de légitimité » explique Benjamin Dero, Président de Normandie Événements.
#EN# LES SABLES D’OLONNE, FRANCE - MARCH 05 : Skipper Ari Huusela (FIN), STARK, is pictured celebrating with flares in the channel during arrival of the Vendee Globe sailing race, on March 05, 2021. (Photo by Olivier Blanchet/Alea)
#FR# LES SABLES D’OLONNE, FRANCE - 05 MARS : Le skipper Ari Huusela (FIN), STARK, est photographié célébrant aux feux à main dans le chenal pendant son arrivée dans la course du Vendee Globe, le 05 Mars 2021. (Photo Olivier Blanchet/Alea)
Ari Huusela a franchi la ligne d’arrivée des Sables-d’Olonne ce vendredi 5 mars à 08 heures 35 minutes après 116 jours, 18 heures, 15 minutes et 46 secondes de course autour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance, à la 25e place, 36j 14h, 31 min après le vainqueur. Le skipper de Stark avait pour ambition d’être le premier Finlandais à boucler le Vendée Globe, c’est fait ! Avec l’arrivée de « Super Happy Ari » se ferme la ligne d’arrivée de ce 9e Vendée Globe.
Après avoir longé l’île d’Yeu, peut-être bien pour un dernier plaisir à la conclusion de son dernier bord par le nord du golfe de Gascogne, Ari Huusela s’est présenté sur la ligne d’arrivée ce vendredi matin, un tout petit peu plus tôt qu’il l’imaginait. On salue toujours le chef de bord quand l’avion rejoint le tarmac plus tôt qu’annoncé…
Il faisait beau, frais, et un simple et joyeux cortège a accompagné le skipper jusqu’à la ligne d’arrivée, où le Finlandais a craqué ses premiers feux de joie, l’émotion affleurant.
Le contrat que le pilote de ligne avait passé avec lui-même, ainsi que ceux qui l’ont entouré, était clair : il se devait d’aller au bout de ce tour du monde, parce qu’il était clair, avant le départ, qu’il ne s’accorderait qu’une chance de tenter l’aventure.
Ingénieur aéronautique devenu pilote de ligne, passionné de course au large depuis sa première traversée de l’Atlantique en Mini650 en 1999, Ari Huusela est devenu le premier skipper d’une nation scandinave à terminer le Vendée Globe. Sa 25e place importe infiniment moins que son statut de « finisher », et peu importe que les jours aient pu paraître longs parfois, le Finlandais mérite qu’on universalise le surnom qu’il s’est attribué : « Super Happy Ari ». Au pire, au plus fort de la déprime, lorsque les galères se sont amoncelées sur son bateau, a-t-il concédé qu’il n’était que « happy ». « Je ne suis pas du tout soucieux du fait d’être dernier, disait-il encore il y a quelques jours. Je suis juste super content d’être dans la course et d’être là où je suis. Je savais que je serais loin des autres, et l’essentiel était de terminer, avec un bateau solide et qui reviendrait en bon état ».
Très longtemps au contact d’Alexia Barrier (TSE-4MyPlanet), le pilote n’a perdu contact avec la défenderesse de la terre que lors des quinze derniers jours quand, entrée la première dans la zone de hautes pressions du sud des Açores, la 6e navigatrice à finir un tour du monde cette année en solitaire a creusé l’écart, Stark restant encalminé dans l’ouest de l’anticyclone.
Quelques moments de son épopée le marqueront peut-être plus que d’autres. L’épouvantable orage sous lequel il s’est enferré dans le pot au noir, à l’aller ; la traversée vers l’Afrique du Sud, sous grande voile d’avant et au contact de Clément Giraud et Sébastien Destremau ; le méchant système dépressionnaire qui le secoue au cap Leeuwin et lui fait affronter plus que la limite qu’il s’était autorisé à défier : 30 nœuds de vent, et les routages calés sur cette limite pour ne pas abîmer le bateau ; la tempête à l’ouest du cap Horn, qui lui fit essuyer des vents de 40 à 50 nœuds, loin de sa zone de confort – mais qui est réellement dans le confort, au cap Horn ?
Le point d’orgue d’un amour du large
Finir ce Vendée Globe, c’est pour le pilote de ligne le point d’orgue d’une carrière au large entamée en Mini à la fin des années 90. En 1999, sur un 650 dessiné par son compatriote Kamu Strahlmann (ministe en 1997), Ari s’était classé 13e, juste derrière un certain Yannick Bestaven. Plus tard, il a racheté l’ancien Aberdeen Asset Management, conçu par Andrew Cape, mené par Sam Davies lors de la Mini en 2001, pour une 11e place. Privé, pour des raisons qu’il ne comprend toujours pas, de l’édition 2003, Huusela a vendu le bateau à Isabelle Joschke et l’a aidée à prendre le départ. Après une nouvelle Mini en 2007, après avoir également régaté en F18, il a pris le départ de la Route du Rhum sur un Pogo40 dans la classe Rhum, et a pris la 9e place. Restait à conquérir le Vendée Globe, sur le plan Owen Clarke qui eut pour premières couleurs cette de Aviva et pour skipper Dee Caffari (2008-2009). Il y a deux ans, enfin, Ari Huusela faisait équipe avec Mikey Ferguson sur la Transat Jacques Vabre (26e), pour prendre le temps de comprendre le bateau et d’en dominer l’essentiel.
Son aventure aura connu une résonnance épatante. En Finlande, porté par son partenaire, Stark, avec lequel il a emporté trois prix de sponsoring, Ari Huusela a peut-être suscité d’autres vocations. Une de ses plus belles victoires, sans doute, pour ce marin de 58 ans devenu un héros dans son pays. Une Stark est née !
Les 12 et 13 mars 2021, Virtual Nautic offrira à ses visiteurs une expérience inédite et gratuite dans un environnement reproduisant les conditions d’un salon physique. Sous forme d’avatars, ils pourront échanger oralement avec plus de 1000 professionnels du nautisme et des loisirs, découvrir les produits et services des 150 exposants mais aussi la richesse de l’offre nautique française à travers la trentaine de destinations présentes. Au-delà de la partie exposition, Virtual Nautic propose aussi en libre accès, aux visiteurs comme aux professionnels, une série d’ateliers et de conférences qui se dérouleront dans l’auditorium du salon durant les deux jours. L’ensemble de ces séquences sera par ailleurs diffusé en live sur la chaine YouTube de Virtual Nautic.
« Virtual Nautic permet de retrouver un espace d’échanges. Ces Rencontres mêlent à la fois des ateliers pour les professionnels, des réponses à des questions pratiques des plaisanciers et pratiquants, mais aussi des réflexions inspirantes sur des thématiques prospectives, ou économiques, liées au nautisme et au tourisme. Toujours dans un format court (entre 10 minutes et 1h), ces séquences couvrent un large spectre de sujets où chacun pourra y trouver son intérêt », annonce la Fédération des Industries Nautiques (FIN).
La FIN s’est associée avec L’ADN média, premier média en ligne sur les secteurs de la communication, du marketing et de l’innovation en France, pour proposer dans ce cadre trois conférences de prospective, qui exploreront les tendances en termes d’innovations technologiques, d’usages mais aussi d’accès à la mer dans le contexte environnemental actuel.
Les Rencontres abriteront également la finale du concours innovation. Sur 50 dossiers reçus par la FIN, une quinzaine d’entre eux seront présentés le samedi 13 mars à 15h. Les finalistes auront 3 minutes pour présenter leur produit ou leur service devant un jury d’experts et de personnalités, qui décernera les prix à l’issue de la session de pitchs. Les lauréats bénéficieront notamment d’un stand d’exposition lors du prochain Nautic de Paris en décembre 2021. L’intégralité du programme est consultable en cliquant sur ce lien : https://www.virtualnautic.com/evenements/rencontres-de-virtual-nautic.htm Rappel : pour accéder à Virtual Nautic et donc aux Rencontres, l’inscription est gratuite mais obligatoire : https://www.virtualnautic.com/virtual-nautic/inscription.htm
Lorient sera la ville de départ de The Ocean Race Europe pour la flotte des IMOCA ainsi que des VO65, qui mettront le cap au sud, en traversant le Golfe de Gascogne. Ce sera la première course sous les couleurs de The Ocean Race pour les monocoques IMOCA, et une première étape sur la route de l’édition 2022-23 de The Ocean Race pour les monotypes de la classe VO65.
« Lorient a été une partie importante de l’histoire de The Ocean Race, et un stopover très apprécié en 2011-12 puis en 2014-15, » déclare Johan Salén, le Directeur Général de The Ocean Race.
« À présent, Lorient devient la ville de départ pour un nouvel évènement faisant le tour de l’Europe, c’est une nouvelle et excitante histoire qui commence. Nous allons courir depuis le cœur de la ‘French Sailing Valley’ vers le cœur de l’Europe, offrant ainsi une plateforme extraordinaire pour notre sport, tout en menant le changement pour une planète en bonne santé au fil du parcours. »
The Ocean Race Europe rassemble les meilleurs marins internationaux, répartis dans les deux classes de bateaux qui participeront à la prochaine course autour du monde, les VO65 ainsi que les IMOCA.
Les deux flottes navigueront en équipage sur plusieurs étapes ralliant des villes européennes iconiques, depuis l’Océan Atlantique vers la mer Méditerranée, avec une arrivée à Gênes, en Italie, la troisième semaine de juin.
Le départ de Lorient sera donné au cours du dernier week-end de mai.
« Lorient La Base est fière d’accueillir le départ de The Ocean Race Europe. Avec sa cinquantaine d’entreprises locales liées à la course au large, Lorient Agglomération est un territoire d’excellence nautique reconnu au niveau européen,» déclare Fabrice Loher, Maire de Lorient et Président de Lorient Agglomération.
« Lorient La Base réunit tous les atouts d’un écosystème consolidé pour accompagner les grandes écuries de voile. C’est pour cela que les plus grands skippers ont choisi Lorient La Base comme port d’attache. Le départ de The Ocean Race Europe est une nouvelle étape pour conforter le positionnement du site comme port d’accueil de grandes courses de voile océaniques. »
En tant que port d’attache de beaucoup d’IMOCA, Lorient La Base est bien positionnée pour accueillir les bateaux de course et leurs équipes en amont du départ de The Ocean Race Europe. La flotte se rassemblera à Lorient La Base avant le départ à partir du 28 mai.
Avant son arrivée en Bretagne, la flotte des VO65 prendra part au prologue de The Ocean Race Europe, qui commencera en mer Baltique début mai, et se dirigera vers Lorient La Base à la fin du mois, aux côtés de la flotte des IMOCA. Les organisateurs de The Ocean Race Europe priorisent la santé et la sécurité de tous les compétiteurs et partenaires, et suivront les règles et conseils liés au Covid-19.
#EN# LES SABLES D’OLONNE, FRANCE - FEBRUARY 28: Skipper Alexia Barrier (FRA), TSE - 4myPlanet, is pictured celebrating with flares in the channel during arrival of the Vendee Globe sailing race, on February 28, 2021. (Photo by Yvan Zedda/Alea)
#FR# LES SABLES D’OLONNE, FRANCE - 28 FEVRIER: La skipper Alexia Barrier, TSE - 4myPlanet, est photographiée célébrant aux feux à main dans le chenal pendant son arrivée dans la course du Vendee Globe, le 28 Février 2021. (Photo Yvan Zedda/Alea)
Alexia Barrier a franchi la ligne d’arrivée des Sables d’Olonne ce dimanche 28 février à 07 heures 23 minutes et 44 secondes (heure française), après 111 jours, 17 heures, 03 minutes de course autour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance. La skipper de TSE-4myplanet termine son premier Vendée Globe à la 24e place, sur le plus vieux bateau de flotte, en ayant fait preuve d’une grande ténacité. La combattivité de la méditerranéenne n’a eu d’égal que son enthousiasme de tous les instants.
Conçu par Marc Lombard pour le Vendée Globe 2000 de Catherine Chabaud c’est sur « le Pingouin » – qui a déjà parcouru six fois le tour du monde – qu’Alexia Barrier s’élance sur son premier Vendée Globe. TSE, acteur français de l’énergie solaire s’engage à ses côtés en septembre. S’annonce alors une course contre la montre pour préparer l’IMOCA nommé TSE – 4myplanet et s’aligner sur le départ de cette 9e édition. Au-delà du défi que représente cette course mythique, la navigatrice s’engage pour soutenir la recherche scientifique et sensibiliser le grand public à l’importance qu’occupent les sciences océaniques dans la protection des mers et l’utilisation durable des ressources marines.
Dans le cadre d’un partenariat signé entre la Classe IMOCA et la Commission Océanographique Intergouvernementale (COI) de l’UNESCO, Alexia embarque à son bord un thermosalinographe, un mini laboratoire qui lui permet de récolter des données de température, salinité et CO2 tout au long du parcours. Elle déploie également une bouée Météo France et un flotteur ARGO.
Avec une détermination sans faille, la navigatrice prend rapidement le rythme de la course. Peu importe les conditions toniques du début du parcours, Alexia garde la pêche ! Bien qu’il faille « charbonner pour gagner un nœud » elle semble très vite en parfait accord avec son vieux bateau : « il me demande beaucoup de réglages, mais j’ai mes sensations, et je l’adore mon Pingouin ! Au lendemain de son passage de l’Équateur, le 26 novembre, Alexia fête ses 41 ans « Il n’y a pas plus bel anniversaire qu’un anniversaire passé en mer ».
Les mers du Sud, une première
Avant son départ, la navigatrice déclarait, à propos du grand Sud « Je ne m’en fais pas un monde, j’attends d’être sur place pour vivre le moment présent. On ne peut prévoir ce qui nous attend ». Et à l’approche des quarantièmes, on sent une légère appréhension « Je suis contente qu’il y ait du monde à côté, ça me réconforte. On est concurrent, mais on prend soin les uns des autres. J’espère qu’on va rester groupés ». C’est aussi cet esprit qui anime sa course. Mi-décembre, alors qu’Alexia navigue au Sud de l’Australie, elle déclare « J’ai le smile, je commence à m’habituer aux conditions ».
Mais pour Noël, Alexia reçoit un cadeau dont elle se serait bien passée : sa poulie de bastaque tribord explose : « Le mât est parti vers l’avant et j’ai cru que c’était fini. J’ai tout de suite roulé mon J2 et j’ai empanné : j’ai eu super peur ! » Pour vérifier les éventuels dommages, la navigatrice fait preuve d’ingéniosité et bricole un système pour faire grimper sa Go Pro au mât. Quelques jours plus tard, elle relativise avec ironie « Je suis heureuse d’être là, tout se passe relativement bien et il y a des choses bien plus graves dans la vie que de casser une poulie ». La skipper de TSE-4myplanet n’est pas au bout de ses peines puisqu’elle s’apprête à vivre 10 jours particulièrement compliqués à l’approche du cap Horn, des jours qu’elle qualifie « d’intenses et violents ». Mais malgré tout, elle continue de s’extasier sur l’aventure qu’elle vit « Le cap Horn, ça se mérite… Et le Grand Sud, c’est quelque chose à vivre : il y a des lumières, des nuages, des levers et couchers de soleil absolument fantastiques ! ». Même dans les pires conditions, elle avance avec persévérance et bonne humeur « J’essaye de me faire une raison, je passe les problèmes en essayant de garder le sourire. Il ne faut pas rester sous un nuage gris, il faut choper la petite éclaircie et s’y accrocher jusqu’à la prochaine emmerde ! ». Pour cela, elle peut aussi compter sur les petits mots et photos qu’elle trouve dans ses sacs de nourriture durant toute cette période. « J’ai plein de post-it bleus et rosse avec des mots d’encouragement. J’avais préparé 50 photos, j’en tire une au sort chaque jour, ça me donne le sourire. Ce sont des photos de proches, des photos de bateaux, de mon Mini, des photos plus artistiques, une photo de SOS méditerranée… ». Sur toute sa course, Alexia ne cesse de répéter que disputer un Vendée Globe est une chance.
Coup du sort
Après le cap Horn, cette délivrance, la remontée de l’Atlantique s’annonce plus sereine, avec un pot au noir relativement clément : « J’ai eu 36 heures avec des grains qui m’ont mené la vie dure ». Mais voilà, le 15 février, à un peu plus d’une dizaine de jours de l’arrivée aux Sables d’Olonne, la navigatrice fait une violente chute et se fait mal au dos. Elle devra se battre avec cette douleur intense jusqu’au bout, mais fidèle à elle-même, Alexia s’obstine jusqu’à atteindre son objectif : clôturer cette boucle planétaire, la tête haute « Je ne suis pas déprimée, j’aurai bientôt bouclé mon Vendée Globe et c’est tout ce qui compte. » déclare-t-elle à quelques jours de l’arrivée.
À la question « Quelle est ta principale qualité ? », posée avant le départ, Alexia avait répondu sans hésiter « la combativité ». Elle l’a prouvé tout au long de son parcours autour du monde.
#EN# LES SABLES D’OLONNE, FRANCE – FEBRUARY 28: Skipper Alexia Barrier (FRA), TSE – 4myPlanet, is pictured celebrating with penguin during arrival of the Vendee Globe sailing race, on February 28, 2021. (Photo by Jean-Louis Carli/Alea)
#FR# LES SABLES D’OLONNE, FRANCE – 28 FEVRIER: La skipper Alexia Barrier, TSE – 4myPlanet, est photographiée célébrant avec son pingouin pendant son arrivée dans la course du Vendee Globe, le 28 Février 2021. (Photo Jean-Louis Carli/Alea)
« Je pense que je ne réalise pas encore très bien. Tant que tu n’as pas passé la ligne, il peut encore se passer des trucs. Comme ma chute bêtement il y a plus d’une semaine (lorsqu’elle s’est blessée au dos, ndlr)… »
A propos de la course avant la course
« On a bien galéré pour monter le projet. On a pu changer la quille un mois avant le départ. Ce tour du monde, je l’ai bouclé grâce à une équipe incroyable, des partenaires formidables et aussi grâce au Pingouin (ndlr, le nom de son bateau), construit pour Catherine (Chabaud) qui est là. Il a 22 ans, on va le mettre à la retraite ! Il fera toujours des courses au large mais peut-être plus de Vendée Globe. Ce que je retiens de cette course, c’est que rien n’est impossible ».
A propos des femmes dans le Vendée Globe
« Cette année nous étions 6 femmes au départ, et 6 à l’arrivée, en course ou hors course, peu importe. J’ai trouvé cela hyper courageux de la part d’Isa (Joschke) et de Sam (Davies) de repartir hors course. Il faut que ce soit quelque chose de normal d’avoir plus de femmes sur le Vendée Globe. Quand on voit que Clarisse (Crémer) bat le record d’Ellen MacArthur cette année, c’est super pour elle, mais quelle honte de voir que ça a pris autant de temps d’avoir des budgets et des projets qui nous donnent cette opportunité. C’est inspirant pour toutes les petites filles, qui veulent faire de la voile ou autre chose. Il n’y a pas d’histoire de genre, c’est une histoire de détermination et de travail ! »
A peine arrivée… elle veut repartir
« Je savais que ça allait être très dur ce Vendée Globe avec ce vieux bateau. Je navigue plutôt à haut niveau d’habitude, et là je partais sur un projet aventure. Faire le Vendée Globe c’est la réalisation d’un rêve de petite fille, même si je n’y allais pas pour le gagner. Terminer était un objectif, j’avais d’autres challenges. L’environnement, l’éducation… C’était d’autres moyens d’être combative ! Souvent pendant la course, je me demandais ce qui se serait passé si j’avais eu un bateau plus performant. Quand le premier a franchi la ligne, je me suis demandé quel bateau je voudrais avoir pour le prochain Vendée Globe et… J’ai ma petite idée !
Je voudrais repartir sur un projet compétitif sans lâcher mes valeurs. Je voudrais quand même raconter autre chose en plus de la compétition ».
A propos de ce qu’elle a appris pendant son tour du monde
« J’ai perdu complètement la notion du temps pendant la course. J’ai l’impression d’être partie hier et en même temps j’ai l’impression d’avoir passé toute ma vie sur l’eau. C’est un voyage assez spécial, de ne voir personne et de ne pas voir la terre pendant si longtemps.
C’est la course la plus extrême. Tu te rends compte que ton corps et ton esprit sont capables de faire des choses incroyables. Tu repousses tes limites et puis tu vis en complète harmonie avec la nature. Les oiseaux, dans le grand sud, ils sont peinards ! Ça m’a remis un peu en place par rapport à ma place sur cette planète ».
Question de Jean Pierre Dick : quand ce projet de Vendée Globe est-il né dans ta tête ?
« C’était lors du premier Vendée Globe que j’ai suivi à la télé, j’avais 10 ans. Mais je n’en parlais à personne car quand je disais que je voulais être pro en basket on me disait que j’étais trop petite, alors faire un Vendée Globe… On m’aurait certainement dit “c’est n’importe quoi”. Au fil de ma carrière ça m’a semblé une évidence, cette course allait faire partie de mon parcours. Je me souviens que tu m’avais dit, après ton Vendée Globe qu’il fallait vraiment le vouloir pour participer à cette course. Et bien je n’ai jamais eu de doute sur le fait que je voulais y participer à 200%. »
Question de Catherine Chabaud : comment as-tu vécu ce qui est arrivé à Kevin Escoffier ?
“Sur le coup, j’étais carrément en état de choc. Je me suis dit, soit je panique et je perds mon énergie à paniquer, soit je me reprends. J’ai passé la nuit à crier “Kevin tiens bon”, même si je savais que je ne pouvais rien faire. Une fois qu’il a été récupéré, 24h après, j’ai appelé un ami qui m’aide en préparation mentale et ça m’a beaucoup aidé”.
Question de Catherine Chabaud :tu as bricolé ton hydrogénérateur, peux-tu nous raconter cet épisode ?
« Comme j’avais peu de budget, on a installé des panneaux solaires un peu à la va-vite et ils n’étaient pas super efficaces. J’ai fait une boulette avec le gasoil alors très vite je n’en avais plus. J’avais donc absolument besoin de mon hydrogénérateur et il s’arrachait du tableau arrière. Quand tu n’as plus de batterie, plus d’énergie, tu ne peux plus naviguer. J’ai bricolé et c’était intéressant de voir que j’étais capable de réparer des choses comme ça!
Et quand j’ai failli démâter, le mât s’est plié à 90° ça m’a paru fou. J’ai mesuré la chance que j’avais d’être encore en course ».
Le fait de communiquer sur Whatsapp avec les autres concurrents, qu’est-ce que cela a changé pour toi ?
« C’était une première pour moi ces groupes Whatsapp, car sur les courses précédentes, je n’avais de toute façon pas le budget suffisant. Les moyens technologiques se sont améliorés et c’est devenu abordable. C’est important sur des phases de la course de pouvoir se parler, on se sent moins seul. C’est Boris (Herrmann) qui a initié le groupe Whatsapp des skippers. On pouvait échanger sur nos avaries, ça a permis de garder un lien. Il y avait énormément de bienveillance entre nous. On avait aussi un petit groupe entre filles, c’est Sam (Davies) qui l’a initié. Ça permettait de faire d’autres blagues que celles des garçons ! Sophie, qui a réalisé mon avitaillement, avait planqué un calendrier du XV de France à bord… Fini les filles en string, on veut des mecs à poil, sans poil (rires) ! »
Ton moteur, c’est l’optimisme ?
« Je prends toujours les choses du bon côté. Quand tu as décidé d’être forte et de croire que ça va marcher, ça fonctionne. Quand tu pars sur le Vendée Globe, tu sais que c’est une emmerde par jour. Tu sais que tu vas en baver, donc il vaut mieux en rire car il faut avancer. J’ai essayé de pleurer, ça ne résout pas les problèmes ! Il fallait les prendre à bras le corps ».
Quel est ton programme dans les semaines à venir ?
« Je vais commencer par aller faire des examens pour mon dos… Je commence par là mais si je m’écoutais, je ferais autre chose. Ensuite je vais me remettre à la prépa physique, faire du Moth à foil et faire du shopping, acheter un nouvel IMOCA, et regarder le programme des courses jusqu’en 2025 (rires) !
#EN# LES SABLES D’OLONNE, FRANCE - FEBRUARY 26: Skipper Sam Davies (GBR), Initiatives Coeur, is pictured with her team during arrival after retiring from the Vendee Globe sailing race, on February 26, 2021. (Photo by Vincent Curutchet/Alea)
#FR# LES SABLES D’OLONNE, FRANCE - 26 FEVRIER: La skipper Sam Davies, Initiatives Coeur, est photographiée avec son équipe pendant son arrivée après avoir du abandonner la course du Vendee Globe, le 26 Février 2021. (Photo Vincent Curutchet/Alea)
La navigatrice britannique est arrivée ce vendredi 26 février après-midi aux Sables d’Olonne après un tour du monde en solitaire qu’elle avait à cœur de boucler, même hors course. Après avoir été contrainte à l’abandon le 5 décembre au large de Cape Town suite à un choc avec un OFNI ayant entraîné des dommages structurels autour de la quille de son bateau.
Elle avait le potentiel pour terminer sur le podium. À 46 ans et forte de son immense expérience au large, Sam était en grande forme et caracolait à 20 nœuds de moyenne dans le peloton des chasseurs, cette nuit du 2 au 3 décembre, lorsque son bateau percute un OFNI. Son IMOCA s’arrête net, l’impact est important. Elle est projetée à l’intérieur de son bateau et se blesse aux côtes.
La déception est immense, à la hauteur de son engagement dans cette campagne de 4 ans, pour son 3e Vendée Globe. Pourtant, lorsqu’elle arrive sous le soleil, dans la baie de Cape Town, sa décision est prise : si les réparations sont réalisables, elle repartira en mer.
« Dans ma tête, la course était finie. Il fallait que j’arrête, que j’abandonne. Je me voyais déjà rentrer à la maison, mettre une robe et aller chercher Ruben à l’école, me remettre à la cuisine » raconte-t-elle à des journalistes sud-africains. « J’ai passé 24h à me répéter que j’allais m’arrêter, et puis j’ai changé d’avis. »
Nouveau départ hors-course
« C’est évident. Terminer la course, c’est donner tout son sens au projet Initiatives-Cœur. C’est un projet Solidaire, il m’a apporté la force et l’énergie de continuer ». Pour réparer son bateau, son équipe technique va travailler jour et nuit, épaulée par une bande de marins locaux. Le 14 décembre, Sam reprend la mer pour ce qui va peut-être devenir un de ses plus gros challenges personnels en 20 ans de carrière.
« C’est une nouvelle aventure. Je ne suis pas habituée à naviguer en solo comme ça. Je suis super contente de repartir. Je vois où sont les autres concurrents mais je ne vais pas me mettre la pression pour rattraper qui que ce soit. »
Dès lors, elle va naviguer prudemment et profiter de ce nouveau challenge, conservant sa motivation, même dans les moments difficiles. Lorsqu’elle reprend la mer dans l’océan Indien, elle est 800 milles derrière Sébastien Destremau et Ari Huusela. Elle retrouve Ari et Alexia dans le Pacifique et passe le cap Horn le 25 janvier. Au large des côtes brésiliennes, elle retrouve sa concurrente et amie Isabelle Joschke qui reprend elle aussi son périple hors course. Solidaire, le duo va s’accompagner et rester en contact pendant toute la remontée de l’Atlantique. Une manière aussi d’assurer mutuellement leur sécurité. Car Sam n’est pas au bout de ses peines. Le 11 février, dans les alizés de l’Atlantique Nord, l’étai de J2 d’Initiatives-Cœur casse. La navigatrice britannique sauve de justesse son gréement et progressera dès lors à vitesse réduite.
En bouclant la boucle comme Isabelle Joschke mercredi, Sam Davies a remporté une victoire personnelle. Elle termine ainsi son 3e tour du monde, une manière de chasser les fantômes de cette édition qui ne l’auront pas épargnée. Elle qui adore être sur l’eau, aura su profiter de cette expérience. « Je me suis toujours promise que si je me réveillais un matin en me disant que je n’avais pas envie d’aller naviguer, en me plaignant ou en me disant que je fais ça pour gagner de l’argent, alors, j’arrêterais et je ferais autre chose. J’aime tellement naviguer. Je veux que cela reste toujours un plaisir » déclarait-elle avant le départ de cette 9e édition.
#EN# LES SABLES D’OLONNE, FRANCE – FEBRUARY 26: Skipper Sam Davies (GBR), Initiatives Coeur, is pictured celebrating in the channel during arrival after retiring from the Vendee Globe sailing race, on February 26, 2021. (Photo by Jean-Louis Carli/Alea)
#FR# LES SABLES D’OLONNE, FRANCE – 26 FEVRIER: La skipper Sam Davies, Initiatives Coeur, est photographiée célébrant dans le chenal pendant son arrivée après avoir du abandonner la course du Vendee Globe, le 26 Février 2021. (Photo Jean-Louis Carli/Alea)
Rétrospective du projet
Avec le projet Initiatives-Cœur, à bord de l’ancien Maître CoQ de Jérémie Beyou (et ex Banque Populaire VII d’Armel Le Cléac’h), un plan VPLP-Verdier de 2010 initialement conçu pour Michel Desjoyeaux, Sam Davies a réalisé une campagne exceptionnelle. Quatrième de la Vendée-Arctique-Les Sables d’Olonne 2020, 7e de la Transat Jacques Vabre 2019, 4e de la Bermudes 1000 Race et vainqueur de la Drheam Cup… elle prend donc le départ de ce 9e Vendée Globe avec l’étiquette de dangereuse outsider : Sam est l’une des meilleures navigatrices du moment. Depuis sa première Mini Transat il y a 20 ans, elle a engrangé une expérience considérable en course à travers les océans : 25 transatlantiques, une 4e place dans le Vendée Globe 2008-9, 6e de la Volvo Ocean Race en tant que skipper de l’équipage féminin SCA…
Et Sam, c’est aussi une tête bien faite, diplômée en ingénierie mécanique du St Johns Collège de Cambridge, une formation qui lui permet de s’investir pleinement dans les décisions techniques et l’optimisation de son bateau, qu’il s’agisse du pilote automatique sur lequel elle a beaucoup travaillé, des foils ou des configurations de voiles.
La course de Sam
Dès le début de cette 9e édition, elle prend un départ solide, non loin des leaders Apivia, HUGO BOSS et PRB. Elle est 8e aux Açores alors qu’elle arrondit sa route pour éviter le gros de la dépression tropicale Thêta. À l’Équateur, elle est toujours dans le top 10, aux côtés de Boris Herrmann.
Le 25 novembre, forcée de faire un détour pour contourner l’anticyclone de Sainte Hélène, elle perd des milles sur le groupe de tête. Mais avec Louis Burton, elle est la première à empanner pour attraper le train des dépressions des Quarantièmes : Sam revient dans le match.
La nuit du 2 décembre, alors qu’elle est 11e et qu’elle évolue à 20 nœuds de moyenne, 350 milles dans le sud de la pointe de l’Afrique du Sud, son bateau s’arrête brutalement. « J’étais en train de me préparer un repas chaud après avoir empanné et tout matossé. La nuit commençait à tomber quand j’ai heurté quelque chose… je n’ai rien vu du tout. »
« C’était comme si j’avais talonné. Le bateau est passé de 20 nœuds à zéro. Je savais que c’était la quille. J’ai entendu un crack, ça a enfourné avec l’impact. Tout a volé dans le bateau, y compris mon dîner qui a repeint tout l’intérieur. C’était très violent. Je me suis blessée aux côtes. Ce n’est pas très grave mais c’est très douloureux. »
“Terminer, c’était très important pour moi. Je m’étais préparée à l’idée d’un éventuel abandon. J’avais envisagé aussi de terminer hors-course ce qui m’a beaucoup aidé psychologiquement.
La première partie était vraiment géniale, j’ai adoré la bagarre dans les dix premiers. Je pense que j’ai bien navigué. Ensuite, c’était vraiment de la malchance. J’ai eu la frayeur de ma vie, j’ai cru que mon bateau allait couler tellement le choc était violent. Je me suis cassée les côtes. Après il fallait trouver le courage de repartir, c’était difficile d’être toute seule à l’arrière, j’ai l’habitude de me bagarrer avec les bateaux de devant.
À l’heure actuelle, on a sauvé 102 enfants sur ce tour du monde grâce aux mécènes et au public. Je suis hyper fière car c’est beaucoup plus que l’objectif que je m’étais fixé.
Je suis hyper contente d’être ici aux Sables d’Olonne !”
#EN# LES SABLES D’OLONNE, FRANCE – FEBRUARY 26: Skipper Sam Davies (GBR), Initiatives Coeur, is pictured celebrating with flares in the channel during arrival after retiring from the Vendee Globe sailing race, on February 26, 2021. (Photo by Jean-Louis Carli/Alea)
#FR# LES SABLES D’OLONNE, FRANCE – 26 FEVRIER: La skipper Sam Davies, Initiatives Coeur, est photographiée célébrant avec des feux à main dans le chenal pendant son arrivée après avoir du abandonner la course du Vendee Globe, le 26 Février 2021. (Photo Jean-Louis Carli/Alea)
« C’est incroyable l’accueil que j’ai reçu. Je remercie tout le monde, je n’avais jamais imaginé avoir autant de monde à mon arrivée hors course. Je suis partie pour faire une course, une performance, et au sud de Bonne Espérance ça a basculé en aventure. Et c’était un défi encore plus dur que celui que j’avais imaginé. Avec l’équipe et les partenaires, nous savions qu’il y avait deux objectifs, un objectif sportif et aussi l’objectif de sauver des enfants en partageant l’aventure. On avait évoqué l’hypothèse d’un abandon. J’avais dit que je voulais à tout prix finir, comme Isabelle Autissier et comme d’autres marins qui ont fini hors course. On avait même un mât de rechange prêt à être envoyé en Australie s’il le fallait. Heureusement qu’on avait réfléchi à tout ça avant car psychologiquement, ça a facilité les choses, même pour Romain (Attanasio, son conjoint) et pour Ruben (ndlr, son fils). Mais c’est plus facile à dire qu’à faire. Nos bateaux restent exigeants, j’étais derrière tout le monde, moi qui suis habituée à être à la bagarre… Là j’étais seule, je n’avais plus de vacation. Je n’avais plus la pression et l’adrénaline de la course, c’est plus dur de se lever à 3h du matin pour aller changer de voile. Même pour l’équipe c’était différent, c’était difficile. J’ai mis du temps à comprendre ce qu’était ce voyage, mais après je me suis bien amusée ! »
A propos de sa motivation pour terminer…
« Grâce à Mécénat Chirurgie Cardiaque, je suis repartie. On pouvait se dire que ce n’était pas très sage de repartir avec le bateau réparé “à la va-vite”, même si l’équipe a fait un super travail. Je me disais que Jacques (ndlr, Jacques Caraës, directeur de course) allait peut-être dire que j’étais trop loin de tout le monde et que ce n’était pas très sage voire même stupide. Mais avec Mécénat Chirurgie Cardiaque, j’avais une vraie raison de repartir, c’était ma motivation. J’avais l’impression que j’avais encore plus de soutien en étant hors course ! On a sans doute levé plus d’argent que si j’avais fait la régate ».
A propos de la première partie en course…
« C’était génial ce premier tiers de parcours, mais c’est un grand regret, parce que j’adore la régate, j’adore mon bateau. J’étais fière d’être là où j’étais dans la course. C’était très intense : ces bateaux sont violents quand ils sont à 100%. Mais dès le début, j’étais dans le match, je me suis amusée. Tout se passait comme je voulais. C’est aussi pour ça que j’ai pu basculer à Cape Town, parce que je n’avais aucun regret. Quand la collision est survenue, j’étais placée là où je voulais. Je suis triste de ne pas avoir continué. J’avais les côtes cassées, je ne pouvais plus bien manoeuvrer. La job list est grosse, je suis désolée les gars (elle rigole) ! J’ai hâte que tout soit réparé pour retourner à la régate, j’espère être performante sur la Transat Jacques Vabre cette année !
Ce qu’elle a appris de son 3e Vendée Globe
« Chaque tour du monde est différent. Tu ne peux jamais savoir ce qui va t’arriver. Sur mes Vendée Globe, j’ai vécu trois expériences totalement différentes, toutes incroyables. Je pense que c’est sur cette édition que j’ai traversé le plus d’émotions. Mon bateau est incroyable, jusqu’à la collision, je faisais une super course, dans le paquet de devant. Mon équipe a fait un travail de dingue, ce n’est pas un bateau neuf, xmais il est toujours compétitif. Après la collision, ça a basculé en aventure, en défi humain. L’escale à Cape Town a aussi été une incroyable aventure, c’était une super expérience avec l’équipe. Ce n’était pas rien de reconstruire, de réparer la quille en si peu de temps, dans un endroit que l’on ne connaît pas. Cette expérience à terre était très intense ».
Un cargo retourné sur son chemin
Ces derniers jours n’étaient pas faciles, j’avais eu des problèmes de gréement, mon étai de J2 avait cassé puis ça a été au tour du J3. Heureusement j’avais mis un lashing de sécurité qui a fait que le mât n’est pas tombé. Avant-hier, je pensais être presque arrivée, et j’ai dû encore bricoler pour sécuriser le mât dans des conditions pas faciles, avec beaucoup de houle. Dès que j’ai réparé le câble, j’ai relancé le bateau et là Jaco (ndlr, Jacques Caraës, directeur de course) m’a envoyé la position d’un cargo retourné qui était pile sur ma route. Il devait y avoir des débris autour. J’ai dû faire un énorme détour pour éviter tout ça. J’ai déjà heurté trois OFNI pendant la course, un premier au cap de Bonne Espérance, un autre au cap Horn et un troisième aux Malouines. Je ne voulais vraiment pas taper encore quelque chose ! Je remercie la direction de course de m’avoir prévenue.
D’ailleurs, je tiens à les remercier pour tout. Quand je voulais repartir de Cape Town, une des premières personnes que j’ai appelée c’est Jacques. Il m’a tout de suite dit qu’il me soutenait et qu’ils allaient – avec son équipe – veiller sur moi comme si j’étais en course. Un grand merci à eux ! »
À propos du coeur tracé hier soir sur la cartographie
« Je savais que j’avais du temps à passer en attente devant les Sables d’Olonne, je voulais rester proche de la terre parce qu’il y avait de la mer au large et je voulais faire un clin d’œil au projet. C’est un peu la conclusion de tout ça ! Je voulais montrer à quel point il est important de réparer les cœurs de ces enfants. J’ai fait le cœur le plus grand possible dans le temps imparti. Je me suis amusée, Tanguy l’avait fait aussi en 2017. C’est lui qui est à l’origine de ce projet, j’essaye de continuer dans cette voie ».
Isabelle Joschke est arrivée aux Sables d’Olonne le 24 février. Malgré son abandon le 9 janvier dernier et une escale technique de 10 jours à Salvador de Bahia pour consolider la quille de son bateau, la navigatrice franco-allemande tenait à aller au bout de son premier tour du monde en solitaire sans escale et sans assistance. Un parcours qu’elle aura brillamment animé dans le top 10 jusqu’ au grand large de l’Argentine. Et c’est ce que l’on retiendra d’Isabelle : 18 000 milles d’une course magnifiquement menée et une détermination sans faille pour terminer ce voyage.
Grand soleil, grosse houle… c’est dans ces conditions spectaculaires qu’Isabelle Joschke a franchi symboliquement la ligne d’arrivée puis embouqué le chenal des Sables d’Olonne acclamée par le public. Elle termine son premier Vendée Globe non classée, mais peu importe. « Cette arrivée, c’est une victoire, chaque cap a été une victoire ! » a t-elle déclaré en posant le pied à terre.
#EN# LES SABLES D’OLONNE, FRANCE – FEBRUARY 24: Skipper Isabelle Joschke, MACSF, is pictured celebrating with the public in the channel during arrival after retiring from the Vendee Globe sailing race, on February 24, 2021. (Photo by Vincent Curutchet/Alea)
#FR# LES SABLES D’OLONNE, FRANCE – 24 FEVRIER: La skipper Isabelle Joschke, MACSF, est photographiée célébrant avec le public dans le chenal pendant son arrivée après avoir du abandonner la course du Vendee Globe, le 24 Février 2021. (Photo Vincent Curutchet/Alea)
La course d’Isabelle Joschke
Finir dans le top 10, telle était l’ambition sportive et le rêve d’Isabelle. A la question « Qu’est-ce qui pourrait vous empêcher d’atteindre cet objectif ? » posée quelques jours avant son envol autour de la planète, elle avait répondu : « ne pas naviguer à mon rythme, suivre la cadence des autres et faire des erreurs ». C’est en écoutant cette voix qu’elle va débuter sa course, prudemment, à sa manière. Pour éviter le passage du premier front trois jours après le départ, elle choisit de se recaler dans le Sud au prix de multiples virements de bord. Elle y laisse pas mal de plumes et entame sa descente de l’Atlantique dans le dernier tiers de la flotte. « Ma prudence m’a coûté cher », reconnaît-elle le 17 novembre. « Je me donne à fond et je suis à l’affût de toute opportunité pour revenir dans le match ». Tiraillée entre performance et sureté, elle va passer plusieurs jours à doser, acceptant tant bien que mal ce compromis difficile. Jusqu’à ce que sa propre cadence épouse finalement celle des autres. En Atlantique Sud, elle négocie bien le contournement de l’anticyclone de Sainte-Hélène et revient au contact du peloton de tête. Elle est 12e au passage du cap de Bonne-Espérance. Son arrivée dans le Grand Sud, sa découverte parfois éprouvante de l’océan Indien et du Pacifique va se faire dans l’ombre d’une menace. Son bateau (plan Verdier VPLP de 2007) est similaire à PRB. Le naufrage de Kevin Escoffier est dans toutes les têtes. On apprendra plus tard par son directeur de projet Alain Gautier que la question de relâcher en Afrique du Sud s’est posée.
Cela n’empêche pas Isabelle de trouver son tempo et de mener parfaitement sa monture, rivalisant au sein du top 10. Des petits soucis la contrarient (balcon arraché, aériens HS), mais pas de quoi l’empêcher de jouer sa partition dans le premier orchestre. Elle impressionne son monde ! Mais le 3 janvier, 48 heures avant de passer son premier cap Horn, la tige de son vérin de quille rend l’âme, l’obligeant à immobiliser l’appendice avec un vérin de secours. Six jours plus tard, dans une dépression au grand large de l’Argentine, elle annonce que le faux vérin n’a pas tenu. Son bateau n’est plus sûr et elle doit abandonner. Elle mettra 16 jours à rallier Salvador de Bahia, au Brésil. Après une escale technique d’une dizaine de jours, elle reprend la mer le 5 février, bien décidée à terminer son voyage. Rejointe par Sam Davies, elle aussi hors course, la Franco-Allemande réalisera les milles restants sous bonne escorte.
Cette littéraire qui a commencé la voile de compétition sur le tard en remportant en 2007 la première étape de la Mini Transat, est dotée d’une force de caractère peu commune, doublée d’une grande intelligence humaine. Elle l’a montré tout au long de la course. « Je voudrais être fière de la manière dont je vais endurer tout ce que je vais rencontrer. Je sais que ce ne sera pas simple » déclarait-elle avant de partir. Classée ou pas, elle est allée au bout du challenge et a prouvé qu’elle faisait partie des grands marins. Alors fière, elle peut l’être !
“J’ai rencontré le pire et le meilleur. C’était comme un miroir grossissant, le reflet de qui j’étais dans les situations difficiles, avec mes réactions à chaud, que je n’aime pas toujours… Mais aussi de ma capacité à rebondir. Tout du long, il fallait revoir l’avenir différemment. Dès le début, ce n’est pas parti comme je le souhaitais.
Il a fallu que je revoie mes attentes en permanence. À chaque fois, c’était une remise en question. Je ne m’attendais pas à faire un début de course aussi raté. Ça a été dur à avaler. Et puis après, au contraire, je me suis retrouvée dans ma capacité à me donner à fond, à faire de belles trajectoires, à être dans le match de nouveau quand je ne m’y attendais plus.
À propos de la communication
Je me faisais un peu violence parce que je sentais une espèce de pression pendant les vacations quand je disais ce que je pensais. Je voyais que parfois ça ne correspondait pas aux attentes de l’extérieur. Dans le fond, quand ça n’allait pas, j’avais envie de le dire. On nous voit comme des héros et il y cette injonction à l’être, c’est ce que j’ai ressenti. J’ai essayé d’être moi-même. C’était assez intéressant, je recevais des messages de soutien et d’encouragement mais en même temps, j’avais l’impression que les gens auraient aimé que j’aille bien tout le temps ou que je réussisse à prendre tout de suite du recul. Mais ce n’est pas toujours comme ça que les choses se passent, on ne rebondit pas toujours tout de suite.
Le regard des autres est important, même si j’aimerais bien qu’il ne le soit pas. Le message de Jean (Le Cam) le jour où j’ai abandonné m’a beaucoup touché. J’en ai pleuré, ma déception d’abandonner était tellement immense. Mais ma décision était actée, et c’est le regard des autres qui a permis de l’acter.
Je suis assez exigeante avec moi-même. Dans le sud j’ai cravaché mais la cravache était surtout tournée vers moi ! Je me disais “fais une pause et regarde ce que tu as fait” ! J’ai aussi eu des messages qui m’invitaient à le faire. Je me disais “t’es dans le top 5, réjouis-toi” !
Les paysages, la nature
Les paysages qu’on rencontre dans les mers du Sud sont uniques. La mer est sauvage, elle fait peur mais en même temps c’est complètement dingue de surfer à longueur de journée. Surfer avec nos bateaux, c’est le pied intégral ! D’habitude, on fait des heures de navigation au près pour surfer quelques minutes. Et là, c’est des journées entières à sentir le bateau qui s’emballe. J’ai été vraiment touchée par les nuits dans l’océan Pacifique. C’était tellement beau ! Les nuits étaient très courtes, il y avait un horizon orangé, des lunes hallucinantes. J’avais l’impression que c’était un conte de fée quand je regardais ça.
Le public
Le fait qu’il y ait du monde dans le chenal, ça m’a procuré beaucoup d’émotions, de la reconnaissance, de la gratitude. J’ai vécu ça comme un cadeau. C’est comme si tout ce monde était là pour me rappeler que le chemin parcouru est dingue.
MACSF sistership de PRB
Ça m’a énormément pesé. Je me suis rendue compte que ça nous avait tous retourné, complètement. À un moment donné, je me suis fait violence pour ne pas me laisser prendre par la peur. À l’entrée des mers du Sud, quand j’étais en train d’accélérer et de revenir dans le match, il y avait deux parties de moi, celle qui avait peur et celle qui se disait que ce n’est pas parce que c’est arrivé au bateau de Kevin (Escoffier) que ça allait m’arriver. J’ai dû me distancier de cette peur. Mais parfois j’avais la trouille, quand le bateau plantait dans une vague, je pensais à Kevin, mais je ne voulais pas lever le pied à ce moment-là, je ne voulais pas repartir comme sur la descente de l’Atlantique.
Son début de course
Le deuxième front au large du Portugal m’a fait peur. Mais je me suis dit que ce n’était pas possible que je revienne aux Sables d’Olonne. J’avais trop vécu ça, j’étais trop marquée par mes précédents abandons. J’ai choisi de laisser passer le gros de la tempête et après ça, je n’ai fait qu’essayer de rattraper les autres. Ça partait par devant et je perdais un peu plus de terrain chaque jour. Et puis j’ai eu aussi assez vite des petits pépins techniques.
Une fois ce premier front passé j’ai vraiment tout donné, mais au début ça ne payait pas. Ça a commencé à payer quand j’ai arrêté d’y croire ! Je voulais faire le tour, je me disais que je le ferais, dans le match ou non. J’ai été très concentrée à réparer mon balcon arrière, c’était indispensable pour entrer dans les mers du Sud. Et une fois que c’était réparé, je me suis dit “tiens je suis de nouveau dans le match” !
Une flotte groupée
C’était super grisant. Toutes les 4 heures avec le nouveau classement, c’était un nouveau verdict. Et en même temps, j’ai trouvé ça dur, je me sentais parfois à la peine au niveau des manœuvres. Je sentais que je ne pouvais pas toujours les enchaîner. Dans les empennages, je perdais du terrain. J’avais de la frustration et parfois un sentiment de panique parce que quand je longeais la zone des glaces, je pouvais perdre 50 milles dans une manœuvre. C’était d’une intensité dingue.
Un Vendée Globe à l’image du projet
Je trouve que ce Vendée Globe reflète un peu tout notre projet. Beaucoup de promesses, des arrêts-buffet, des moments où j’ai trébuché, où tout le projet a trébuché. On a fait les bons choix, on a rencontré un super sponsor qui nous a donné toute sa confiance. J’avais l’impression qu’au fur et à mesure du projet j’étais de plus en plus en confiance, l’équipe était de plus en plus soudée. Dans ce Vendée Globe, au fur et à mesure, j’étais de plus en plus en confiance même si je savais que ça pouvait s’arrêter à tout moment. Ça n’a pas été linéaire du tout, mais c’était tellement riche en apprentissage !
Pour moi c’est une victoire, j’ai l’impression d’avoir gagné, pas gagné le Vendée Globe, mais ce que j’ai gagné, c’est énorme.
Es-tu revenue différente ?
Je pense que je le saurai au fil des jours, des mois, des années. Aujourd’hui je ne sais pas. J’ai l’impression d’être moi, de ne pas trop pouvoir jouer à autre chose, mais il y a sûrement des trucs qui ont changé. J’ai l’impression de m’être vue telle que je suis.
Et maintenant ?
Je veux profiter de mes amis, de mon équipe, de mes partenaires, de cette journée ensoleillée, de sentir l’immobilité sous mes pieds, ce n’est pas désagréable ! Rien de plus.”