Bruno Peyron, ce matin à 11h00 : « Depuis ce matin on utilise une petite queue de front pour faire route en tribord vers la maison. On porte actuellement 1240 m2 de toile : grand gennaker, trinquette, pas possible d’en mettre plus. On glisse parfois à 30/31 nœuds pour 17 nœuds de vent et cela fait du bien. On exploite une bande large de 60 milles où il fait gris et où il pleut. Mais on voit que le bleu n’est pas loin. D’ici 6 à 7 heures, on va quitter cette bande et ré-empanner, cap au nord. Une troisième dorsale va nous passer dessus cette nuit et demain matin, avec donc une nouvelle molle à traverser. En fait, c’est l’anticyclone des Açores qui se reconstitue et nous sommes en plein milieu de cette reconstruction. Mais nous sommes là où il faut et, dès dimanche après-midi, on devrait attraper une bonne dépression qui nous amènera jusqu’à l’arrivée. Ce qui est impressionnant, c’est que le bateau est comme neuf. Hormis le bobo au safran, il n’y a pas un accroc sur les voiles ou sur l’accastillage. Le bateau peut repartir pour un autre périple et nous aussi. Nous sommes en pleine forme, pas un seul pépin de santé. Mais tout cela ne va pas changer notre manière de naviguer. C´est toujours près de la maison que l’on se plante lorsque l’on est en voiture. Pas question donc de baisser notre seuil de vigilance. Ce n’est pas le moment de faire des bêtises… »
Cheyenne : les circonstances de l´accident
« Il est 7:09 du matin heure locale lorsque le désastre nous frappe. Le carbone explose bruyamment, et le mât tombe sur le côté. 5 secondes qui mettent un terme à notre course autour du monde.
Après avoir conquis les mers australes et doublé le cap Horn la veille, nous étions en route pour notre prochain way-point, vers Punta Del Este, poussés par des vents favorables. Jamais nous n’aurions imaginé ce qui allait se produire. Nous sommes accablés…
Nous avons rassemblé tout le monde sur le pont, puis nous sommes assurés qu’il n’y avait pas de voie d’eau. Personne n’a été blessé, ce qui est le plus important. Constat : le mât pend sur tribord, et émet d’affreux craquements, mais ne met pas l’intégrité de la coque en danger. La mer est plate, et il y a 25 nœuds de vent, ce qui rend le travail de découpe des haubans et du gréement courant aisé.
L’équipe qui était de quart au moment de l’accident relate que le bas-hauban a cédé, et que le mât est ensuite tombé sous le vent. Une inspection plus approfondie révèle qu’au point d’ancrage du hauban en question, l’aluminium est complètement cisaillé. Nous avons de la chance que la pièce n’ait pas cédé il y a une semaine, dans le Grand Sud. Cela aurait pu se produire à n’importe quel moment.
Pour l’heure, nous sommes à 240 milles à l’est des côtes argentines, en attente d’un navire argentin qui doit nous mener au port le plus proche. La maîtrise de la langue espagnole de David (qui a vécu 10 ans en Argentine) nous est cruciale pour communiquer avec les garde-côtes et le capitaine du bateau qui fait route vers nous. Il se trouve à 140 milles de notre position, et pense être à nos côtés ce soir (…)
Avons-nous trop tiré sur le bateau ? Aurions-nous pu faire quelque chose pour éviter cela ? Ces questions traversent les esprits de tout le monde, mais resteront probablement sans réponses. Nous avons fait de gros efforts pour préserver le bateau sur le parcours, mais les énormes charges qu’il subit ne peuvent être évitées. Au moment du démâtage, nous n’étions pas dans des conditions casse bateau, cela est certain. Nous pouvons avoir l’esprit tranquille, dans la mesure où nous avons fait le maximum, mais les prochaines semaines vont être difficiles à vivre, j’en suis sûr.
Tout le monde est sain et sauf, et c’est bien là le plus important. »
Traduction JB
Championnat du Monde FICO 2005
Le quarté gagnant du Vendée dans le désordre… ainsi pourrait-être commenté le nouveau classement FICO établi à ce jour. Mike Golding en tête, devant Vincent Riou, Dominique Wavre et Jean Le Cam. Explications…
Le 2 février dernier, Vincent Riou, en digne successeur de Michel Desjoyeaux à la barre de PRB, marquait à son tour de son empreinte cette formidable course en solitaire autour du monde qu´est le Vendée Globe. Après 23 680 milles et 87 jours 10 heures 47 minutes de mer à la vitesse moyenne de 11,28 nœuds, Vincent le terrible est entré dans la légende, devançant sur le podium ses âpres poursuivants : Jean Le Cam et Mike Golding.
Avec cette grande et belle victoire, Vincent empoche ainsi les 200 points FICO et se retrouve propulsé de 26 places au classement. Désormais second, il peut lorgner sur la tête du classement détenu pour 20 points de plus, par l´anglais d´Ecover, qui en remportant The Transat l´an dernier, s´était attribué une petite avance en points.
Mike Golding devient donc à ce titre le nouveau leader du Championnat du Monde des Skippers avec 240 pts, 100 points devant le premier skipper de multicoque Michel Desjoyeaux, 5ème avec 142 pts.
A suivre…
Du monde sur la route des retours !
« J’ai un cargo qui s’est présenté dans mon tableau arrière à 2 heures du matin, et depuis il est sur mon tribord à moins d’1 mille sur la même route. Il me tarde de quitter ce rail de cargos, ça fera du stress en moins. J’en ai encore eu pas mal cette nuit, ainsi qu’un gros bateau de pêche espagnol ». A une météo tortueuse à souhait s’ajoute pour Raphaël Dinelli (Akena Verandas) comme pour Karen Leibovici (Benefic) une surveillance accrue aux cargos particulièrement nombreux sur les routes qu’empruntent actuellement les deux derniers concurrents du Vendée Globe pour rallier l’arrivée. Raphaël tire des bords au près à la latitude de la Vendée, mais pile dans l’axe Ouessant – cap Finisterre. Un axe que Karen s’apprête à rejoindre 250 milles dans le Sud Ouest de Raphaël. Nos deux navigateurs puisent au plus profond de leurs ressources physiques et mentales et déploient des miracles d’énergie pour progresser dans un vent toujours fort pour Karen, et contraire pour Raphaël, tout en préservant des voiliers de plus en plus affectés par plus de 4 mois de mer.Raphaël Dinelli continue de « tricoter » vers l’arrivée, selon sa propre expression. Un coup vers l’Espagne, un coup vers la pointe de la Bretagne… la mer se calme, le vent mollit, mais reste très irrégulier en force et en direction. Dinelli lutte en permanence sur le pont pour porter la toile du temps et trouver les bons réglages. L’homme est épuisé mais il jette toutes ses forces dans la manœuvre pour atteindre ce week-end, samedi peut –être, Les Sables d’Olonne. Une première bascule au Nord Est ce soir devrait grandement l’y aider, avant de terminer dans un petit flux de Nord Ouest généré par l’effondrement tant attendu de la dorsale anticyclonique.A 450 milles de l’arrivée, Karen Leibovici prie elle aussi pour que la dépression qui la porte aujourd’hui au large de la pointe occidentale de l’Espagne bouscule les hautes pressions endormies sur le Golfe de Gascogne et lui ouvre la porte, avec un minimum de bords à tirer vers la Vendée. La fatigue, l’épuisement plutôt, gagne la jeune femme. La liste de ses problèmes techniques ne cesse de s’allonger et Karen pare désormais au plus urgent ; barrer et progresser dans l’Est pour mettre un terme le plus vite possible à ses souffrances. Le vent est toujours fort, 35 à 40 nœuds et la mer très creusée. Privée d’énergie, Karen barre, Karen veille aux cargos, Karen avance, vers les Sables et un espoir de délivrance dominicale…
Shosholoza, un défi à part
Dans le paysage de l’America’s Cup, l’équipe sud-africaine Shosholoza occupe une place à part. En plus de la portée symbolique de son équipage mixte, destiné à balayer les restes des années Apartheid, la méthode employée par le skipper Geoff Meek et le directeur technique Paul Standbridge révèle une volonté farouche de conserver un esprit « maison », une approche humaine de cette compétition. Loin du mercenariat, Shosholoza cherche avant tout à monter un projet fédérant les talents locaux, afin de faire de sa participation à la 32ème Coupe une nouvelle page de l’histoire du pays. Extraits d’une interview accordée par Meek et Standbridge au site cupinfo.com
Francis Joyon en stand-by dans un mois
«Je retrouve le bateau en fin de semaine, explique Francis Joyon, j’emporte les drisses, l’électronique, et tous les petits morceaux qu’il faut remonter à bord. J’ai envoyé par avion les nouveaux gennakers, les voiles sont en révision chez Incidences Guadeloupe : il va falloir remonter tout ça, car le bateau est quand même un peu en pièces détachées à l’heure actuelle ! Enfin, les flotteurs et la coque centrale sont encore reliés, de ce côté il n’y a pas de problème. » Enjoué, Francis s’avoue impatient de renouer avec son imposant compagnon à trois pattes, et de retrouver le chemin du large – première navigation au programme, un convoyage vers New York, où le navire doit arriver dès la première semaine d’avril. Initialement, le skipper pensait effectuer le trajet en solo, et pourquoi pas en profiter pour tenter un record des 24 heures, mais des contraintes logistiques lui ont fait modifier ses plans. « En arrivant à New York, il va falloir changer de marina souvent, et les manœuvres de port sont impossibles à faire seul sur ce bateau. » Sans compter le risque de casse qui résulterait d’une telle tentative, juste avant de s’élancer sur New York – Cap Lizard… parcours exigeant s’il en est.
Le Vendée Globe à bout de souffle !
Du près et encore du près. Le vent est au Sud Est de Benefic qui remonte tribord amure vers les Sables d’Olonne. Karen, malgré tous ses soucis tant physiques que techniques, déploie une farouche énergie à rester dans cette veine de vent. Son pilote secondaire tient, mais la jeune femme a épuisé hier sa dernière goutte de gas-oil. Sans énergie, elle doit plus que jamais s’astreindre au douloureux exercice de la barre, sur une mer qu’elle qualifie de « démontée » au point de rendre tout mouvement sur le pont dangereux et fatiguant. En amarrant sa barre, la jeune femme parvient à grappiller quelques minutes de repos, tout en maintenant un cap acceptable. La proximité du rail des cargos ajoute à son inquiétude de voir une vaste zone de calme s’établir entre son étrave et la ligne d’arrivée. Plus que jamais, Karen Courage remet l’ouvrage sur le métier et gagne dans l’Est. Sur sa vitesse actuelle, Benefic pourrait pointer son museau rouge dimanche après-midi.
Entre molle au nord et marasme au sud, Raphaël Dinelli n’a guère le choix. L’anticyclone a pris ses quartiers à l’entrée de la Manche, retenant dans ses griffes Patrice Carpentier (VM Matériaux), concurrent hors course du Vendée Globe et stoppé net dans sa marche retour vers les Sables. Le vent est majoritairement orienté Sud Est et repousse systématiquement Akena Verandas vers l’Espagne. Raphaël cherche à se rapprocher en tirant des bords. Dès qu’il serre un peu trop le vent, son bateau fatigué hurle dans la mer chaotique à souhait. « Je me bagarre comme jamais » raconte t’il, « La mer est démontée et je dois préserver le bateau. J’ai cassé le premier ris cette nuit. Je dois le réparer pour avoir la voile du temps. A la veille aux cargos s’ajoute maintenant la veille aux pêcheurs. J’espère me présenter devant le chenal des sables samedi après midi.»Pour Karen comme pour Raphaël, les derniers bords seront les plus pénibles. Mais le compte à rebours semble bien avoir commencé pour ces deux valeureux concurrents en passe de s’approprier les 12ème et 13ème places du Vendée Globe 2004/2005.
Orange II retrouve du vent après la dorsale
Bruno Peyron, lors de la visioconférence, en début d’après-midi :
« Il y a 12 noeuds de vent, le bateau avance à 17 noeuds, mais ce n’est pas très régulier. C’est important que le barreur soit très concentré pour garder de la vitesse avec le vent apparent. Ça redémarre tout doucement. On a traversé une partie de la dorsale et il faut maintenant prendre notre mal en patience. On sort tout doucement de ce piège qui peut devenir pénible si cela dure trop longtemps ! La situation météo est la même qu’hier avec cette grande dorsale qui s’étend depuis le Portugal. Notre trajectoire va vers le nord-ouest pour en faire le tour. Après, on va rejoindre un système de dépression classique. On a un temps superbe, il n’y a pas trop de vent, mais on se contente de ce qu’on a. Il y a toujours le risque de subir un autre ralentissement car il y a une dépression au nord des Açores et on va faire des petits à-coups pour sortir de cette zone. Mais ça redevient mieux organisé que cela ne l’était. Ce n’est pas pour cela qu’on va aller plus vite mais on comprend mieux ce qui se passe sur l’Atlantique. »
La compréhension de ce qui se passe enfin sur l’Atlantique Nord permet à l’équipage de prendre cette situation avec philosophie. « Quand on comprend ce qui se passe et qu’on a pris la bonne trajectoire, c’est plus facile à accepter. On savait qu’on n’avait pas le choix et que l’on allait vivre 2 à 4 jours très très lents. Donc la situation est moins pire que le scénario catastrophe qu’on avait en tête il y a encore 3 jours. On met les bonnes voiles au bon moment et cela ne sert à rien de s’énerver car les gens qui s’énervent en régates ne gagnent jamais dans le petit temps ». Serein et confiant, le 14 d’Orange II a les qualités de grands marins et d’excellents régatiers. Ils ont parfaitement négocié le passage de la dorsale anticyclonique et préparent désormais leur retour en Bretagne. Une arrivée toujours prévue vers la mi-mars. « On y voit plus clair car un gros obstacle est derrière nous désormais, mais il en reste un autre, l’anticyclone. Notre prévision d’arrivée oscille entre le 15 et le 17 mars. Un routage nous fait même arriver le 15 au matin mais je n’y crois pas du tout. Moi je vois plutôt le 16 ou le 17. Encore une fois, on y verra plus clair après l’obstacle. » Réponse d’ici vendredi…
LA CROSSE TECHNOLOGY, La Météo sans Surprises
Basée dans les environs immédiats de Strasbourg dans la zone industrielle de Geispolsheim à proximité de l’aéroport, la filiale française affiche une croissance sereine et récurrente et une position enviable.
Sur un marché en plein essor, quoique encore méconnu, LA CROSSE TECHNOLOGY, grâce à une gamme complète, offre une réponse à l’intérêt passionnel que les français témoignent à la météo.
LA CROSSE TECHNOLOGY présente désormais la plus grande gamme « météo », de la station de température à la station professionnelle avec mémorisation et gestion informatique.
Chacune bénéficie de toutes les dernières innovations dans la collecte des données : batteries solaires, utilisation des fréquences 433 et 868 Mhz, capteurs ou senseurs multiples, gestion en temps réel et informatisée des données…
Cette formidable diversité, d’un usage accessible au plus grand nombre, permet de choisir l’appareil adapté aux besoins de chacun grâce aux multiples combinaisons offertes par les produits de la gamme LA CROSSE TECHNOLOGY.
La plupart des produits LA CROSSE TECHNOLOGY sont calibrés quotidiennement pour recevoir le signal de l’institut fédéral allemand de physique appliquée de Braunschweig qui exploite une horloge atomique dont l’exactitude est de l’ordre de +/- 1 seconde en 1 million d’années.
Le temps indiqué par cette horloge, horloge officielle allemande, est diffusé par un émetteur d’ondes longues situés à Mainflinguen près de Francfort.
Ainsi pour les stations météo, les horloges murales, les réveils,… il n’y aura plus de réglages fastidieux à faire, plus de boutons à tourner pour les changements d’heure en été ou en hiver et…
plus d’excuses en cas de retard !
Orange II ralenti pour quatre à cinq jours
Bruno Peyron, mardi matin à 5h00 : « Ça mollit tout doucement, le vent est très faible. On se prépare à passer quatre à cinq jours spéciaux. La situation n’a pas évolué. Il faut passer à travers la dorsale anticyclonique qui fait 200 milles d’épaisseur. Nous n’avons pas d’autre choix. Tout cela est très compliqué car l’anticyclone se met en place derrière. Cet anticyclone va passer sur nos têtes de la gauche vers la droite. Nous allons donc être très lents pendant quatre jours. Nous devrions parcourir 1000 milles pendant ces quatre jours (au lieu de deux jours habituellement, ndlr), ce qui ne va pas être très réjouissant. Ce sera la partie la plus lente de ce tour du monde. Habituellement, l’anticyclone est en position (au niveau des Açores, ndlr) et on peut faire le tour par la gauche avec de l’alizé en dessous. Mais tout le système est détruit par une dépression qui passe maintenant. Et cela reste compliqué derrière car la transition avec la dépression n’est pas très fiable non plus. Cela pourrait être pire encore. Ça fait un bout de temps qu’on sait que ça va être difficile. On s’y prépare et on fait ce qu’il faut. Tout cela peut nous faire perdre trois jours à peu près. »RepèresJournée de mer : 43eDate : 08/03/2005Heure (GMT) : 03h40Latitude : 13 09.64′ NLongitude : 37 21.64′ WVitesse instantanée : 11.4 ndsCap instantané : 334Vitesse moyenne : 12.1 ndsVitesse sur 24h : 17.5 ndsDistance sur 24h : 419 mnVitesse depuis départ : 23.0 ndsDistance totale : 23571 mnDistance restante : 2657.20 mn