« J’ai un cargo qui s’est présenté dans mon tableau arrière à 2 heures du matin, et depuis il est sur mon tribord à moins d’1 mille sur la même route. Il me tarde de quitter ce rail de cargos, ça fera du stress en moins. J’en ai encore eu pas mal cette nuit, ainsi qu’un gros bateau de pêche espagnol ». A une météo tortueuse à souhait s’ajoute pour Raphaël Dinelli (Akena Verandas) comme pour Karen Leibovici (Benefic) une surveillance accrue aux cargos particulièrement nombreux sur les routes qu’empruntent actuellement les deux derniers concurrents du Vendée Globe pour rallier l’arrivée. Raphaël tire des bords au près à la latitude de la Vendée, mais pile dans l’axe Ouessant – cap Finisterre. Un axe que Karen s’apprête à rejoindre 250 milles dans le Sud Ouest de Raphaël. Nos deux navigateurs puisent au plus profond de leurs ressources physiques et mentales et déploient des miracles d’énergie pour progresser dans un vent toujours fort pour Karen, et contraire pour Raphaël, tout en préservant des voiliers de plus en plus affectés par plus de 4 mois de mer.Raphaël Dinelli continue de « tricoter » vers l’arrivée, selon sa propre expression. Un coup vers l’Espagne, un coup vers la pointe de la Bretagne… la mer se calme, le vent mollit, mais reste très irrégulier en force et en direction. Dinelli lutte en permanence sur le pont pour porter la toile du temps et trouver les bons réglages. L’homme est épuisé mais il jette toutes ses forces dans la manœuvre pour atteindre ce week-end, samedi peut –être, Les Sables d’Olonne. Une première bascule au Nord Est ce soir devrait grandement l’y aider, avant de terminer dans un petit flux de Nord Ouest généré par l’effondrement tant attendu de la dorsale anticyclonique.A 450 milles de l’arrivée, Karen Leibovici prie elle aussi pour que la dépression qui la porte aujourd’hui au large de la pointe occidentale de l’Espagne bouscule les hautes pressions endormies sur le Golfe de Gascogne et lui ouvre la porte, avec un minimum de bords à tirer vers la Vendée. La fatigue, l’épuisement plutôt, gagne la jeune femme. La liste de ses problèmes techniques ne cesse de s’allonger et Karen pare désormais au plus urgent ; barrer et progresser dans l’Est pour mettre un terme le plus vite possible à ses souffrances. Le vent est toujours fort, 35 à 40 nœuds et la mer très creusée. Privée d’énergie, Karen barre, Karen veille aux cargos, Karen avance, vers les Sables et un espoir de délivrance dominicale…
Du monde sur la route des retours !
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