Imoca. Thomas Ruyant, Boris Herrmann et Loïs Berrehar construisent le même bateau

© Eloi Stichelbaut

Thomas Ruyant, Boris Herrmann et Loïs Berrehar étaient réunis lors d’une conférence de presse ce lundi pour présenter leur collaboration pour construire ensemble le même bateau. Une association qui permet de baisser les coûts mais aussi de gagner en performance dans le développement du bateau.

Pour la première fois dans l’histoire récente de la classe IMOCA, trois équipes, Team Malizia, TR Racing (Thomas Ruyant) et Team Banque Populaire (Loïs Berrehar), unissent leurs forces pour concevoir et construire trois nouveaux IMOCA. Fortes de leur expérience et de leur ambition communes, les équipes travaillent aux côtés de l’architecte naval Antoine Koch, du bureau d’études Finot-Conq et de Gsea Design. Les voiliers seront construits par le chantier naval CDK et, bien qu’ils partagent une conception commune, chaque équipe apportera des modifications afin d’adapter son IMOCA selon son programme. Le premier IMOCA mis à l’eau sera celui de Thomas Ruyant puis celui de Team Malizia en juin 2026. Boris Herrmann participera à The Ocean Race avec Loïs Berrehar comme équipier. Cela reste incertain pour Thomas Ruyant qui n’exclu pas d’y participer s’il trouve un partenaire.

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« Nous mettons en commun notre expertise et notre savoir-faire, mais nous partageons également des outils qui, entre autres, contribuent à réduire l’empreinte environnementale de la construction », explique le skipper Boris Herrmann. Conçus par les architectes Antoine Koch, le cabinet Finot-Conq et Gsea Design, les bateaux sont en cours de construction au chantier naval CDK à Lorient, en France, et seront mis à l’eau en 2026-2027.

« Antoine Koch est un ami et un architecte très talentueux », commente Boris Herrmann. « Je souhaitais travailler avec lui depuis longtemps, et aujourd’hui, non seulement nous lui confions la conception de notre nouveau bateau, mais nous le faisons également avec TR Racing et Team Banque Populaire, deux équipes très performantes qui possèdent une grande expérience. Ensemble, nous mettons en commun nos compétences, apprenons les uns des autres, nous nous stimulons mutuellement et nous nous surpassons afin de construire, nous l’espérons, les meilleurs bateaux de la prochaine génération. » Le skipper de Team Malizia ajoute : « Nous partageons notre savoir-faire, mais aussi la construction, les moules et les outils de production afin de réduire considérablement l’empreinte carbone de la construction. Cette approche nous permet de réduire les émissions et les coûts tout en favorisant l’innovation. »

« Il est en effet assez rare dans le domaine de l’architecture navale de voir une approche aussi coordonnée impliquant trois entités distinctes », commente Antoine Koch. « La conviction que nous pouvions réaliser des gains significatifs en réduisant à la fois l’impact environnemental de la construction et le cycle de vie global des bateaux nous a amenés à combiner les efforts et l’expertise de trois équipes renommées. Le simple fait de partager l’outillage pour trois yachts devrait contribuer à réduire l’impact environnemental de la construction et à générer des économies d’échelle, ce qui nous permettra de mieux répondre aux défis de notre époque. L’outillage représente à lui seul près de la moitié des émissions de carbone d’un seul bateau. Chaque bateau aura donc une empreinte carbone réduite. Nous travaillons donc sur un seul et même projet plutôt que sur trois projets distincts, grâce à la collaboration totale et ouverte de trois équipes qui restent concurrentes sur l’eau. »

« Ce nouveau bateau sera très différent de notre bateau actuel », précise Boris Herrmann. « Antoine a conçu deux bateaux très performants, dont l’actuel VULNERABLE de Thomas, qui sert de point de départ à la conception du nouvel IMOCA, un bateau magnifique auquel je crois fermement. » L’architecte Antoine Koch ajoute : « La forme arrondie de la coque rend la vie à bord plus confortable et moins brutale, et permet au bateau de bien se déplacer dans l’eau. Nous connaissons ses points forts, notamment au vent arrière dans des conditions difficiles, mais nous avons également identifié ses points faibles : au vent et dans les eaux calmes. Nous travaillons à améliorer sa polyvalence. Notre objectif est de gagner dans les phases de transition, de combler nos petits « lacunes » dans les vents légers et d’améliorer continuellement la tenue du bateau dans les vagues. Le diable est dans les détails, et nous progressons sur tous les fronts. »

Pour Thomas Ruyant, son prochain IMOCA cherchera à combler les trous du précédent pour le rendre plus performanat. « Ce projet s’appuie sur les bases qu’Antoine Koch et moi-même avons développées depuis 2019. Il a contribué à mon précédent bateau, LinkedOut (un design Verdier de 2019), en travaillant sur deux versions de nos foils. Il est l’architecte, aux côtés de Finot-Conq, de mon IMOCA actuel, VULNERABLE, qui est devenu la référence pour le cahier des charges motivé par cette ambition commune de mettre en commun l’expertise de trois équipes ambitieuses. Antoine déborde d’idées. Il a un esprit très rationnel et analytique, et notre communication est presque instinctive. La Banque Populaire et ses équipes, qui ont obtenu d’excellents résultats dans différentes classes, apportent leur propre perspective. Je suis ami avec Boris, une amitié née lors de notre participation à la Transat Jacques Vabre. Malizia dispose également d’un excellent bureau d’études. Leur bateau actuel (un VPLP 2022) est très différent du nôtre, et nous apprenons beaucoup de leur expérience récente. Ensemble, nous étudions les détails les plus fins afin d’améliorer la base du VULNERABLE. La polyvalence est le mot clé, en particulier l’amélioration des performances du bateau dans les vents légers et sa capacité à prendre rapidement de la vitesse. »

Loïs Berrehar déclare : « Mettre en commun les ressources avec deux autres équipes, c’est réunir plus de cerveaux pour envisager différentes options. C’est un processus enrichissant et passionnant que de concevoir un bateau de cette manière. Je trouve particulièrement intéressant de le faire aux côtés d’équipes dont les skippers ont déjà une solide expérience du Vendée Globe (deux campagnes pour Boris, trois pour Thomas). Ce qui est crucial pour ce bateau, c’est sa capacité à bien se comporter dans les mers agitées. Si vous lancez une Formule 1 sur un terrain accidenté, elle doit être suffisamment robuste ! Les études de coque réalisées par Antoine Koch et son équipe sont très pertinentes à cet égard. En tant qu’équipe, nous avons pu apporter notre touche personnelle et nos contributions… et plus nous avançons, plus le projet devient passionnant ! »

L’IMOCA Banque Populaire 14 aura donc en commun la coque, le mât, la quille et les safrans avec ceux des deux autres équipes. « Notre point de départ, c’est de disposer d’un bateau qui résiste aux conditions musclées », explique Maël Devoldere, responsable du bureau d’études du Team Banque Populaire. « Nous souhaitons un bateau qui soit performant au portant VMG et qui soit plus à l’aise au reaching et au près ». Antoine Koch précise : « nous travaillons donc sur un seul design, au lieu de trois projets différents grâce à la collaboration pleine et entière, de trois équipes concurrentes sur l’eau ».  En parallèle de ces travaux menés avec les équipes Malizia et TR Racing, le bureau d’études de Banque Populaire a imaginé le plan de pont et l’ergonomie du cockpit, en vue du Vendée Globe 2028/2029. « Tout est optimisé au maximum pour le solitaire, précise Maël. Le positionnement de la barre et des winchs a été pensé pour limiter au maximum les déplacements à bord afin d’être le plus réactif possible ». L’équipe a également fait preuve d’innovation en matière d’intégration des systèmes du bord, de l’échantillonnage du fond de coque ou encore de l’orientation des plis en composite. Ces choix permettent de gagner en expérience mais aussi « d’être moins impactant en équivalent de CO2 », assure Maël. Le Team a également travaillé afin de ne négliger aucun détail concernant l’accastillage, l’ergonomie du système d’instrumentalisation ou encore les systèmes embarqués.  Le chantier CDK de Lorient a été chargé de la construction. La mise à l’eau du nouvel IMOCA Banque Populaire 14 est prévue pour 2027 : il restera alors deux saisons à Loïs pour monter en puissance jusqu’au Vendée Globe. Maël Devoldere, responsable du bureau d’études du Team Banque Populaire
« Actuellement, les IMOCA les plus performants sont très sollicitants pour les marins physiquement. Nous avons à cœur que ce nouveau bateau résiste aux conditions musclées. Les précédents plans Koch étaient rapides au portant VMG, nous souhaitons progresser aussi au reaching et au près. Nous avons su être innovant grâce à l’expertise et l’expérience du bureau d’études. Cela permet de veiller à l’impact carbone du projet mais aussi à gagner en performance. C’est en s’attachant à chaque détail et en veillant à optimiser tout ce qui peut l’être qu’on pourra batailler au plus haut niveau ». 

Le lancement de leur nouvel IMOCA marquera le début d’un calendrier ambitieux de courses au large pour Team Malizia. Boris Herrmann explique : « Ce nouveau chapitre nous mènera vers le Vendée Globe 2028, mais avant cela, nous sommes ravis d’annoncer que nous participerons à The Ocean Race Atlantic 2026 et à The Ocean Race 2027. Les prochaines années seront à nouveau remplies de courses en équipage et en solitaire. »