La demi-finale a été très disputée entre Mathieu et Ian Williams. Mais quelques détails infimes ont fait pencher la régate au profit de l’anglais. Même si le skipper ligérien affichait une légère déception, cette troisième place est de bon augure pour la prochaine compétition qui se déroulera à Londres le week end prochain. Mathieu Richard y représentera l’Equipe de France de Match Racing. Cette épreuve servira de qualification pour la Nation’s Cup – véritable Championnat du Monde des Nations – qui aura lieu en septembre à Cork (Irlande).
"On a fait un super début de régate avec une série de 10 victoires sur 10 matchs courus. C’était top ! On naviguait un peu sur un nuage, tout nous souriait. On s’est donc qualifié assez tôt pour les demi- finales. Ce qui est appréciable car en général il faut batailler jusqu’au dernier match… Mais bien sûr tout est remis à zéro à ce moment-là et tout se joue le dernier jour. En demi-finale, nous affrontons Ian Willians dans des conditions de vent parfaites. On gagne notre premier match. Malheureusement, ils gagnent les 2 autres et on ne passe pas en finale… On est déçu car c’était très serré et les 2 équipages étaient vraiment de même niveau. Ca s’est joué sur des détails mais en sa faveur : une faute qu’il commet non sanctionnée et un départ prématuré pour nous lors du match décisif qui nous coûte très cher… On a vraiment l’impression d’avoir loupé des balles de match ! Heureusement, on s’est bien repris lors de la petite finale contre Scott Dickson (le frère du célèbre Chris), on gagne 2-1. Troisième c’est bien après notre 4ème place ici l’an dernier. Il faudra revenir pour faire mieux l’année prochaine !" sourit Mathieu Richard.
Résultats (sur 10 engagés) 1/ Gavin Brady (Nouvelle-Zélande) 2/ Ian Williams (Grande Bretagne) 3/ Mathieu Richard (France) 4/ Scott Dickson (USA)
Equipage : Mathieu Richard (skipper), Greg Evrard (régleur de grand-voile), Philippe Mourniac (tactique), Olivier Herlédant et Thierry Briend (régleurs voiles d’avant) et Yannick Simon (n°1).
Mais alors que l’alizé est bien établi, tous deux sont pessimistes sur leurs chances de rester plus de 48 heures dans le trio de tête.
« ils ont plus d’air dans le sud et un différentiel de deux nœuds de vent suffit », explique Gildas Morvan. « Au nord, on a eu un peu de rotation du vent, mais clairement pas suffisamment. En tout cas pas ce que nous étions venus chercher », ajoute Corentin Douguet. L’apparition du Banque Populaire de Jeanne-Grégoire et Gérald Véniard dans le trio de tête, à moins de 10 milles du leader, n’est pas fait pour rassurer les navigateurs de Cercle Vert et de E.Leclerc-Bouygues Telecom. Visiblement, les partisans de latitudes moins septentrionales s’en sortent mieux. « Je crois que le nord est mort et que la position la plus enviable sur la flotte est celle du Siemens de Marc Thiercelin », ose carrément un Dominic Vittet qui a décidé de « passer une première fois à la caisse». ATAO Audio System a cessé sa plongée vers le sud et en faisant un cap désormais plein ouest, le duo Vittet-Lemonchois a repris près de 30 milles en 24 heures. « Un calcul qui doit sûrement intéresser Marc (Thiercelin) ! » s’amuse Dominic Vittet. Reste que Siemens a tout de même encore plus de 90 milles de retard.
« Rien n’est perdu pour personne », estime de son côté Corentin Douguet, « quand les routes vont se rapprocher, les écarts ne seront pas si énormes et avec 2000 milles restant à parcourir, il peut s’en passer des choses…En tous cas on ne lâchera pas comme ça, c’est pas pour rien qu’on nous surnomme les berniques !». Gildas Morvan, lui, voit carrément « un point de convergence un peu obligé d’ici 48 heures… peut-être même un Porto Santo bis, un troisième départ ! »
La Semaine Olympique Française est de retour ! Pour sa trente huitième édition, la plus célèbre épreuve française de voile légère, s’offre une participation importante : plus de 700 équipages pré inscrits à ce jour soit un bon millier de compétiteurs, représentant plus de 50 nations. Mais plus que la quantité, c’est encore une fois la qualité du plateau qui vaut à la SOF son statut de « Roland Garros » de la voile. Un rapide tour d’horizon des forces en présence suffit à donner le tournis : quatre champions olympiques en titre, autant de champions d’Europe et six champions du monde 2005 sont inscrits cette année. Certains d’entre eux ont même remporté la SOF en 2005. A l’exception de l’Australien Tom Slingsby en Laser Standard, tous les vainqueurs 2005 seront d’ailleurs présents à Hyères. Les 1 000 athlètes se répartissent sur toutes les séries présentes aux Jeux, à l’exception des Stars occupés par leur championnat d’Europe de Printemps à Naples. A ces séries olympiques s’ajoute le 2.4, quillard paralympique. Les medal races, nouveau format de course établi afin d’augmenter la médiatisation de la voile olympique seront mises en place pour la première fois en France. La règle est simple : à l’issue des 5 premiers jours de course, les dix premiers du classement général se rencontrent sur une ultime régate, obligatoire, dont les points comptent double. C’est cette course de 30 minutes qui permettra de révéler le classement final de la SOF 2006. Au rayon des nouveautés, il faudra aussi compter sur la présence de la nouvelle planche olympique : la RS :X qui impressionne déjà par son affluence : 89 inscrits chez les garçons et 52 chez les filles, c’est déjà l’un des supports les plus représentés.
Ils régateront à la SOF :
Laser Champion d’Europe en titre : Paul Goodison (GBR)
Laser Radial Vainqueur de l’édition 2005 : Sophie DeTurckheim (FRA) Championne du monde en titre : Paige Railey (USA) Championne d’Europe en titre : Sarah Steyaert (FRA)
Finn Vainqueur de l’édition 2005 : Emilios Papathanasiou (GRE)
49er Vainqueur de l’édition 2005 : Jan Peter – Hannes Peckolt (GER) Champion d’Europe en titre : Chris Draper / Simon Hiscocks (GBR) Champion olympique en titre : Iker Martinez / Xavier Fernandez (ESP)
470 homme Vainqueur de l’édition 2005 : Gidéon Kliger / Ehud Gal (ISR)
470 Femme Vainqueur de l’édition 2005 : Ingrid Petitjean / Nadège Douroux (FRA) Championnes du monde en titre : Marcelien De Koning / Lobke Berkhout (NED) Championnes d’Europe en titre : Ingrid Petitjean / Nadège Douroux (FRA)
Tornado Vainqueur de l’édition 2005 : Xavier Revil / Christophe Espagnon (FRA) Champion du monde et d’Europe en titre : Fernando Echavarri / Anton Paz (ESP)
Yngling Vainqueur de l’édition 2005 : Sally Barkow / Carrie Howe / Debbie Capozzi (USA) Championne du monde en titre : Sally Barkow / Carrie Howe / Debbie Capozzi (USA) Championne olympique en titre : Sarah Ayton / Sarah Webb (GBR) A noter aussi la présence de Sofia Bakatourou (GRE), championne olympique de 470 à Athènes
Neil Pryde RS :X Homme Champion du monde en titre : Julien Bontemps (FRA) (en raceboard) Champion du monde mistral 2005 : Nicolas Huguet (FRA)
Neil Pryde RS :X Femme "Championne du monde" officieuse RS:X 2005 : Briony Shaw (GBR)(1ere dans la catégorie RS :X au championnat du monde raceboard) Championne olympique en titre : Faustine Merret (FRA) (en Mistral One Design)
2.4mR Vainqueur de l’édition 2005 : Helena Lucas (GBR)
respirante, étanche; T-Core LX; renforts en nylon Oxford aux coudes; 2 poches chauffe-mains doublées polaire avec zips étanches; manchons néoprène aux poignets
Matière : Polyester/T-Core LX/membrane 3 couches
Coloris : gold/navy | chili/navy
Tailles : XS – 3XL
La Salopette Defender :
respirante; étanche; membrane 3 couches T-Core LX; 2 poches chauffe-mains doublées polaire avec zip étanche; renforts en nylon Oxford au fessier, genoux et côtés intérieurs des chevilles
La sécurité Made in Italie : Arimar perpétue la tradition italienne avec les nouveaux radeaux de sauvetage SOLAS :
Arimar, une des entreprises leader en Europe dans le secteur des produits gonflables pour la navigation de plaisance et professionnelle, lance sur le marché la nouvelle ligne de radeaux Deep Sea qui s’adresse à la clientèle professionnelle.
Plus de quinze ans d’experience dans le secteur de la securité en mer ont permis à Arimar de réaliser la ligne Deep Sea, des radeaux conformes aux normes internationales IMO/SOLAS et à la Directive Européenne 96/98EC et aux successifs amendements (marque MED).
Les radeaux Arimar Deep Sea ont obtenu l’homologation sous la supervision du RINA-Registro Navale Italiano et peuvent être employés à bord de toutes les unités navales engagées en navigations internationales pour des buts professionnels ou pour la navigation de plaisance avec des bateaux de longueur supérieure à 24 mètres (Maxi Yachts).
Conditionnés en conteneurs rigides en fibres de verre projetée pour résister aux sollicitations de l’habitat marin, les radeaux Arimar Deep Sea sont disponibles en deux versions : avec conteneur cylindrique “roll” par 6-8-10-12-16-20-25 personnes et, dans les modèles pour 6-8-10 personnes, avec conteneur rectangulaire “flat”, idéal pour satisfaire les exigences d’encombrement réduit et l’attention esthétique typique des Mega Yachts.
Toutes les victoires sont belles, et celle que vient de remporter ABN AMRO ONE à Baltimore, après 5 000 milles de course, n’échappe pas à cette règle. Même si l’on pourrait croire qu’avec 6 victoires sur les 9 manches disputées depuis le coup d’envoi de cette course autour du monde avec escales, Sanderson et ses hommes commencent à s’habituer au succès.
En effet, depuis le départ de la course de Vigo en novembre dernier, sur les 14 opportunités de marquer des points, ABN AMRO ONE, a remporté 11 fois le maximum.
Sur cette manche, la météo a été radicalement différente de celle rencontrée par les concurrents dans les mers du Sud, où les conditions de navigation étaient très proches de la survie et à la limite de l’endurance humaine. Ici, rien de semblable. Chaleur torride, mer chaude, orages tropicaux, vents aussi faibles que capricieux, guerre des nerfs ont été au programme. Avec peu d’opportunités d’option pour se tirer d’un mauvais pas. Le mental et l’expérience ont fait la différence sur cette manche, où la vitesse pure n’a pas vraiment joué.
Avec la pression constante de Movistar, les dernières heures de course ont été éprouvantes pour l’équipage de Mike Sanderson, qui gardait en tête le final d’anthologie qui l’avait opposé à ce même Movistar dans la baie de Wellington et qui avait vu ce dernier l’emporter avec 9 secondes d’avance. Au grand soulagement des hommes d’AMRO ONE, les choses en ont été autrement cette fois-ci et c’est avec 18 milles d’avance qu’ils ont franchi la ligne d’arrivée.
Pourtant Sanderson avait bien mal ouvert le bal en voyant la voile d’avant de son VO 70 s’affaisser sur le pont quelques instants après le départ de Rio, drisse cassée. Heureusement la situation était vite reprise en main et les 20 minutes de retard rapidement comblées. Une fois revenu dans le match, ABN AMRO ONE menait de bout en bout les hostilités de cette 9ème manche, avec Movistar pour seul véritable adversaire.
Avec cette nouvelle victoire, ABN AMRO ONE remporte 7 nouveaux points qui viennent s’ajouter aux 3,5 points empochés au passage de l’île Fernando de Noronha. L’équipage battant pavillon hollandais, sur lequel navigue le Français Sidney Gavignet, voit ainsi son trésor de guerre se porter à 62,5points. Aussi, si mathématiquement la victoire n’est pas encore définitivement acquise à Sanderson malgré ses 22 points d’avance sur Movistar, ABN AMRO ONE peut envisager la suite et fin de cette course autour du monde avec sérénité.
Après une première partie de course très tactique jusqu’à Madère, cette deuxième portion, qui consiste à traverser l’Atlantique, offre moins d’options possibles. Au nord, pour aller au plus court. Ou au sud, pour faire de la vitesse au prix d’une route plus longue. Si en plus les fichiers météo tardent à venir, il ne reste plus qu’à aller tout droit sans se poser de question. C’est une course de petits chevaux. Et toute la difficulté est d’arriver à faire avancer le bateau au plus vite 24h/24. Ne pas se relâcher. Tel est donc le credo des 25 duos encore en course. Lorsqu’on est devant, la motivation vient toute seule. Pas la peine de se forcer. Mais pour les retardataires, c’est plus difficile. Il ne faut pas oublier qu’on est en course. Sans parler de ceux qui ont déchiré un ou deux spis les premiers jours, et qui naviguent désormais avec une épée de Damoclès au-dessus de leur tête. Si leur troisième et dernier spi explose, c’est la cata !
Ils ont dit à la vacation de 5h00 ce matin…
Erwan Tabarly (Cercle Vert), leader ce matin : « ça fait toujours plaisir d’être devant. La plupart ont choisi le sud pour avoir plus de vent. Mais comme on n’a toujours pas de fichier météo récent – le dernier date du 14 à 18h ! – ce n’est pas facile de prendre une option à long terme. Comme on ne sait pas trop ce qu’il va se passer dans une semaine, on reste au centre. On aimerait bien être un peu plus au sud de notre position, mais si on empanne maintenant, le bord vers le sud risque de nous coûter cher. »
Thierry Chabagny (E.Leclerc/Bouygues Telecom), 2e ce matin : « Hier, on a empanné plusieurs fois ensemble avec Cercle Vert dans la journée. Puis Erwan et Gildas sont repartis dans le sud, mais nous n’étions pas très convaincus par ce bord. Pour l’instant, le bord tribord amures est très rapprochant. On surveille ce que font Les Mousquetaires (de Broc/Petit) dans notre nord. J’ai vu qu’ils avaient beaucoup perdu au dernier classement, ce qui n’est pas pour nous rassurer. En fait, on échangerait bien notre position avec Aquarelle.com (Bestaven/Guérin), Brit Air (Le Cleac’h/Troussel) ou Cercle Vert (Morvan/Tabarly). Leur position est moins risquée que la nôtre. Elle risque de payer plus tard. Si l’anticyclone gonfle un peu, nous, on s’arrête. Pour l’instant, on a un vent bien établi, et on file à 8 nœuds de moyenne sur la route. Donc on en profite. »
Ronan Guérin (Aquarelle.com), 3e ce matin: « On est sous un grain en ce moment. Là, le bateau est à 16,4 nœuds sous pilote, c’est le bonheur ! Au-dessus de 20 nœuds de vent, ce bateau est royal. Yannick (Bestaven) dort, et moi je joue avec la télécommande à l’intérieur pour vous parler. Tout le jeu stratégique consiste en ce moment à négocier une dorsale anticyclonique. Comment la contourner ? Au nord, ils pensent pouvoir passer tout droit. Ceux du sud se rallongent la route de façon conséquente. Nous, on reste au milieu. L’avantage, c’est que le système n’évolue pas très vite. Ça nous laisse voir venir. »
« La nuit dernière nous avons passé l’île de Madère, ce fut une sensation vraiment étrange de passer à seulement une centaine de mètres de la plage. On pouvait entendre la musique des discothèques, d’un vendredi soir enflammé, alors que nous étions déjà à regarder la route à suivre pour les 2500 milles restant à parcourir.
Une chose est sûre : c’est bon pour le moral de laisser Madère dans notre dos, maintenant route vers le soleil ! Les deux derniers jours ont été difficiles : notre petit décalage dans l’Est de la flotte ne s’est pas avéré payant. Au passage de la porte à Porto Santo, nous étions seulement en 17ème position. C’est finalement le vent d’Ouest qui a remporté la mise sur le plan d’eau et gâté nos petits camarades de jeu.
La bonne nouvelle c’est que les écarts restent faibles et heureusement la route est encore très longue. Notre motivation est au beau fixe. Nous nous sommes donc lancés dans une course poursuite infernale. Nous sommes confiants. On va bien finir par choisir une bonne option sur cette course, non ? »
Ce mardi, au pointage de 6h48 GMT, le Figaro Brossard se classait 8ème à 37 milles du leader Cercle Vert. Si les écarts se sont creusés ce week-end, la route est encore longue ! Il reste les deux tiers du parcours à effectuer.
Grande nouvelle dans le monde canadien de la voile. En effet, au cours d’une entretien téléphonique tenu le 13 avril, le skipper canadien Derek Hatfield a bel et bien confirmé qu’il compte aligner son bateau sur la ligne de départ du Vendée-Globe 2008.
Le skipper espère d’ici là se qualifier avec son nouveau plan Owen-Clark Open 60 nommé Spirit of Canada. Ce bateau est un sistership du monocoque Ecover de Mike Golding.
Derek Hatfield a également fait part de son intention d’être de la Transat Québec-St-Malo 2008. « Je souhaiterais vraiment prendre part à cette prestigieuse course d’autant plus que Québec célèbrera à cette occasion le 400ième anniversaire de sa fondation. Il serait aussi fortement souhaitable qu’à tous le moins, exceptionnellement, plusieurs Open 60 y prennent le départ. Je comprends bien l’importance de la préparation pour le Vendée-Globe mais le 400ième anniversaire de la ville de Québec est tout de même un évènement majeur qui mérite que les meilleurs skippers soient de la partie. Si les agendas concordent et que les monocoques sont du bon bord de l’Atlantique, je pense qu’il faut faire un effort pour réunir les conditions afin que cette course devienne un très gros évènement impliquant les meilleurs Opens 60. Ce serait vraiment chouette pour la visibilité et le futur de ce sport au Canada, » ajoute-t-il.
Avec la qualification éventuelle de Derek Hatfield, le Vendée-Globe enrichira donc son tableau d’un premier concurrent canadien. On se rappellera que le regretté skipper québécois Gerry Roufs avait pris part à l’édition de 1996 de cette course qui, comme on le sait, s’était terminé dans un épouvantable drame. Le skipper et son bateau disparurent dans une mer démontée le 7 janvier 1997 dans le pacifique sud au large des côtes chiliennes.
Depuis lors, seul le Franco-Québécois originaire de Sherbrooke Benoît Parnaudeau, a réussi l’exploit de terminer cette course mythique. Il est à ce jour le premier et le seul Québécois d’origine à avoir complété le Vendée-Globe en 116 jours 1heure 6 minutes et 54 secondes à la vitesse moyenne de de 8.5 nœuds sur son Max Havelaar-BestWestern.
Deux héros du Vendée Globe aux extrémités – Bertrand de Broc au nord, Marc Thiercelin au sud – et vingt-trois équipages entre les deux, qui plus ou moins sud, qui plus ou moins nord…. Ainsi se présente aujourd’hui la flotte de la Transat AG2R, alors que l’alizé soutenu -15 à 20 nœuds et parfois plus sous les grains- gonfle les spis en même temps que le moral des troupes. Celui-ci est au beau fixe sur E.Leclerc-Bouygues Telecom à bord duquel Corentin Douguet et Thierry Chabagny ont pris la tête ce midi pour 0,3 milles devant le Cercle Vert de Gildas Morvan et Erwan Tabarly… avant de la leur rendre ce soir, pour 0,7 milles. Autant écrire que ces deux là, tous deux partisans d’une route nord, sont quasi à égalité en tête, avec des moyennes similaires de l’ordre de 8 nœuds. « Ça fait plaisir d’être en tête », souriait Erwan Tabarly à la vacation de la nuit. « On voit la vie en rose, en bleu, et quand tu vois la liste des engagés, ça fait plaisir d’être en tête », répondait comme en écho Corentin Douguet ce midi, juste avant de se livrer à l’explication de texte qui s’impose : « au sud, on voit au fil des pointages qu’ils ont un peu plus de pression que nous. Eux, jouent la force du vent, nous la bascule de vent à droite. On aura la réponse d’ici un ou deux jours…»
Toute la question du moment est là. Sachant qu’il faut négocier un anticyclone, où faut-il placer le curseur de l’investissement en milles ? Vaut-il mieux descendre au sud pour le contourner « par-dessous » ou bien tenter de couper le fromage en espérant la rotation du vent ?
Louis Bodin, le météorologue de la course, explique : « les nordistes vont chercher la courbure anticyclonique, c’est à dire l’endroit où le vent va tourner au secteur Est à Sud-Est. Cette rupture de vent arrive plus vite quand on est près du centre de l’anticyclone. Et au contraire elle arrive moins vite quand vous êtes au sud. Les sudistes espèrent toujours un vent plus fort et régulier. A l’extrême nord, Bertrand de Broc et Benoît Petit jouent avec la limite » Dixième nuit en mer
Alors c’est peut-être – on dit bien peut-être – dans un axe médian qu’il faut chercher son salut, comme tendraient à le montrer par exemple la belle trajectoire et les jolies moyennes de bateaux comme l’Aquarelle.com de Ronan Guérin et Yannick Bestaven, le Bostik de Charles Caudrelier et Nicolas Bérenger ou encore le Banque Populaire de Jeanne Grégoire et Gérald Véniard, entre autres. Tous les grands favoris sont toujours dans le match, les Brit Air, Delta Dore, Groupe Bel et autres Veolia croyant dur comme fer en leur étoile, même en l’absence de fichiers de vent depuis 4 jours, avec seulement des cartes météo isobariques à interpréter au moins mal. « Je nous trouve bien placés », sourit par exemple Kito de Pavant, à bord de Groupe Bel (6e à 15,8 milles ce soir), alors qu’Armel Le Cléac’h (Brit Air, 9e à 30 milles) botte en touche : « je ne dirai pas pourquoi nous choisissons de descendre dans le sud, c’est la régate. C’’est secret défense ! » Pour Jean-Luc Nelias sur Veolia, aucune stratégie n’est ridicule : « il faut surveiller de près ce qui va se passer pour les Mousquetaires, E.Leclerc-Bouygues Telecom et Cercle Vert, au nord. Ce n’est pas une place où j’aimerais être, mais personne ne détient la vérité. Chacun échafaude ses stratégies avec le feeling qu’il a à un moment donné et à part pour les Mousquetaires et Siemens, à l’échelle de l’Atlantique les écarts latéraux ne sont pas si énormes. » Au petit jeu des sondages d’opinion à la vacation de ce midi, on sent un léger penchant pour les charmes du sud. On observe par exemple que certains (Gedimat, Roxy, Brit Air), n’ont pas hésité à perdre des milles pour plonger. Mais personne ne se risque à enterrer l’autre trop vite. A l’orée de la dixième nuit en mer, on surveille les pointages tout en sachant que le retour sur investissement des uns et des autres ne se fera pas avant minimum 24 heures et plus sûrement 48 ou 72. « C’est rigolo », s’amuse Bertrand de Broc, «on croit en notre chance car on a une belle carte à jouer qui peut faire mal… dans un sens comme dans l’autre! » A l’autre extrémité de la flotte, avec un peu moins de 100 milles de retard au leader, Marc Thiercelin (Siemens) avoue que ses chances de recoller sont « minces ». Mais pas inexistantes. « Si dans une quinzaine d’heures le vent reste fort, et atteint des différentiels de 3 ou 4 nœuds, alors ceux du nord auront du souci à se faire et nous pourrions attaquer par-dessous. Ça peut peut-être encore passer, aux forceps…». Et quoi qu’il arrive, il reste du chemin. « Il peut encore se passer beaucoup de choses d’ici Saint-Barth’ », rappelle justement Eric Drouglazet (Gedimat), «à plus de 2000 milles de l’arrivée absolument rien n’est joué et c’est pourquoi nous plongeons sud pour tenter notre chance maintenant, en sachant très bien qu’on perd des places au classement mais pour peut-être mieux passer à la caisse plus tard ». On laissera le mot de la fin au leader du soir, un Gildas Morvan en grande forme qui s’inquiète pour nous autres terriens : « mais dites moi, ça doit être palpitant à suivre à terre, non ? »