L’anglais Alex Thomson qui n’a pas prévu de faire escale doit pourtant s’atteler à une tache encore moins réjouissante. Il rencontre en effet de nouveaux problèmes avec l’un de ses enrouleurs de voile d’avant et va devoir grimper en haut de son mât pour effectuer la réparation. Après la tempête des premiers jours, le jeune britannique s’était déjà arrêté à Gijon pour réparer cette avarie qui lui avait coûté une voile. Inquiet à l’idée des surprises que pourraient lui réserver cette ascension le skipper d’Hugo Boss va devoir s’y attaquer rapidement, tant que les conditions plutôt calmes le permettent.
Bernard Stamm, dont la vitesse moyenne sur les dernières 24heures est la plus rapide (14.46 nœuds) ne cesse de creuser l’écart sur son plus proche poursuivant le Japonais Shiraishi qui, aux dernières positions, pointait à 429 milles du leader suisse.
Unai Basurko, en queue du peloton met les bouchées doubles pour rattraper le retard accumulé en raison de la pénalité de 96h (deux fois 48h) que lui ont coûté ses deux escales techniques. A près de 10 nœuds de moyenne sur les derniers 24h le basque était le second bateau le plus rapide de la flotte.
Graham Dalton, A SOUTHERN MAN AGD « Il faut que je résolve le problème que j’ai avec l’un de mes safrans. Si la course faisait escale au Cap alors je continuerai comme ça mais avec des milliers de milles à parcourir avant l’Australie, il faut que je répare. Mon cœur me dit de continuer car je suis seulement à une dizaine de milles de Robin et j’arrive à bien grignoter mais ma raison me dit que je ne peux pas prendre le risque d’avoir des problèmes pour barrer le bateau dans les mers du sud. Ce ne serait pas seulement mettre le bateau en danger, ce serait aussi me mettre en péril. Il faut donc que la raison l’emporte. »
« En ce moment le temps est correct. J’ai près de 12 nœuds de vent Sud-ouest et je fais route sud. Mon soucis de safran ne me ralenti pas. Tant qu’on est là, il faut pousser ou rentrer chez soi ! Ce sont les conditions que nous allons rencontrer avec le bateau qui vont déterminer le lieu exact d’escale. Madère semble pour l’instant être une bonne option. Mais c’est un coup dur après tout ce que nous avons abattu pour arriver si près de Robin. Mais bon il faut se dire que si j’ai réussi à remonter une fois, je vais y arriver une seconde ! ».
Alex Thomson, HUGO BOSS « Bernard est intouchable pour l’instant et je ne m’attends pas à pouvoir le rattraper avant l’Australie. Puisque les résultats de la course sont calculés en temps, ma priorité est de réduire tant que possible l’écart qui me sépare de Bernard. A moins qu’il ait un problème, je ne vois pas d’autre chance pour moi. Si je finis troisième de la course, alors je serai un homme heureux ».
« J’ai quelques problèmes à bord d’Hugo Boss sur lesquels je dois me concentrer et qui vont me forcer à monter en haut du mât. J’ai un enrouleur qui ne fonctionne plus. Les conditions sont idéales pour l’instant avec moins de cinq nœuds de vent donc il faut que je me lance d’ici demain. L’idée d’entrer dans le sud avec une voile qui ne s’enroule pas ne m’enchante vraiment pas. La seule chose qui m’inquiète c’est que le problème que j’ai pendant la tempête se reproduise avec une voile que je ne peux ni affaler ni enrouler, que je dois laisser telle quelle, qui se déchire et devient alors un problème pour le reste du gréement et du mât ».
Côté compétition, la journée fut importante chez les trimarans Orma, avec un Lionel Lemonchois impérial. En état de gâce, le skipper de Gitana 11 a réalisé un empannage optimal sous les Açores et glisse toujours sur des moyennes frisant les 25 noeuds. Il s’est constitué un matelas de 110 à 160 milles d’avance sur ses quatre plus proches rivaux : Pascal Bidégorry (Banque Populaire), Michel Desjoyeaux (Géant), Yvan Bourgnon (Brossard) et Thomas Coville (Sodeb’O), ce dernier étant le seul à être véritablement décalé dans le nord. Et au bout de seulement quatre jours de runs de vitesse, Gitana 11 est déjà à mi-course! Alors que les premiers poissons-volants atterrissent dans les trampolines, il se confirme clairement que le record de Laurent Bourgnon (12 jours et 8h) va être pulvérisé, peut-être dès mardi.
Chez les grands monocoques Imoca, le leadership est plus aléatoire et on assiste à un joli mano à mano entre Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec, leader ce soir) et Sill & Veolia, duel que pourrait bien arbitrer Jean Le Cam (VM Matériaux), qui a réduit de moitié son retard en 24 heures, et qui vient de reprendre la seconde place. Chez les Classe 40, outre le duel Vittet/Morvan, trois bateaux ont décidé de s’arrêter aux Açores pour réparer diverses avaries.
Multicoques 60′ Orma : 110 milles d’avance pour Gitana 11 Au pointage de 16h, Lionel Lemonchois affiche une moyenne qui frise les 25 noeuds sur 4 heures. "On va vite, là je suis à 31,32,33 noeuds…dans deux trois jours on y verra plus clair mais rien n’est fait : en multicoques, 80 milles c’est quatre heures et il en reste 1780 à faire, c’est énorme." Rien n’est joué bien sûr, mais mieux vaut avoir comme Lionel Lemonchois 110 milles d’avance que l’inverse. D’autant qu’hormis encore un empannage à gérer pour enrouler l’anticyclone avant de descendre sur la Guadeloupe, "ça va être une course de vitesse". C’est ce qu’estime Michel Desjoyeaux, 3e à 113 milles sur. De vitesse et de rythme, dans des alizés maintenant tous proches. "On verra qui tiendra le coup", complète le skipper de Géant. Deuxième, Pascal Bidégorry a, lui, un peu moins de 109 milles de retard sur ce même Lionel Lemonchois avec qui il gagna la Transat Jacques Vabre l’an dernier sur son Banque Populaire, et dont il demeure ce soir le plus proche rival. Victime d’un petit souci de pilote automatique, Yvan Bourgnon (Brossard) a perdu un peu de terrain aux Açores la nuit dernière et pointe en 4e position à 154 milles. Mais tous sont sur des route peu ou prou similaires à Gitana 11. Thomas Coville, d’une certaine manière, est le seul à être potentiellement dangereux à moyen terme d’un point de vue stratégique: à l’inverse des pré-cités, il s’est créé un décalage dans le nord qui peut être intéressant, dans l’idéal pour avoir un meilleur angle au vent à un instant T et refaire tout ou partie de ses 157 milles de retard.
Mais c’est derrière ces cinq leaders qu’on a le plus souffert ces dernières 24 heures. Stève Ravussin, sur son Orange Project, est le premier des prétendants à la victoire à devoir s’arrêter : safran brisé après une collision avec un container. Sous voilure réduite, il fait route vers Horta aux Açores pour tenter de réparer, avec l’aide d’une équipe de… Sodeb’O, présente sur place. Malheureux aussi, mais pour d’autres raisons : Franck Cammas et Alain Gautier. Après l’empannage pour se recaler sur une route ouest peu après les Açores, Groupama et Foncia ont tous deux connu les affres d’une dizaine d’heures dans des zones sans vent qui les ont cruellement pénalisés : Franck Cammas est ce soir 6e, mais à 255 milles de Lionel Lemonchois et Alain Gautier est 7e, mais à 322 milles du leader. "Malheureusement, j’ai peu d’espoir", confie le skipper de Groupama. "J’ai un peu les boules", image celui de Foncia. A l’arrière, le dernier tiers de la flotte avec Antoine Koch (Sopra Group), Claude Thellier (Région Guadeloupe Terre de Passions), Thierry Duprey (Gitana 12) et Gilles Lamiré (Madinina) accuse au minimum 435 milles de retard.
Monocoques Imoca Depuis le premier matin de course, Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec) et Roland Jourdain (Sill et Veolia) se partagent la tête de la flotte des monocoques de 60 pieds. Aux commandes depuis mercredi matin, Jourdain s’est fait redoublé par Dick jeudi après-midi, à une centaine de milles des Açores, que les premiers atteindront vers minuit. Le passage de l’archipel n’a pas réussi à certains skippers de multicoques comme Franck Cammas et Alain Gautier, coincés plusieurs heures dans des zones de vent faible. Le trio de tête des monocoques progresse toujours dans un mouchoir de poche à plus de 15-20 nœuds par 30 nœuds de vent. Seulement 22 milles séparent Jean-Pierre Dick de Jean Le Cam (VM Matériaux), en embuscade en 3e place. Vont-ils franchir l’archipel au même endroit ? L’un des trois va-t-il larguer ses adversaires ou bien se faire décrocher ? Quatre jours auront suffi à ce trio pour avaler le premier tiers du parcours. Le rythme pourrait retomber après les Açores où la situation météo semble moins bien établie. Cela pourrait favoriser le retour des retardataires Brian Thompson (Artemis), Dominique Wavre (Temenos II) et Armel Le Cléac’h (Brit Air), classés de la 4e à la 6e place. Anne Liardet (Roxy), 7e à 184 milles, déplorait des problèmes électroniques. Son pilote principale l’a lâchée et la navigatrice est partie quatre fois à l’abattée mercredi soir, perdant une bonne demi-heure à chaque sortie de route.
Monocoques Classe 40 La course de vitesse se poursuit chez les monocoques 40′. Les deux leaders, Dominic Vittet (Atao Audio System) et Gildas Morvan (Oyster Funds), continuent de se livrer une lutte sans merci et de mener la flotte à un rythme d’enfer dans un vent d’est toujours soutenu (20-25 noeuds) qui les pousse à vitesse grand V vers les Açores – au classement de 20 heures, Gildas Morvan avait repris la tête de la flotte. Les bateaux surfent en permanence entre 20 et 22 noeuds depuis ce matin et Vittet affichait une moyenne de 14 noeuds sur les dernières 24 heures ! Il faut donc suivre le rythme et pour beaucoup, outre la fatigue, les petits pépins s’accumulent. Aujourd’hui, François Angoulvant (Fermiers de Loué – Sarthe), victime d’une fissure sur le pont et d’un problème de safran, Cécile Poujol (PACA Entreprendre) dont les voiles sont déchirées et Benoît Parnaudeau (Jardin Bio Equitable) qui a cassé son safran et son safran de secours, continuent leur descente sur les Açores où ils feront escale pour réparer. De son côté, Philippe Legros (Côtes d’Armor – Pierres et Mer), qui a récupéré à son bord Charlie Capelle après son chavirage hier après-midi, poursuit sa route vers Horta où il laissera le skipper du trimaran Switch.fr.
Multicoques Classes 2 et 3
Multi Classe 2: Crêpes Whaou ! aux Açores ce matin. En 50 pieds multi, au 4ème jour de course, l’allure reste soutenue au portant, dans une mer formée. Franck Yves Escoffier (Crêpes Whaou !) continue sa progression, seul en tête de flotte, le trimaran était, à 9 heures ce matin, à proximité des Açores. Derrière, la bagarre fait rage, tandis que les plus petits multis ne sont plus que deux en course. « Je vais envoyer le gennaker pour empanner, je suis au nord de l’île Sao Miguel. Il y a 25 à 30 nœuds de vent dans une mer bien formée, mais c’est gérable, ça passe bien. Cette nuit, je me suis même offert trois fois une heure de sommeil. Le luxe. J’avais rempli de 200 litres d’eau le ballast arrière, un ris dans la grand voile et solent. Il faut être prudent. Je descends à une moyenne de 20 nœuds vers la dépression située à l’ouest des Açores » expliquait Franck Yves Escoffier ce matin à la vacation.
Multi Classe 3 : Ils ne sont plus que deux multi classe 3 en course après le chavirage de Charlie Capelle (Switch.fr) hier au large du Cap Finisterre et les deux skippers (Pierre Antoine sur Imagine et Ross Hobson sur Ideal Stelrad) sont un peu refroidis par la fortune de mer de leur ami Charlie. « C’est un sale coup pour Charlie, explique Pierre Antoine, c’est un ami proche et j’étais inquiet jusqu’à ce qu’on le récupère” confie Pierre Antoine. Ross Hobson exprime aussi son soulagement quant à l’issue de la mésaventure de Charlie. « Aujourd’hui, ça va mieux, le moral et les conditions ; La mer est moins hachée, je vais essayer de revenir sur Imagine et me concentrer sur la navigation. J’ai dû réduire hier parce je me suis fait quelques belles frayeurs ».
Monocoques Classes 1, 2 et 3: Pierre-Yves Guennec (Jeunes Dirigeants) creuse l’écart, Il va plus vite et plus régulièrement que ses petits camarades. En 24 heures, son monocoque aura parcouru 222,3 milles quand Arnaud Dhallenne (TAT Express) en réalisait 50 de moins. Michel Kleinjans (Roaring Forty) et Régis Guillemot (Charter Régis Guillemot Martinique) s’échappent en classe 3 mono, et lâchent leurs poursuivants. Derrière la bataille se poursuit entre deux bateaux, Dangerous When Wet et Fantasy Forest, Didier Levillain, skipper de A Fond Contre la Spondylarthrite ayant déclenché sa balise de détresse. Il est à bord de son bateau alourdi par une voie d’eau. Les pompes du bord n’arrivent pas à étaler cette voie d’eau, alors que le bateau de Didier Levillain est à environ 160 milles au large du Cap Finisterre, dans une zone contrôlée par le MRCC Falmouth. Un navire de commerce se porte à son secours.
Monos Classe 2 Kip Stone (Artforms) continue de faire cavalier seul, loin devant ses trois autres adversaires. Servane Escoffier (Vedettes de Bréhat Cap Marine), 2e à 113 milles, a perdu son petit spi hier soir.
De fort bonne humeur, Lemonchois qui, comme ses plus proches poursuivants au classement établi à 4h, Banque Populaire à 26,4 milles, Géant à 32 milles, Brossard à 52,5 milles et Groupama 2, plus au nord, à 78,4 milles, a encore accéléré l’allure. Il naviguait en fin de nuit « entre 25 et 30 nœuds, sur une mer plutôt clémente ». Une allure confortable pour l’homme et le bateau. Cependant, le Normand, après avoir expliqué que son multicoque progressait « sur un foil », est revenu sur un incident qui l’a amené, bien malgré lui, à jouer les funambules mardi en pleine nuit : « j’ai failli me mettre sur le toit dans la bascule de noroît il y a 24 heures, beaucoup plus de ma faute que celle du bateau qui s’est mis sur la tranche. J’ai tout choqué en grand. J’ai attendu quelques secondes pour voir si le bateau redescendrait. C’est la première fois que ça m’arrive sur ce bateau. Mais je n’ai pas eu le temps d’avoir peur. Ca ne m’a pas calmé du tout ». Interrogé sur l’heure de son passage aux Açores, il s’exprima ainsi lors d’une liaison radio à 5h ce matin : « J’allume ma télé. Elle me parle de moins de 12 heures pour être aux Açores ».
Roland Jourdain (Sill et Veolia) ne dissimulait pas davantage son plaisir d’occuper la tête de la flotte des monocoques IMOCA : « Je ne suis pas loin du pilote pour régler dans un vent instable. On a bien bossé depuis le départ. La glisse au portant, c’est physique ». Jourdain a pu dormir d’abord 1h30, puis deux fois 20 minutes depuis le départ dimanche à Saint-Malo. Il vit donc dans « une ambiance régate pique-nique » et n’a pas encore eu le loisir de prendre un repas chaud. Il demeure sous la menace de Virbac–Paprec, qu’il a délogé de la première place et qui demeure cependant en embuscade à 7,8 milles.
Franck-Yves Escoffier (Crêpes Whaou !) ne s’attarde pas davantage en route. Il a déjà creusé un écart de plus de 100 milles sur Trilogic. S’il a réduit la toile pour se reposer quelques temps, il s’apprêtait à repartir voile haute avec son grand gennaker au lever du jour.
Yvan Bourgnon (Brossard) évoquait enfin un « bonheur à l’état pur. De la glisse et encore de la glisse, c’est de la folie, des conditions de rêve. » Mais, revers de la médaille, la vigilance requise dans ces conditions qu’il qualifiait de « haute voltige » ne lui permettaient guère de s’assoupir. De plus, comme le soulignait Alain Gautier (Foncia), le vent instable associé à la houle perturbait les réglages. Autant dire que la fatigue gagnait tous les skippers, à l’exception de Lemonchois, qui se décrivait en grande forme. Info ou intox ? Jamais, par le passé, la Route du Rhum n’avait offert de telles conditions météo pour partir à la chasse aux records que la grande majorité des marins imaginent d’ores et déjà en très grand danger.
Alors, apparemment tu as pris beaucoup de plaisir cette nuit ? C’était la guerre ! Ca déménageait comme j’aime ! J’ai envoyé la poudre toute la nuit ! J’ai pu dormir en plus, le bateau glisse tout seul ! C’est vraiment l’extase.
Lionel Lemonchois (Gitana 11) a failli se mettre sur le toit cette nuit, et toi ? Pas de problème particulier ? Non pas de souci, c’est chaud mais je ne suis jamais dans le rouge.
Es-tu surpris par le classement actuel ? Gitana 11 devant, Sodebo et Groupama derrière… Non ça ne m’étonne pas de Gitana, il a le meilleur bateau pour ces conditions. Thomas et Franck ont des conditions plus clémentes.
Tu te sens comment physiquement ? Depuis le départ tu as été à fond ou tu en as gardé sous le capot ? Au top ! J’ai dormi 4h cette nuit sous pilote automatique. Le plus dur est de dormir sans lâcher l’écoute. Je fais attention, je réduis toujours la voile avant, je dors pour récupérer… Wouah 34 noeuds en ce moment ! Je prends un pied monstrueux ! T’imagine je suis au téléphone, et je fais des pointes à 34 nœuds, c’est magnifique !
Penses-tu que le passage aux Açores peut-être décisif ? Oui, il y a des coups à faire.
As-tu un plan de bataille pour réduire ton retard de 50 milles sur Gitana 11 ? Actuellement je me trouve dans l’Est, et j’aimerais être plus à l’Ouest, Gitana et Géant sont bien positionnés, j’essaie de me recaler. Jean-Luc Nélias, mon routeur, fait un super boulot, jusqu’à présent on a fait aucune erreur.
As-tu un mot pours les gens qui te suivent (amis, famille, partenaires) ? Je remercie toute l’équipe, le bateau est complètement prêt, j’ai l’impression qu’on m’a fait un cadeau, tout marche nickel. Je reçois beaucoup de messages qui me font chaud au cœur. J’ai envie de me défoncer, de tout donner pour tout ceux qui me soutiennent. D’arriver au bout et d’avoir le sentiment d’avoir donné le maximum de moi-même.
La si redoutée traversée du Golfe de Gascogne ne sera bientôt plus qu’un lointain et bon souvenir pour les bateaux en tête de la flotte des monocoques de 60 pieds. Lointain, car, vitesse oblige, les marins sont déjà tout à l’étude de leur franchissement de l’archipel des Açores, et heureux souvenir car depuis les Scilly, à la pointe occidentale de la Cornouaille anglaise, les solitaires s’en sont donnés à cœur joie, trouvant dans leurs voiles et sous leurs étraves toutes les composantes d’une navigation sans heurt, propice à la vitesse et au plaisir pur. « On a tout fait sur un bord cette nuit » se réjouit Le Cam. Compétiteur forcené, il tempère aussi cette idyllique vision par l’évocation de la seule problématique qui l’intéresse vraiment : comment rejoindre puis dépasser les deux compères qui le précèdent sans montrer le moindre signe de faiblesse depuis le départ. « Je connais ces deux « clients » raconte-t-il, « et je ne suis pas surpris de les voir en si bonne posture. Nous sommes tous à l’attaque mais il semblerait que ça reparte toujours par devant… pour l’instant ».
Plus suivi que suiveur… Philosophe, Le Cam recentre ainsi toute son énergie sur sa propre route. « Cela finira bien par rentrer un peu de l’arrière » s’amuse-t-il. La course ne fait en effet que commencer. 2 800 milles nautiques de surprises océaniques attendent encore les concurrents. « Il reste encore des coups à jouer. Cela va bouger » conclut il, un brin laconique. La Route du Rhum, route du sud et du soleil tient pour l’instant toutes ses promesses de sport et d’aventure. Jean Le Cam s’en réjouit. Le bonhomme se verrait mieux suivi que suiveur. Ceux qui le connaissent savent pourtant qu’il n’est jamais aussi redoutablement efficace que lorsque d’autres sillages que le sien blanchissent la tête de course…
La flotte nipo-britannique, lancée à la poursuite de Bernard Stamm, avait retrouvé un peu d’espoir ce matin. Cheminées Poujoulat, qui fait toujours cavalier seul en tête depuis maintenant 11 jours, a buté la nuit dernière dans une zone de « molle » au niveau des îles du Cap Vert. Bernard Stamm a été pointé 4 petits nœuds de moyenne. Les trois chasseurs, qui profitent de plus de pression derrière, pensaient profiter de cette petite baisse de régime pour combler leurs écarts et tenter de revenir sur le leader incontesté de cette première étape de la Velux 5 Oceans. Kojiro Shiraishi, Spirit of Yukoh, – à 8 nœuds plus au Nord, espérait pouvoir passer sous la barre des 200 milles de retard aujourd’hui. Mike Golding, Ecover, et Alex Thomson, Hugo Boss, qui naviguent dans le Sud-Ouest des Canaries, voyaient aussi dans la petite baisse de régime de Bernard Stamm, une occasion de refaire une partie du formidable retard accumulé sur la première semaine de course. Mais dès cet après midi, Bernard avait retrouvé de la pression et c’est maintenant au tour de ses poursuivants de voir leur vitesse commencer à fléchir. De nouveau à 10 nœuds de moyenne, Cheminées Poujoulat affirme une nouvelle fois son leadership. Mike Golding, qui est passé sous la barre des 500 milles de retard, estime que dans la zone du Pot au Noir, à une telle distance du leader, que « ces gains ou ces pertes de quelques milles ne sont pas réellement significatifs ». La zone de l’Equateur étant un endroit compliqué où tout peut arriver. Pour le moment l’adversaire direct de Golding est bien son compatriote Alex Thomson. Car si Golding a repris quelques milles aux deux leaders, il a surtout augmenté la distance qui le sépare de Thomson. Ecover ayant maintenant 100 milles d’avance sur Hugo Boss. Loin derrière, par le travers de Gibraltar, Sir Robin Knox-Johnston, SAGA Insurance, est talonné par le 50 pieds, A Southern Man – AGD de Graham Dalton. Le Basque, Unai Basurko, Pakea, après un deuxième arrêt de 48 heures pour réparer ses pilotes est de nouveau en course, par le travers de Vigo (Espagne).
Pascal Bidégorry (Banque Populaire), lui, a bataillé avec un problème de safran après avoir heurté un ofni, mésaventure sans gravité arrivée aussi au Géant de Michel Desjoyeaux. Le leader Lionel Lemonchois a avoué ce matin que dans le passage du front voilà 36 heures, il avait "bien failli se mettre sur le toit". Gilles Lamiré (Madinina) va s’arrêter aux Açores pour réparer son vît-de-mulet brisé. Autant de rappels à l’ordre. On ne traverse décidément pas l’Atlantique en solitaire comme on va chez son boulanger. Malgré des conditions inédites et idéales de vent portant, "le Rhum" reste une aventure.
Côté compétition, les pilotes des multicoques sont déjà en approche des Açores, toujours à grande vitesse : quatre bateaux sur 12 affichent des moyennes supérieures à 500 milles par jour ! En tête, le très solide Lionel Lemonchois (Gitana 11) est flashé à 28 noeuds et affiche ce soir une avance estimée à une soixantaine de milles sur ses trois plus sérieux rivaux du moment : Pascal Bidégorry (Banque Populaire), Yvan Bourgnon (Brossard) et Michel Desjoyeaux (Géant), tous trois dans un mouchoir de poche pour le fauteuil provisoire de dauphin. Mais la problématique du jour est surtout de trouver le bon dosage entre récupération, prise de risque et pilotage de haut vol. Chez les monocoques Imoca, Roland Jourdain (Sill et Veolia) tient tête à Jean-Pierre Dick et Jean Le Cam (VM Matériaux). En Classe 40, Gildas Morvan (Oyster Funds) a pris une légère avance sur Dominic Vittet (Atao Audio System). En multi 50, le Crêpes Whaou! de Franck-Yves Escoffier fait toujours cavalier seul.
Multicoques 60′ Orma : Açores et pas tous à travers Les trimarans Orma sont aux Açores, où on assiste à une première séparation de trafic, entre ceux qui vont passer à l’intérieur de l’archipel, au sud de Sao Jorge, et ceux qui vont les franchir au nord. Le premier groupe "inter-îles" est emmené par le solide leader Lionel Lemonchois (Gitana 11) à qui emboîtent le pas Yvan Bourgnon (Brossard, 3e à 59 milles) et Michel Desjoyeaux (Géant, 4e à 61 milles). Dans du vent d’est toujours soutenu de l’ordre de 20 à 25 noeuds, ça glisse fort – Lionel Lemonchois est flashé à 28 noeuds de vitesse instantanée – et parmi les quatre bateaux de tête, seul Géant affiche une moyenne légèrement inférieure à 500 milles par jour, alors que Gitana 11 n’a plus "que" 2300 milles à courir d’ici la Guadeloupe. "J’ai pris un ris car la mer s’est formée et il ne faut pas attaquer à 30 noeuds dans ces cas-là", expliquait Michel Desjoyeaux ce midi. Dans le groupe de ceux qui laisseront très probablement tout l’archipel à bâbord, on trouve le 2e de la flotte, Pascal Bidégorry (Banque Populaire), Franck Cammas (Groupama, 6e à 105 milles), et Thomas Coville (Sodeb’O, 5e à 76 milles). Sur Foncia, Alain Gautier pointe en 7e position à 148 milles et a encore le choix, même si sa route semble indiquer qu’il passera à l’intérieur des Açores. Dans une très courte liaison, Alain Gautier a indiqué que "les conditions étaient idéales pour la glisse", ce qu’Yvan Bourgnon a traduit de son côté par un révélateur : "je m’éclate comme un gamin!" Mais la problématique du jour est inhérente à la glisse et à la finesse de pilotage au bout de trois jours de mer sans avoir beaucoup dormi. Où placer le curseur-rythme sans friser la correctionnelle, comme n’a avoué qu’aujourd’hui le leader Lemonchois qui a bien "failli se mettre sur le toît" lors du passage du front mardi matin, mais n’a "pas eu le temps d’avoir peur". Côté météo, le flux d’est soutenu devrait tourner au nord-est en devenant plus instable cette nuit, imposant vraisemblablement aux trimarans un nouvel empannage vers l’ouest. Il y aura donc des décisions à prendre relativement rapidement. Rien n’est joué : à 20 noeuds de vitesse, une avance de 60 milles ne représente que 3 heures. Pas grand chose à l’échelle Atlantique. A noter encore que Gilles Lamiré, 12e et dernier des grands trimarans, va s’arrêter aux Açores pour réparer sont vît-de-mulet brisé.
Monocoques Imoca La course bat son plein chez les monos 60 pieds, actuellement bien au large du Cap Finisterre. Leader lors des deux premiers classements lundi matin, Roland Jourdain (Sill et Veolia) s’était ensuite fait subtiliser la première place par Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec), qui est resté près de 48 heures aux avant-postes. Cette nuit, Roland Jourdain a prolongé son bord plus à l’ouest que son adversaire direct qui est parti vers le sud. Conséquence, Bilou est repassé en tête et ne cesse depuis de creuser son avance. Une mésaventure survenue à Jean-Pierre Dick l’y a un peu aidé aussi. Le skipper de Virbac-Paprec a heurté un objet mou en début de soirée mardi. Stoppé de 15 à 4 nœuds, Jean-Pierre Dick n’a pas réussi dans un premier temps à se défaire de cet objet encombrant – peut-être un mammifère marin ? – et a plongé sous la coque sans résultat (voir ils ont dit). A 17-18 nœuds de moyenne, le rythme est de plus en plus élevé et les écarts se creusent rapidement. Brian Thompson (Artemis), 4e, pointe à près de 100 milles du nouveau leader alors que Philippe Fiston (Adriana Karembeu Paris), dernier des dix monocoques encore en course, accuse déjà 300 milles de retard. Le Guadeloupéen a annoncé aujourd’hui ne plus pouvoir affaler son gennaker, désormais roulé et fixé le long du mât. Il pense faire escale vendredi aux Açores pour pouvoir monter en tête de mât décoincer la voile.
Monocoques Classe 40 Ce mercredi après-midi, Gildas Morvan est toujours en tête de la flotte des Classe 40 – avec désormais 19 milles d’avance sur Dominic Vittet – qui fait actuellement route directe vers le nord des Açores, poussée par une bonne brise d’est soufflant entre 20 et 25 noeuds. Dans la soirée, les conditions devraient continuer de fraîchir. Une perspective loin de déplaire aux skippers d’Oyster Funds et Audio Atao System qui se livrent une belle bagarre depuis 24 heures. A noter par ailleurs que Marc Lepesqueux, qui avait annoncé hier soir son abandon suite à la casse de son safran bâbord, a finalement décidé de reprendre la course. Le skipper de Siegenia – Aubi quittera Brest dès que son nouvel appendice sera installé.
Multicoques Classes 2 et 3 Multi Classe 2 : Il cavale Franck Yves Escoffier sur son trimaran 50 pieds Crêpes Whaou !, le vent, trois quart arrière, le pousse sur la route directe à des vitesses atteignant 25 nœuds. Derrière, Trilogic (Eric Bruneel) ne lâche rien, même si les écarts commencent à se creuser (125 milles ce matin).
Monocoques Classes 1, 2 et 3 Mono Classe 3 : Michel Kleinjans, le skipper flamand garde le leadership Régis Guillemot (Charter Régis Guillemot Martinique) est toujours à la poursuite de Michel Kleinjans (Roaring Forty) qui le distance de peu (12,7 milles à 16 heures). Mono Classe 2 : Chez les monos Classe 2, l’Américain Kip Stone (Artforms) augmente continuellement son avance sur Servane Escoffier (Vedettes de Bréhat Cap Marine) et les deux autres concurrents de cette classe. Mono Classe 1 : Pierre Yves Guennec toujours en tête Jeunes dirigeants porte bien son nom, puisque depuis le départ de la Route du Rhum – La Banque Postale, le monocoque de Pierre Yves Guennec n’a pas quitté la tête de sa flotte. Derrière, son ami Dhallenne (TAT Express) piaffe tandis que l’écart se creuse (35,9 milles à 16 h).
«Pour moi, le Rhum est naturellement quelque chose de particulier… Mon père le courait, nous habitions aux Antilles, c’était mon environnement naturel de petite fille. J’ai dû assister à toutes les arrivées en Guadeloupe. La première, j’avais 6 ans et je me souviens très bien de l’image de Malinovsky et de Mike Birch – j’étais à bord d’une vedette avec ma mère – c’est resté gravé dans ma mémoire. Même si à l’époque, je n’avais aucune idée de l’importance que cela avait… Rien que le fait de percevoir l’excitation de tous les adultes autour de cette arrivée me laissait quand même envisager qu’il se passait quelque chose de pas banal. C’est après, avec l’âge, que l’on se rend compte que l’on a vécu des moments incroyables !
Si je me souviens bien, mon père avait abandonné cette première édition sur problèmes de pilotes… Je me souviens aussi du contraste entre la chaleur des Antilles où nous vivions et la pluie et la grisaille de Saint Malo ! Ce qui a été valable pour l’Ostar aussi. A bord d’Umupro Jardin, mon père a fait une bonne place en 1982 (8ème, ndlr), et si j’ai quelques souvenirs de son arrivée, je garde surtout en mémoire la période qui a suivi : nous nous sommes baladés pas mal aux Antilles, je pense que c’est à ce moment-là que j’ai fait mes premiers bords à la barre d’un multicoque… avec la sensation de vitesse et les embruns que cela implique – même si le bateau devait plafonner à 25 nœuds, on se faisait déjà pas mal rincer !
Je n’ai jamais eu, comme beaucoup d’autres, de posters du Rhum dans ma chambre, ce n’était pas un rêve de gosse… Les pontons, les marins, tout ça c’était ma cour d’école, et plein de tontons ! C’était ma vie, point. Plus tard, l’émotion ne s’est pas dissipée et l’arrivée de Florence en 1990 a été un grand moment. A l’époque, j’étais stagiaire dans une boîte de production (en métropole, ndlr), à 18 ans je débutais ma vie active. Ma mère m’a appelée en me disant ‘Florence arrive, elle va gagner, il faut qu’on y aille’. J’ai prévenu les gens avec qui je travaillais que je partais une semaine – pas comme si je leur avais vraiment donné le choix. En atterrissant, nous n’avons pas eu le temps d’aller sur l’eau, elle était déjà à terre… Et il y a eu un moment fabuleux : juste avant de monter sur le podium, Florence m’aperçoit dans la foule, vient me prendre la main, et s’assoit tout simplement. Ça a immédiatement calmé le jeu, car il régnait une drôle d’excitation, tout le monde disait qu’elle était malade, qu’il fallait l’emmener à l’hôpital (ndlr, peu avant son arrivée, Florence Arthaud avait en effet dû lutter contre une hémorragie) – bref, tout un tas de bruits de pontons plus ou moins fantaisistes avaient circulé. Dans cette bousculade totale, le moment de pause a permis de tout faire redescendre sur terre… Je crois que c’est mon plus beau souvenir d’arrivée.
Florence était une très bonne amie de la famille, Philou (Poupon) aussi. A cette époque-là, la voile c’était un clan… Je dirais que cela a un peu changé avec la période Bourgnon, car à la fois cela correspond à une plus grande professionnalisation, mais aussi à l’arrivée d’une nouvelle bande. Plus tard, cela a été mon tour ! Et là, tout ce qui est sympa lorsque tu es spectateur – les au revoir, le passage des écluses etc. – tout de suite c’est nettement moins drôle ! Beaucoup de préparation, un vilain trac… et un débordement d’émotion pas facile à gérer. Soit tu craques et tu pleures, soit tu tiens le choc mais à ce moment-là tu ne le vis pas vraiment. La pression est énorme. C’est un trop-plein de gens, d’amour, de tout… pour te retrouver une heure après complètement seule sur ton bateau ! La transition est violente, même si tu as hâte de partir."
Aussi calme que de coutume, Desjoyeaux a expliqué que, si l’allure de la flotte s’est sérieusement accrue, pour excéder pour certains 25 nœuds, le vent n’a pas été trop violent. « Il n’a effectivement pas été très fort. Tout juste une rafale à 30 nœuds quand le nord-ouest est rentré. Un temps maniable », a-t-il expliqué. Il a par ailleurs avoué ne pas avoir trop su « jusqu’où aller » lors du passage du front. Il s’est fixé pour objectif de continuer sur ce rythme : « Jusqu’ici, j’ai fait ce qu’il fallait. Je dois continuer sans rater une option ». Desjoyeaux, qui se réjouit d’être en bonne forme, a évoqué « une petite décision intéressante à prendre en fin de journée » sans, bien entendu, plus de précisions. Jean-Pierre Dick préfère pour sa part ignorer la position de ses poursuivants. « Je dois gérer avant tout mes problèmes. Le classement, c’est annexe. Rien n’est acquis », dit-il sagement. « Dix milles d’avance, c’est rien. » Il passe l’essentiel de son temps à la table à cartes et au winch et qualifie de « physique » le début de course. L’Anglais Ross Hobson, en tête des multis classe 3 à la barre d’Ideal Stelrad, ne le démentira pas. Il s’est dit épuisé, lors de la vacation matinale au PC presse. « C’est très dur, je n’ai pas dormi avec les bascules de vent. Le bateau est impeccable mais je suis très fatigué », a-t-il confié d’une voix lasse. Dominic Vittet (Atao Audio System) est apparu enjoué. Le nouveau leader des monos Classe 40 a fait, momentanément, la différence à la sortie de Bréhat : « Je suis allé au large. Le but du jeu consistait à aller chercher le vent. Je suis désormais le plus nord-ouest. J’ai pas mal dormi ». Dans ce qu’il appelle « le jeu du placement », il estime avoir marqué des points. Toutefois, dans sa classe, moins de 20 milles séparent les 7 premiers. La famille Escoffier a également été à l’honneur aux premières heures du jour. Loïc (Deléage et Diazo) a fait savoir qu’il se déroutait vers le Finistère en raison de problèmes de pompe de refroidissement. Servane (1er mono classe 2) se disait pour sa part que « la route est longue » et elle imaginait un rapide retour au premier rang d’Arforms, plus rapide d’1,5 à 2 nœuds au portant. Troisième Escoffier au départ, Franck-Yves (multi classe 2 Crêpes Whaou !) a fait part de sentiments partagés. Très déçu pour Loïc, il avançait pour sa part à 17-18 nœuds. Histoire de devancer comme il se l’est promis les grands monocoques… Enfin, victime d’un démâtage, Vincent Riou (PRB) a mis le cap sur la Bretagne.
De 15 à 25 nœuds de vent de nord-est à est, pour les multicoques, de semblables conditions favorables pour le reste de la flotte, telles sont les prévisions météo pour mardi.
Alors comment ça va ? Je suis un peu fatigué quand même, j’ai pas arrêté de manoeuvrer toute la nuit, je n’ai pu dormir que 2 fois 30 minutes, le vent a molli, soufflé, remolli, mais tout va bien.
Du côté de ton allure, ça donne quoi ? J’ai fait 100 milles à 25-30 noeuds, avec une pointe à 35 nœuds !
As-tu négocié exactement la bascule comme tu souhaitais ? Ca va, le vent est bien rentré, les flux sont normaux, ça glisse bien, j’ai 10 à 20 nœuds de vent, on gère bien les phénomènes (« on »en référence à son routeur Jean-Luc Nélias) .
Tu es le plus au Nord en compagnie de Michel Desjoyeaux, comment sens-tu la suite ? Optimiste ? Je m’en sors pas mal du tout pour l’instant, je suis assez content de mon début de course. La course est loin d’être finie, rien n’est joué, on est au coude à coude, à part 2-3 qui sont en retrait.
Rien de spécial à signaler ? Hier, je sais pas ce qu’il se passait, j’ai été accompagné par des dauphins toute la journée, j’en ai jamais vu autant de ma vie !
Aujourd’hui mardi, le vent risque de tourner en cours de matinée vers le secteur Nord-Est à Est entre 15 et 25 nœuds. Les trimarans devront donc faire un nouvel empannage pour reprendre une route vers le Nord des Açores. Il n’y a plus beaucoup de choix de route, d’où l’importance de soigner le moment de l’empannage pour gagner quelques milles.