vendredi 12 décembre 2025
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La chaleur et le plaisir de la glisse retrouvés

Safran au large
DR

Au fur et à mesure que les marins s’éloignent d’un port de départ, laissant souvent un climat automnal derrière eux, et gagnent dans le Sud Ouest, ils trouvent des conditions de navigations qui se conjuguent entre chaleur et plaisir absolu de la glisse à bord de leurs belles machines. Et forcément, ce sont presque toujours les premiers qui bénéficient de ces bouleversements attendus. Les témoignages de marins comme Marc Guillemot ou Kito de Pavant sont là pour le confirmer. La vie devient plus facile et plus agréable à bord des destriers en carbone, quand les manœuvres se font sur le pont en étant libérés des entraves qui peuvent constituer les cirés et autres vêtements chauds.

Côté course, on ne laisse rien au hasard et à la contemplation. Relativement serein, le leader du moment, Marc Guillemot, affichait ce matin la confiance des grands jours, estimant, qu’à moins d’un pépin ou d’une casse, le podium de cette Transat Jacques Vabre allait se jouer entre le duo qu’il forme avec Charles Caudrelier Bénac, Kito de Pavant et François Gabart et enfin Mike Golding et Javier Sanso. Sur le papier, force est de constater que la théorie du marin de Saint-Philibert est plus que fondée. Mais est-il bien raisonnable d’envisager une seule seconde que les compétiteurs acharnés que sont Michel Desjoyeaux et Jérémie Beyou ont décidé de rendre les armes et de ne pas entrer dans cette lutte pour une place d’honneur ? Certes à ce stade du jeu, le défi paraît difficilement surmontable, mais une fois paré l’arc Antillais, les opportunités les plus folles pourraient se présenter à tous.

Difficile d’appliquer la même philosophie à la flotte des Multi50, tant le delta est grand du point de vue de la performance des bateaux. Il est en effet aujourd’hui inconcevable pour Victorien Erussard et Loic Fecquet ou Lalou Roucayrol et Amaiur Alfaro, de venir titiller les flotteurs de Crêpes Whaou ! Mais si le tenant du titre fait cavalier seul en tête, déployant actuellement tout le potentiel de cette nouvelle monture, derrière, la bagarre pour la deuxième place n’est pas dénuée de sel et enthousiasme manifestement ses protagonistes.

Ils ont dit…

Marc Guillemot – Safran 1er au classement de 5 h
« C’est agréable : on n’est plus en ciré et on peut passer du temps dehors mais on va moins vite. Ça nous permet de nous aérer et de se balader sur le pont. On a encore des affaires qui sont humides mais pas beaucoup : à mon avis demain on aura tout séché. On surveille de près les camarades qui sont juste derrière nous : Groupe Bel et Mike Golding. Si il n’y pas de casse, la course se joue désormais entre nous trois : les autres sont trop loin.. »


Loic Fequet – Guyader pour Urgence Climatique 2ème au classement de 5h
« On a enfin retrouvé des conditions agréables, on ne met plus de ciré ! Tout cela nous permet de faire des pointes à 18 nœuds. Lalou et Amaiur sont encore derrière nous : pour l’instant ils ont du mal à nous suivre. Il faut dire aussi que notre bateau marche bien au portant… »

Kito de Pavant –Groupe Bel – 2ème au classement de 5h
« C’est les Tropiques ! Maintenant on marche à 18 nœuds et rien que le fait de sortir du bateau et de ne pas avoir des vagues sur la tête à chaque fois qu’on est dehors, c’est un vrai bonheur ! Cela nous était arrivé seulement au Havre, au départ. La mer s’est donc nettement calmée depuis hier soir et on espère faire sécher tout ce qui est encore humide. Ce soir il va peut–être y avoir une option à jouer. On essaye de se décaler plus au Sud. Au Nord il y a une zone de vent faible et on voudrait l’éviter. On essaiera d’être plus vent arrière en approchant des Antilles. C’est une course de vitesse ».

Classement de 8 heures
Monocoques
1 SAFRAN Marc Guillemot – Charles Caudrelier Benac à 1923,6 milles
2 GROUPE BEL Kito De Pavant – François Gabart à 40,6 milles
3 MIKE GOLDING YACHT RACING Mike Golding – Javier Sanso à 104,4 milles

Multicoques
1 CRÊPES WHAOU ! Franck Yves Escoffier – Erwan Leroux à 2260,3 milles
2 GUYADER POUR URGENCE CLIMATIQUE Victorien Erussard – Loic Fecquet à 945,9 milles
3 REGION AQUITAINE-PORT MEDOC Lalou Roucayrol – Amaiur Alfaro à 1009,6 milles

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Les Kiwis face aux Russes en demi-finale

Synergy à Nice
DR

Une fois n’est pas coutume, le vent n’est pas apparu dans la Baie des Anges pour le dernier match en retard du Round Robin 2 entre Emirates Team New Zealand et Synergy. Qu’importe, puisque les demi-finalistes étaient déjà connus lundi soir. Au cours d’une conférence de presse sur le village du Louis Vuiton Trophy, dans le port de Nice, Dean Barker, le skipper néo-zélandais a eu le privilège de pouvoir choisir son adversaire. A défaut de les avoir rencontrés mardi, les Néo-Zélandais retrouveront les Russes jeudi en demi-finale. « Ce n’est jamais facile de devoir choisir son adversaire pour les demi-finales, a reconnu Dean Barker avant de révéler son choix. Mais il faut prendre une décision. Alors, on choisit l’équipe contre laquelle on se sent le plus fort. » Emirates Team New Zealand avait battu Synergy lors du premier Round Robin.

L’autre demi-finale opposera donc les Italiens d’Azzurra aux Britanniques de Team Origin. Lors du premier Round Robin, les Italiens s’étaient imposés après avoir été menés. Ces demi-finales se disputeront en deux matchs gagnants jeudi et vendredi. La finale et la petite finale se dérouleront pendant le week-end.

Les quatre autres équipes, classées de la cinquième à la huitième place joueront également des matchs à élimination directe pour déterminer le classement final des quatre dernières places. Comme Emirates Team New Zealand, BMW Oracle Racing, cinquième des Round Robin et donc premier du groupe B, a pu choisir son adversaire pour jeudi. Les Américains ont opté pour l’équipe française TFS-PagesJaunes de Bertrand Pacé, ancien membre de BMW Oracle Racing pendant trois ans lors de la 32e Coupe. Sur Artemis, les hommes de Paul Cayard se retrouveront par conséquent face à All4One et les équipiers de Sébastien Col. Les matchs de ce deuxième groupe se disputent à élimination directe. Les vainqueurs de ces demi-finales du groupe B seront opposés vendredi pour se départager la cinquième ou sixième place, tandis que les perdants régateront pour le compte des septièmes et huitièmes places.

Programme de jeudi
Team Origin vs Azzurra
TFS-PagesJaunes vs BMW Oracle Racing
Synergy Russian Sailing Team vs Emirates Team New Zealand
Artemis vs All4One

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Des options payantes et des routes imposées

Safran Marc Guillemot
DR

On a beau avoir touché ce qui ressemble de plus en plus à des alizés, l’heure n’est pas au farniente à bord des voiliers en course… Il s’agit avant tout, pour Safran (Marc Guillemot – Charles Caudrelier) qui mène la flotte, de continuer de maintenir l’écart avec son poursuivant Groupe Bel (Kito de Pavant – François Gabart) qui, justement, lui, n’a qu’une obsession, c’est de grignoter le petit matelas de milles qui sépare les deux bateaux. Dans ce duel à distance, toutes les armes sont bonnes : calculs de trajectoires au cordeau, nombreuses heures passées à la barre malgré les embruns qui balayent le pont en permanence, sommeil réduit à la portion congrue nécessaire, guerre psychologique.

D’autant que derrière eux, certains se verraient bien partir en chasse, à la faveur d’une option audacieuse ou d’un brusque ralentissement des deux leaders devenus, par la force des choses, la cible de leurs poursuivants. Hasard des circonstances, les compositions d’équipages présentent quelques similitudes : même association d’un briscard de la course au large avec un pur produit de la filière Figaro, même mariage d’une pratique intuitive et d’une méthodologie rigoureuse…

A l’affût
Si Mike Golding et Javier Sanso (Mike Golding Yacht Racing) vont tenter de se battre avec leurs armes, à savoir une détermination sans faille malgré leurs soucis techniques, d’autres attendent leur heure à commencer par l’équipage de Foncia. Michel Desjoyeaux et Jérémie Beyou ont choisi de ne rien avoir à regretter sur la ligne d’arrivée. Déjà premiers de l’option sud, ils savent qu’il sera difficile de revenir sur les hommes de tête, mais mettent tout en œuvre pour saisir leur chance, au cas où… Michel penché sur les cartes météos continue de décrypter les fichiers de vent quand Jérémie s’impose de longues heures sur le pont où il fait parler sa réputation de barreur d’exception…

Quand à Roland Jourdain et Jean-Luc Nélias (Veolia Environnement), les longues heures de navigation passées ensemble sont un ciment suffisamment solide, pour que les deux compères ne lâchent jamais les bras avant le passage de la ligne. Pour d’autres, la stratégie météo s’inscrit parfois par défaut : Yves Parlier et Pachi Rivero (1876) ralentis par quelques soucis techniques n’ont pas pu attraper la bordure sud de l’anticyclone génératrice de vents de secteur est. Naviguant sur sa face ouest, ils sont, au contraire, confrontés à des vents de sud qui s’orienteront progressivement au sud-ouest et ne savent pas encore comment ils vont redescendre sur l’arc antillais.

Chez les Multi50, la bagarre fait rage entre les deux dauphins de Crêpes Whaou ! qui, pour sa part, commence à allonger la foulée sur la route du sud. Victorien Erussard et Loïc Féquet, s’ils ont réussi à reprendre la deuxième place à Région Aquitaine Port-Médoc, constatent que le tandem Lalou Roucayrol – Amaiur Alfaro fait plus que de la résistance.

Ils ont dit:

Marc Guillemot, Safran : « Notre décalage au sud a été payant, nous glissons maintenant en route directe vers les Antilles. On devrait franchir les îles jeudi vers midi. D’ici là notre avance pourrait s’accroître sur les autres, sauf sur Groupe Bel qui nous colle aux basques. L’alizé va faiblir, mais par l’arrière, ce qui est parfait pour nous. Comme nous, le bateau est au top. Il ne faut pas oublier que la semaine dernière il a vécu, et de loin, la plus grosse tempête de sa carrière, avec 55 nœuds de vent établi. Bien plus que pendant le Vendée Globe. Comme quoi, même en étant le plus léger de la flotte, il est solide comme un coffre fort. D’ailleurs, si je n’avais pas eu une totale confiance en lui, je ne me serais pas engagé sur la route ouest et nous ne serions pas actuellement en tête de la course. »

Michel Desjoyeaux, Foncia « Le point positif, c’est que nous avons tenu notre option, nous l’avons bien menée, nous avons bien navigué. Sur la route que nous avons choisie, nous sommes ceux qui s’en sortent le mieux. Le point négatif, c’est qu’on a laissé s’échapper trois bateaux loin devant et que ça va être très compliqué de les récupérer. Sportivement, c’est frustrant mais nous sommes droits dans nos bottes. Même si la situation, il faut être honnête, paraît complexe, on a fait assez de remontées ou on s‘est déjà fait assez remonter pour savoir que ça peut arriver. Je pense aussi que les trois bateaux de tête ont beaucoup donné pour passer dans la baston, que ce soit au niveau physique ou au niveau matériel ".

Yves Parlier, 1876 : « On a pu solutionner pas mal d’avaries. La traversée de l’anticyclone d’hier nous a permis de faire quelques réparations. On a toujours un problème d’eau qui rentre dans le moteur, on a un peu peur quand on recharge les batteries. Côté électronique, on a un souci sur le pilote et sur le système d’informations de direction du vent. C’est un souci majeur… On a essayé de bricoler mais bon… On a fait une route différente de la flotte Du coup on a une stratégie un peu par défaut, qui nous a empêché de négocier la bordure de l’anticyclone comme on le désirait. On ne peut pas continuer vers le sud, sinon on tombera sur deux jours de gros calme demain et après demain. »

Classement de 17 heures
Monocoque
1 SAFRAN Marc Guillemot – Charles Caudrelier Benac à 2132,1 milles de l’arrivée
2 GROUPE BEL Kito De Pavant – François Gabart à 26,3 milles
3 MIKE GOLDING YACHT RACING Mike Golding – Javier Sanso à 119,4 milles

Multicoque
1 CRÊPES WHAOU ! Franck Yves Escoffier – Erwan Leroux à 2550,9 milles
2 GUYADER POUR URGENCE CLIMATIQUE Victorien Erussard – Loic Fecquet à 790 milles
3 REGION AQUITAINE-PORT MEDOC Lalou Roucayrol – Amaiur Alfaro à 852,4 milles

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Prudence de rigueur sur Groupama 3

Cammas barre Groupama 3 2009
DR

« On flirte avec le centre de la grosse dépression qui nous a poussé vers le cap de Bonne-Espérance, mais une dépression secondaire s’est créée sur le front froid, avec des vents qui peuvent atteindre très vite 60 nœuds ! On s’est donc réfugié pas loin du centre de la grosse dépression pour laisser passer tout ça. C’est pour cela qu’on a navigué toute la nuit sous mât seul, direction plein Sud. Depuis 3h00 ce matin, on a renvoyé de la toile car les conditions sont devenues plus maniables. En fin d’après-midi, on devrait empanner et faire route à l’Est vers Cape Town, en restant à l’arrière du plus gros du mauvais temps. Il y aura encore de la houle et une mer forte : il reste un doute sur la façon de manier le bateau sans le faire souffrir. Nous ne prendrons aucun risque, même s’il faut s’arrêter… »

Comment s’organise la vie à bord ?
« Tout le monde s’affaire à sa tâche : les spécialistes de la stratification (Lionel Lemonchois aidé par Thomas Coville) ont travaillé toute la nuit. On est tous déçus, mais on se projette déjà dans l’avenir. On va essayer de ramener Groupama 3 le plus vite possible en Bretagne. Quand on décide d’abandonner, c’est brutal : on passe d’une configuration de performance à un simple convoyage. Ce n’est pas la même vie à bord, ce n’est pas la même ambiance, on trouve que le temps est beaucoup plus long. Heureusement que l’on a des livres à bord pour pouvoir s’évader un peu quand on ne barre pas… »

Avez-vous une explication de cette avarie ?
« On imagine que les efforts et les mouvements du flotteur en sont la cause. Il y a toujours des effets parasites qu’il est très difficile de modéliser sur un ordinateur. Les vagues ne frappent jamais de la même façon et la plateforme est soumise à des comportements désordonnés : il y a des vibrations extrêmement violentes dans une mer chaotique. On pense que le flotteur a pu onduler longitudinalement avec un train de vagues sur l’arrière alors que l’appui au niveau du bras de liaison est très rigide. Or, la charnière, c’est cette cloison qui s’est fendue… »

Quelle est l’ampleur des dégâts ?
« La casse n’est pas spectaculaire, mais on sait que ça peut se dégrader très vite et mettre en cause l’intégrité de Groupama 3. C’est inquiétant et cela nous oblige à un arrêt technique, mais c’est beaucoup moins grave que la dernière fois… La cloison qui prolonge le bras en entrant dans le flotteur s’est cassée en flambant : il a fallu installer deux équerres pour maintenir l’écartement entre ces deux parties de la cloison, puis insérer de la mousse avant de coller. Maintenant, la cloison est rigidifiée. Mais il reste un problème car la cloison a décollé la peau intérieure du flotteur sur environ 400 mm : pour l’instant, on n’a pas réussi à coller le flotteur à la cloison et donc il bouge à chaque vague. Il ne faut pas que les UD (tissus unidirectionnels) qui rigidifient le fond du flotteur, cassent car c’est la colonne vertébrale du flotteur ! Il nous faut donc parvenir à lier toute la périphérie de la cloison avec le flotteur. »

Quels sont vos objectifs désormais ?
« Il faudra que nous renforcions les quatre accroches de bras de liaison. Mais il faudra d’abord faire une analyse fine avec les ingénieurs et les architectes. Il est certain que nous ne pourrons pas repartir pour un tour du monde sans avoir confiance dans la réparation et sans connaître les raisons de cette avarie. Il n’est pas garanti à 100% que nous puissions repartir fin janvier. Mais comme nous sommes partis très tôt de Ouessant, il reste une possibilité de s’élancer de nouveau en fin de saison. »

Quelles options pour les jours à venir ?
« Au plus rapide, on serait le 22 novembre à Cape Town, au plus tard, le 24 novembre. Et il y a une troisième option, c’est de rentrer directement à Lorient si les réparations que l’on fait en mer nous satisfont, ce qui nous ferait gagner beaucoup de temps pour pouvoir repartir sur une nouvelle tentative. Actuellement, le mât ne craint rien car il est fixé sur une autre cloison et nous avons même pu renvoyer la toile pour filer à 17 nœuds sur la bonne allure avec le bon angle de mer… »

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Groupama 3 sous voilure réduite

Groupama
DR

A 1760 milles (3100 km) devant les étraves, la terre est encore loin mais les hommes sont proches : « L’équipage, toujours très professionnel, s’est encore comporté merveilleusement, sans défaitisme ni relâchement, se creusant les méninges pour sortir au plus vite de ce faux pas » écrivait tôt ce matin le skipper de Groupama 3.

Tandis qu’à la table à carte, Stan Honey et Franck affinent avec Sylvain Mondon la stratégie pour éviter le plus gros du coup de vent qui balaye l’Atlantique Sud d’un revers, dans les entrailles du flotteur, certains équipiers sont à l’œuvre.

Guidés par le boat captain, Loïc Le Mignon, qui connaît Groupama 3 sur le bout des doigts, Lionel Lemonchois et Thomas Coville posent une attelle en carbone sur la cloison défectueuse. « Elle tiendra jusqu’à Cape Town ? » demande Loïc. Et Lionel de répondre « Idéalement, ce serait que ça tienne jusqu’à Brest mais là, c’est pas garanti ».
Sur les visages, point besoin d’être grand clerc pour lire la déception, la frustration : « Ca fait chier… » dit sobrement Fred Le Peutrec tandis que Bruno Jeanjean ajoute « C’est une énorme frustration, on pense à tous ceux qui travaillent sur ce projet ».

A 6 heures ce matin, sous voilure réduite, Groupama 3 progressait à onze nœuds, cap au 118°

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Sur un long bord vers les îles

Kito De Pavant - Groupe Bel
DR

Si jusqu’à hier encore les marins avouaient toujours souffrir de l’humidité imprégnant vêtements et intérieurs, l’heure est désormais d’avantage à la glisse vers un confort qui, s’il reste relatif, n’en demeure pas moins très appréciable. Le poste de barre devient alors plus fréquenté et les nuits s’organisent à un rythme nouveau, laissant les fines lames s’adonner à l’art du pilotage tout en subtilité. Dans des vents plus favorables en direction et parfois instables en force, chacun cherche à gagner au plus vite vers les Antilles, la chaleur et un nouvel acte.

Les réjouissances s’annoncent donc et vont surtout permettre de jouer la vitesse, mettant de côté pour un temps les grandes manœuvres stratégiques. Derrière, une fois passés du côté de ces îles aux noms évocateurs, l’expérience des uns et des autres fera son office. Depuis plusieurs jours, les lauriers reviennent à Marc Guillemot et Charles Caudrelier Bénac qui ont toutefois vu Kito de Pavant et François Gabart faire un retour en fanfare dans leur sillage. Ces deux monocoques constituent avec Mike Golding et Javier Sanso, le trio de tête du moment. Notons cependant que l’équipage britannico-espagnol s’est vu légèrement décrocher ces dernières heures, faisant tourner la lutte à un duel franco-français.

En Multi50, Franck-Yves Escoffier et Erwan Le Roux poursuivent leur cavalcade solitaire et impériale. Difficile aujourd’hui d’imaginer un autre épilogue que celui de leur couronnement au Costa Rica, laissant les duos Victorien Erussard – Loic Fecquet et Lalou Roucayrol – Amaiur Alfaro se battre pour la deuxième et la troisième place.

Ils ont dit…
Michel Desjoyeaux – Foncia – 4ème au classement de 5h
« Nous ne sommes pas mécontents du classement de ce matin, ça a bien marché cette nuit. Le vent reste très variable, c’est difficile de trouver les bons réglages et les bons caps. On a 15/20 nœuds, donc ça a un peu molli. Ca glissait mieux hier. Ca va être moins rapide à partir de maintenant mais ce sera aussi moins mouillé. On va commencer à entrer dans l’alizé et à s’éloigner de l’anticyclone. On devrait avoir un vent qui va rester autour de 15/20 nœuds quasiment jusqu’aux Antilles. Les camarades de devant sont vraiment loin maintenant, donc on ne s’en occupe plus trop. Avant qu’ils empannent on pouvait encore y croire, mais maintenant que nous sommes sur la même trajectoire et qu’on a la même philosophie ça va être difficile. On s’occupe plutôt de ceux qui sont autour de nous

Erwan Leroux – Crêpes Whaou ! – 1er au classement Multi50 de 5h
«Actuellement on est au portant dans l’alizé et nous avons empanné vers la Barbade hier soir. On a un ris dans la grand voile et le gennaker et on avance entre 18 et 20 nœuds. La mer est plutôt belle et il y a moins de secousses, on arrive à mieux vivre. C’est notre première nuit en petite tenue et en ciré. Il fait chaud et l’eau est chaude aussi. C’est les alizés quoi ! Mais il faut quand même être vigilent car on a quand même du vent qui monte un peu de temps en temps et qui refuse. Ce qui nous attend maintenant c’est un long bord pour descendre sur La Barbade. Ca va durer au moins 2 jours et demi. »

Arnaud Boissières – Akena Vérandas – 9ème au classement de 5h
« Ca va nickel ! On est dans les alizés, on se fait des petits relais réguliers à la barre. La bonne nouvelle c’est que depuis hier on peu enfin sécher. Ca change la vie, c’est une autre manière de naviguer. Sinon le vent devrait légèrement mollir et va faire de l’est, a priori toute la journée. On a 15/20 nœuds, parfois un peu plus. On a un long bord qui nous attend maintenant ».

Classement de 8 h
Monocoques
1 SAFRAN Marc Guillemot – Charles Caudrelier Benac à 2280,6 milles de l’arrivée
2 GROUPE BEL Kito De Pavant – François Gabart à 26,2 milles
3 MIKE GOLDING YACHT RACING Mike Golding – Javier Sanso à 99,5 milles

Multicoques
1 CRÊPES WHAOU ! Franck Yves Escoffier – Erwan Leroux à 2721 milles
2 GUYADER POUR URGENCE CLIMATIQUE Victorien Erussard – Loic Fecquet à 748,3 milles
3 REGION AQUITAINE-PORT MEDOC Lalou Roucayrol – Amaiur Alfaro à 788,1 milles

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Le plaisir des alizés pour certains…

safran
DR

Aux longues heures de près, succèdent maintenant les grandes cavalcades sous spi ou sous gennaker. Finalement la course au large a parfois des allures de retour à une sorte de posture primitive. Dormir, manger, se laisser bercer par la musique de la coque qui surfe sur les vagues, jusqu’à ce que le choc d’une vague rappelle qu’on est engagé dans une course de vitesse. Sur le pont, on continue de faire marcher au plus vite avec l’objectif de gratter des milles sur la concurrence.

A bord de Safran, Marc Guillemot et Charles Caudrelier ont forcément la tentation de regarder dans le rétroviseur de leur monocoque, le retour de Kito de Pavant et François Gabart (Groupe Bel). Le train d’enfer mené par les deux leaders auquel s’accrochent avec vaillance Mike Golding et Javier Sanso (Mike Golding Yacht Racing) les met provisoirement à l’abri d’un retour inopiné de leurs poursuivants. D’autres ont tout autant intérêt à progresser au plus vite : ainsi Victorien Erussard et Loïc Féquet (Guyader pour Urgence Climatique) mettent-ils les bouchées doubles, non pour tenter de grappiller des places, mais pour échapper à l’anticyclone qui se reconstitue dans leur nord et pourrait bien les engluer dans des calmes.

Prince de Bretagne, la double peine ; Hugo Boss, la déchirure
Pour d’autres, ces problématiques ne sont pas d’actualités. L’équipage de Prince de Bretagne, pour la deuxième fois, a vu son rail de grand-voile s’arracher dans le mauvais temps. La réparation initiale a tenu, mais c’est juste au dessus que le mal s’est manifesté cette fois. Dans leur malheur, Hervé Cléris et Christophe Dietsch se consolent en constatant que leur routage les amenait à proximité immédiate de Madère. L’île portugaise, voire les Canaries, devrait consacrer un troisième arrêt pour le trimaran des légumiers bretons.
Alex Thomson et Ross Daniel n’auront même pas de deuxième chance : après être passé sans encombre majeur au plus fort de la tempête, leur monocoque a percuté un objet flottant provoquant une déchirure d’environ 1,50m sur son flanc tribord. Après avoir pompé toute la nuit, les deux navigateurs ont choisi de retourner vers les Açores et ont notifié leur abandon auprès du comité de course. Ils devraient atteindre Horta jeudi prochain, 19 novembre.

Ils ont dit :

Charles Caudrelier – Safran – 1er au classement Imoca de 11h
« On a perdu un peu de distance cette nuit, ça nous énerve un peu. Les autres ont bien navigué. Comme on a empanné plus tôt, ça leur a permis de perdre de la distance, on y a perdu une dizaine de milles mais ce n’est pas grave. C’est bien d’être en tête mais le problème, c’est d’y rester ! C’est très frustrant de penser qu’on peut se faire battre. Il nous reste 8 jours de mer, 4 jours très compliqués et sûrement de nombreuses options, plus ou moins risquées qui vont se dessiner. Je ne connais pas bien Mike Golding, mais je connais Kito et je sais que lui, il va jouer

Alex Pella – W Hotels – 9ème au classement Imoca de 17h
« Au début on n’était pas du bon côté, on a été obligé de se recaler un peu. On navigue sur l’ancien bateau de Jean-Pierre Dick et la passation du bateau s’est très bien passée, notamment lors du Tour de l’Europe. On s’est entrainé depuis le mois de mars, on en a bien profité. On remplit notre carnet de notes pour la Barcelona World Race 2010, c’est notre prochain objectif. On n’a pas encore pu se reposer entre les coups de vent et les options. On commence tout juste à récupérer un peu. »

Classement à 17 heures :

IMOCA 60
1 Safran (M Guillemot – C Caudrelier) à 2512,4 milles de l’arrivée
2 Groupe Bel (K de Pavant – F Gabart) à 28,1 milles du premier
3 Mike Golding Yacht Racing (M Golding – J Sanso) à 70 milles du premier
4 Veolia Environnement (R Jourdain – JL Nélias) à 309,4 milles du premier
5 Foncia (M Desjoyeaux – J Beyou) à 311,1 milles du premier

Multi 50 :
1 Crêpes Whaou ! (FY Escoffier – E Le Roux) à 2957,3 milles de l’arrivée
2 Guyader pour Urgence Climatique (V Erussard – L Féquet) à 692,6 milles du premier
3 Région Aquitaine Port-Médoc (L Roucayrol – A Alfaro) à 742,3 milles du premier

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Avarie sur Groupama 3 : Cammas abandonne sa tentative

Groupama 3
DR

Un grand crac vers 13h00 (heure française) ce lundi, mettait fin aux espoirs de Franck Cammas et ses neuf équipiers de battre le record autour du monde de Orange 2 effectué en 2005. Une cloison du bras de liaison arrière venait de rendre l’âme dans des conditions musclées puisque le trimaran géant naviguait au débridé à 90° du vent réel dans un flux puissant de Nord-Nord-Est et sur une mer agitée. L’équipage savait qu’il fallait aller vite pour rester dans le bon secteur du front chaud qui les poursuivait afin de descendre avec cette dépression brésilienne vers le cap de Bonne-Espérance. Cette faiblesse du bras de liaison a provoqué une fissure du flotteur au vent et, devant l’importance des dégâts, l’équipage a tout de suite arrêté le bateau et conclut qu’il fallait abandonner cette tentative autour du monde.

"On avait passé la nuit à bien naviguer pour rester devant le front et ce matin, Thomas Coville et Bruno Jeanjean qui étaient sur le pont, ont entendu un grand « clac » : il y avait une petite fissure entre le bras arrière et le flotteur bâbord. Ça bougeait beaucoup : on s’est arrêté plein vent arrière pour ouvrir la trappe et accéder à l’intérieur. Une partie du collage entre le bras et le flotteur au niveau de la cloison est cassé. La liaison est donc structurellement diminuée d’au moins 50%. Il est impossible de réparer en mer à cause des mouvements. En ce moment, on se fait encore secouer : il y avait 35 nœuds de vent par le travers au moment de l’avarie. Et maintenant, on s’est fait rattraper par le front et il y a 40 nœuds…
On a affalé la grand voile et Groupama 3 navigue vent arrière pour éviter les mouvements brusques. On va établir un plan de route pour éviter d’avoir trop de vent et trop de vagues. On fait cap au Sud pour laisser passer la deuxième dépression cette nuit : on repartira demain mardi matin vers Cape Town. On continue les quarts et je travaille avec Stan pour voir ce que nous allons faire par la suite. L’idée est de rentrer ensuite rapidement en France : l’équipage est partant et si nous pouvons partir avant fin janvier, c’est encore jouable pour une nouvelle tentative ! » indiquait Franck Cammas lors d’un contact téléphonique en début d’après-midi.

Présente lors de cet entretien téléphonique avec Franck, la Directrice de la communication externe de Groupama, Frédérique Granado précise : « Le plus important est que l’équipage soit sain et sauf. Notre priorité est qu’ils rallient Cape Town dans les meilleures conditions de sécurité. Nous savons pouvoir compter sur leur expérience et leur détermination pour préserver Groupama 3. Les entendre évoquer un nouveau départ cet hiver en est la meilleure preuve ».

Détournement vers l’Afrique

La solution la plus sage est donc de rallier rapidement un port pour estimer plus précisément l’importance de l’avarie et surtout pour éviter que la situation s’aggrave. Cape Town, à environ 1 700 milles des étraves du trimaran géant, s’impose donc comme l’escale technique la plus rapide à atteindre dans des conditions de vent et de mer pas trop mauvais. Il faudra tout de même compter une semaine de navigation à Groupama 3 avant qu’il ne s’amarre, puis réparer avant de remettre cap au Nord vers la France.

C’est évidemment une très grosse déception qui affecte les dix hommes embarqués depuis dix jours et demi dans cette aventure planétaire. Le trimaran avait confirmé ses redoutables performances en alignant une journée à plus de 700 milles lors de sa descente de l’Atlantique Nord et en améliorant sensiblement son propre temps de référence au passage de l’équateur : 5 jours 15 heures 23 minutes !

Au moment de l’avarie, Groupama 3 possédait encore 345 milles d’avance sur Orange 2 (soit plus d’une demi-journée) et progressait à plus de 25 nœuds de moyenne, en route directe vers l’archipel des Kerguelen. Ayant accroché une dépression brésilienne depuis dimanche après un week-end particulièrement lent, Franck Cammas et ses neuf équipiers approchaient à grands pas des Quarantièmes Rugissants.

Les voici donc stoppés en plein élan mais, comme le souligne Franck, plus motivés que jamais pour réparer et se lancer le plus rapidement possible dès cet hiver dans une nouvelle tentative.

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Hugo Boss contraint à l´abandon

Alex Thomson Hugo Boss Velux 5 Oceans 2006
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Après une inspection complète à la lumière du jour ce matin, lundi 16 novembre, le skipper d’Hugo Boss, Alex Thomson a confirmé que les dégâts subis lors de la collision se situent à l’avant côté bâbord et bien qu’assez localisée, la voie d’eau laisse entrer beaucoup d’eau dans le bateau. Les skippers sont en contact avec l’équipe technique à terre pour finaliser une réparation temporaire qui leur permettrait d’atteindre la terre la plus proche, à savoir les Açores. Bien que les dégâts restent limités, il sera effectivement impossible de colmater la voie d’eau en plein océan.

C’est ainsi qu’à 14 heures (heure française) Alex et Ross ont été contraints d’annoncer leur abandon. Hugo Boss devrait arriver à Horta aux Açores ce jeudi. La frustration est évidente à bord du monocoque noir.

Alex Thomson : « C’est un coup de massue pour toute l’équipe, car nous avons bien progressé jusqu’ici. Hugo Boss a traversé la tempête qui s’est abattue sur la flotte la semaine dernière. Vendredi dernier le bateau a été couché à plusieurs reprises par des déferlantes et malgré une dérive cassée le bateau en est sorti sans problème. Je suis toujours étonné de constater que les ingénieurs et les constructeurs réussissent à construire quelque chose d’aussi costaud pour faire face à de telles conditions et nous avions entièrement confiance dans notre bateau. Nous étions très bien placés sur le parcours et même si nous avons perdu des milles avec la casse de la dérive, notre route au nord a été une option payante, car on est restés en contact avec les leaders. Il restait encore la moitié du parcours devant nous, mais la partie dure était dans notre sillage et nous avions hâte de profiter des alizés. Je suis extrêmement déçu que notre course touche à sa fin à cause de quelque chose qui avait été jeté à la mer…. »

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Damien Seguin et Armel Tripon fêtent leur arrivée à Progreso

Damien Seguin/ Armel Tripon
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A 3 H 41 heure française (21 h 41 heure locale), CARGILL-MTTM et son équipage en terminaient donc avec cette première édition de la Solidaire du Chocolat. Au terme de 28 jours, 10 heures, 51 minutes et 55 secondes de course, Damien et Armel s’adjugent une très belle quatrième place.

A quelques minutes de franchir la ligne d’arrivée et d’en terminer avec ce mois de course difficile entre Saint Nazaire et Progreso, Damien Seguin et Armel Tripon dressaient déjà un premier bilan de leur aventure et un mot revenait en boucle : POSITIF. « Très très positif ! » même pour les deux compères visiblement heureux : « Durant tout la course, on a réussi à tirer le meilleur du bateau dans des conditions qui ne lui étaient guère propices ! Malgré cela on est dans le match tout de suite et on parvient même à maintenir la cadence face à des bateaux plus récents et plus rapides ! » Et c’est vrai : lorsqu’à mi-course, le 1er novembre, la courroie d’alternateur de CARGILL-MTTM cède, privant le bateau d’énergie et son équipage de météo et de pilote automatique, Damien Seguin et Armel Tripon faisaient alors mieux que se défendre. Naviguant quasiment à vue avec le duo Jourdren-Stamm depuis plusieurs jours, ils ne concédaient alors qu’une petite centaine de milles aux leaders. Ralentis dans leur progression faute d’informations météo fiables puis contraints d’effectuer une escale technique à Saint Barth pour réparer, des deux hommes voient alors le trio de tête s’échapper… Malgré toute leur bonne volonté, ils ne pourront jamais refaire leur retard. Mais là encore, les ligériens demeurent positifs : « Si nous n’avions pas été ainsi ralenti et si nous avions pu garder le contact avec le groupe de tête, notre course aurait pu être magnifique ! Là, elle est juste… très belle ! »

Le classement :

1 Initiatives – Novedia Tanguy De Lamotte • Adrien Hardy 26 j 16 h et 35 m et 00 s
2 Telecom Italia Giovanni Soldini • Pietro D’Ali 27 j 11 h et 00 m et 20 s
3 Cheminées Poujoulat Bruno Jourdren • Bernard Stamm 27 j 11 h et 54 m et 04 s
4 Cargill-MTTM Damien Seguin • Armel Tripon 28 j, 10 h et 51 m et 55 s

Toujours en course

5 Palanad 2 Tim Wright / Nicko Brennan à 80,19 milles
6 Desafio Cabo de Hornos Felipe Cubillos / Daniel Bravo Silva à 188.83 milles de l’arrivée
7 40 degrees Peter Harding / Miranda Merron à 219,56 milles
8. Groupe Picoty Jacques Fournier / Jean-Edouard Criquioche à 562,14 milles de l’arrivée

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