8 novembre : un petit tour et puis s’en va
Tout avait pourtant bien commencé. Départ dans le petit temps, sous les premiers rayons d’un soleil que tous attendaient depuis une semaine. Chez les IMOCA, la bagarre commençait dès la ligne de départ quand la flotte des Multi50 annonçait la couleur avec un duel au couteau entre Actual (Yves Le Blévec – Jean Le Cam) et Crêpes Whaou ! (Franck-Yves Escoffier – Erwan Leroux). Une confrontation qui allait tourner court cinq heures plus tard avec le chavirage cul par dessus tête du trimaran d’Yves et Jean. Plus de peur que de mal pour les deux navigateurs sains et saufs et qui ont pu remorquer leur bateau jusqu’à Cherbourg grâce notamment à l’aide de l’équipage du canot de sauvetage de Goury… En moins d’une demi-journée, la classe Multi50 a perdu là, l’un de ses principaux animateurs.
9 novembre : une Manche pour rien
A la longitude d’Ouessant, toute la flotte des IMOCA navigue encore groupée. Après 24 heures toniques en diable, il s’agit pour tous les équipages de s’extirper d’une petite dorsale anticyclonique. Mais tous les tandems ont déjà la tête ailleurs : la profonde dépression qui occupe le centre Atlantique occupe déjà les esprits. Affronter des vents qui peuvent atteindre 60 nœuds ou fuir par le sud au risque de décrocher de la tête du classement ? Tel est le dilemme…
10 novembre : l’étoile du sud
Michel Desjoyeaux a choisi. Le skipper de Foncia, en accord total avec son coéquipier Jérémie Beyou a décidé de faire cap au sud alors qu’il était en tête de la flotte des IMOCA. C’est aussi la décision de l’équipage de Crêpes Whaou ! qui annonce préférer allonger substantiellement sa route, pour pouvoir éviter le plus gros du mauvais temps
11 novembre : camps retranchés
Route ouest, route sud, chaque équipage a choisi son camp. Foncia a fait quelques émules, quand un petit groupe continue de faire cap à l’ouest à grande vitesse. Plus au nord encore, Hugo Boss et 1876 tentent une route extrême au plus proche du centre de la dépression.
12 novembre : Brit Air et FenêtréA Cardinal renoncent
Pour ceux qui sont encore en mer, c’est l’attente… Le mauvais temps doit arriver en début de soirée et les heures qui précèdent la tempête sont particulièrement longues. L’équipage de Brit Air a fait escale à Concarneau pour réparer un rail de grand-voile défectueux décide de ne pas repartir. Armel le Cléac’h et Nicolas Troussel ont mesuré les risques inhérents au gros temps à venir dans le golfe de Gascogne et ont estimé que, compte tenu de leur retard, le jeu n’en valait pas la chandelle. Même décision pour l’équipage de FenetreA Cardinal (Alain Maignan – Nicole Harel) aux prises avec des problèmes de structures…
13 novembre : BT en détresse
Comme prévu, la nuit fut rude, très rude… Des vents parfois supérieurs à 60 nœuds, une mer démontée. Alors que le gros de la flotte pensait avoir paré le plus dur, Jean-François Cuzon alerte Jean Maurel le directeur de course : « Le roof est arraché, le bateau rempli d’eau, nous demandons assistance… » Toute la journée, les sauveteurs en liaison constante avec la direction de course et l’équipage en détresse vont mettre en œuvre les moyens nécessaires pour sauver l’équipage. Huit heures plus tard, Sébastien Josse et Jean-François Cuzon seront hélitreuillés dans un appareil de la Marine portugaise.
14 novembre : la série des avaries
La tempête a laissé des traces. DCNS, qui avait pourtant opté pour une option sud, annonce qu’il abandonne : la rotule de quille donne d’inquiétants signes de faiblesse ; aussi Marc Thiercelin et Christopher Pratt préfèrent jouer la carte de la sécurité et décident de faire demi-tour sur Lorient. Dans le même temps, Veolia Environnement décide de faire escale aux Açores pour réparer un rail de grand-voile arraché. Roland Jourdain et Jean-Luc Nélias y perdront là l’opportunité de grimper sur le podium… D’autres voiliers dévoilent aussi des avaries, tels Aviva (Brian Thompson – Dee Caffari) ou Mike Golding Yacht Racing (Mike Golding – Javier Sanso). En tête de course, c’est l’équipage de Safran qui mène maintenant la danse devant Groupe Bel… Ils possèdent plus de 300 milles d’avance sur l’équipage de Foncia qui ouvre la route du sud.
15 novembre : pousser les feux
Pour tous les équipages, une seul obsession dans des vents de nord redevenus maniables : aller au plus vite. C’est valable pour les leaders de la classe IMOCA qui veulent marquer leur territoire respectif. C’est aussi le cas de Franck-Yves Escoffier et Erwan Leroux qui veulent démontrer que leur Multi50 est une sacrée machine et que cette classe mérite de se développer.
16 novembre : l’infortune d’Alex
Décidément, Alex Thomson est poursuivi par la guigne. Après avoir traversé le mauvais temps sans trop d’encombre, Hugo Boss a heurté un objet flottant, provoquant une déchirure sur son flanc tribord. Alex et Ross Daniel sont alors à 500 milles des Açores qu’ils vont rejoindre par leurs propres moyens.
17 novembre : à l’ouest, rien de nouveau
Pour la tête de flotte, c’est le statu quo. Le mano a mano continue entre Safran et Groupe Bel, tandis que Mike Golding et Javier Sanso perdent inexorablement du terrain sur les deux leaders. Pour le couple hispano-britannique, il va s’agir dorénavant avant tout de résister au retour de Michel Desjoyeaux et Jérémie Beyou qui, pour l’heure, affichent les meilleures moyennes de toute la flotte.
18 novembre : le prince trébuche et se relève
Troisième arrêt pour l’équipage de Prince de Bretagne aux prises avec des problèmes récurrents de rail de grand-voile. Après Vigo et une ria de Galice, Hervé Cléris et Christophe Dietsch font escale à Lanzarote aux îles Canaries. Pas question pour autant de renoncer…
19 novembre : la passoire antillaise
Pas de point de passage obligé pour les IMOCA à l’approche de l’arc antillais, si ce n’est de laisser la République Dominicaine à tribord. Les stratégies météos amènent finalement tous les leaders à choisir un passage beaucoup plus au sud… Canal des Saintes, de la Dominique, les moyens d’entrer en mer des Caraïbes sont nombreux. Pendant ce temps, Crêpes Whaou ! continue son équipée vers l’île de Grenade. Il relègue déjà Victorien Erussard et Loïc Féquet (Guyader pour Urgence Climatique) à plus de 1000 milles. Les seconds de la classe Multi50 surveillent, comme le lait sur le feu, la progression de Région Aquitaine Port-Médoc. Lalou Roucayrol et Amaiur Alfaro sont particulièrement contents des modifications apportées à leur bateau et continuent de rêver.
20 novembre : changement de décor
Les premiers monocoques franchissent l’arc antillais. Toujours en tête, l’équipage de Safran n’en passe pas moins une mauvaise nuit dans le canal des Saintes entre grains orageux, rafales et trous de vent.
21 novembre : 1876 perd le nord
Yves Parlier et Pachi Rivero, partis sur une route très nord, avaient jusqu’à ce jour réussi à se maintenir dans le paquet des cinq premiers. Mais les conditions de vent faible qui règnent au nord de l’arc antillais provoquent un coup de frein qui fait dégringoler l’équipage franco-espagnol au classement.
22 novembre : final musclé
Naviguer en mer des Caraïbes ne signifie pas pour autant farniente et bains de soleil… Une petite dépression centrée sur le Venezuela génère en effet des vents d’est puissants qui obligent tous les concurrents à une vigilance de tous les instants. Les derniers milles pèsent d’autant plus sur les organismes.
23 novembre : fin de partie
Final haletant pour la victoire en IMOCA. Les deux leaders ont choisi de finir la course en mode furtif… C’est donc le suspense sur la ligne puisque, conformément aux instructions de course, les positions respectives des deux bateaux, ne sont pas communiquées. A Puerto Limon, on se prépare à accueillir les vainqueurs de la course.
24 novembre : la consécration pour Crêpes Whaou ! et Safran
On attendait Safran et c’est finalement Crêpes Whaou ! qui coupe la ligne le premier à Puerto Limon. Devant plusieurs milliers de personnes et dans une ambiance de liesse indescriptible, Franck-Yves Escoffier et Erwan Le Roux amènent leur joli trimaran rouge au pied de la jetée du port au milieu des flonflons et des feux d’artifice. Le tandem précède Safran de quelques heures : Marc Guillemot et Charles Caudrelier, les traits tirés mais au comble du bonheur peuvent se satisfaire d’avoir réussi leur pari. Ils avaient annoncé venir pour la gagne, ils ont tenu leurs engagements malgré le très haut niveau de la concurrence. Ils seront suivis quelques heures plus tard par le Groupe Bel de Kito de Pavant et François Gabart qui manifestent une telle joie qu’on pourrait se surprendre à penser qu’ils ont gagné…
25 novembre : Mike Golding sur le podium
Mike Golding et Javier Sanso peuvent être fiers de leur parcours. Sur un bateau préparé à la hâte, faute de partenaire, malgré la perte de leur girouette et des soucis récurrents de pilote, les deux navigateurs ont réussi à contenir le retour de Michel Desjoyeaux et Jérémie Beyou.
26 novembre : une cinquième place sous haute tension
Quatre bateaux en lutte pour une place. En tête de file, W Hotels et Veolia Environnement se livrent une lutte intense. A quelques heures de la ligne, Roland Jourdain et Jean-Luc Nélias pensaient avoir fait le plus dur en prenant un avantage de quelque cinq milles. Mais alors qu’ils avançaient tranquillement vers la ligne, les deux compères ont vu surgir derrière eux, à la faveur d’un grain, Alex Pella et Pepe Ribes qui, placés à moins d’un mille à leur vent, bénéficiaient d’un différentiel de vitesse de près de dix nœuds. Les deux bateaux coupaient la ligne en moins de cinq minutes et pour quelques poignées de secondes, l’équipage espagnol pouvait s’enorgueillir de coiffer sur le fil des hommes aussi expérimentés que Roland Jourdain et Jean-Luc Nélias.
27 novembre : Cali et Dee sont dans deux bateaux
Pour la septième place, Arnaud Boissières associé à Vincent Riou, s’est retrouvé bord à bord avec sa complice du Vendée Globe, Dee Caffari qui avait embarqué pour l’occasion Brian Thompson. A l’inverse du tour du monde, c’est cette fois-ci Cali qui l’emportait sur sa congénère britannique. Juste derrière, revenu du diable vauvert, c’est un équipage rayonnant qui s’emparait de la neuvième place. Yves Parlier et Pachi Rivero, malgré un nombre impressionnant de bricolages de fortune, goûtaient leur plaisir d’avoir pu mener à bon port un voilier dont ils n’avaient pris la mesure ensemble qu’une quinzaine de jours avant le départ.
28 novembre : le point d’orgue de Sam et Sidney
Sam Davies et Sidney Gavignet (Artemis) en ont, eux aussi, fini avec leur Transat Jacques Vabre. Malgré nombre d’avaries, toutes repérées en mer, les deux navigateurs ont fait front et ramené leur bateau à bon port. Petite compensation de leur dernière place : un évident plaisir d’avoir navigué ensemble et plus de certitudes pour Sam, quant au style de son prochain bateau pour le Vendée Globe.
30 novembre : le podium des Multi50
Final à rebondissement pour les Multi50. Alors que Victorien Erussard et Loïc Féquet (Guyader pour Urgence Climatique) pensaient avoir course gagnée sur Lalou Rooucayrol et Amaiur Alfaro (Région Aquitaine Port-Médoc), les deux Malouins se trouvaient englués dans des calmes à quelques milles à peine de l’arrivée. Ils finissent par maintenir leur deuxième place, mais d’un souffle devant les deux compères du sud-ouest.
Pendant ce temps, Hervé Cléris et Christophe Dietsch continuent leur bonhomme de chemin. Leur arrivée sur le Costa Rica est prévue aux abords du 8 ou 9 décembre.