On ne plaisante pas avec la sécurité

Voiles sur Marseille
DR

Avant d’endosser le costume de directeur de course, Jean Maurel a été coureur. La mer et ses dangers, il connaît. Les problèmes de sécurité aussi. Hier matin, il a brièvement rappelé les principaux risques : abordage, démâtage, perte de la quille, voie d’eau, incendie, homme à la mer, maladie… Et quand tout va mal en mer, il faut d’abord le faire savoir à ceux qui sont à terre : "Vous connaissez tous les moyens de communication en cas de problème : balises Sarsat, Iridium, Argos et la VHF".
 
Les bons gestes
 
Une petite démonstration sur le fonctionnement des balises, un rappel sur les bons gestes à avoir en cas de détresse (enregistrer les numéros d’urgence sur le téléphone Iridium; rester à bord tant que le bateau flotte; enfiler sa combinaison de survie même dans les mers chaudes; démâter son bateau en cas d’hélitreuillage; limiter les appels aux proches et privilégier les appels au Cross et au directeur de course), et Jean Maurel a laissé la parole aux professionnels du sauvetage.
Ce sont d’abord les pilotes de Falcon 50, chargés de repérer les marins en détresse, qui ont rappelé quelques points cruciaux. "Sachez qu’au radar, un Figaro, ça ne se voit pas. Donc, c’est à vous de vous rendre visible. Peinture de coque, réflecteurs, échos des balises, fusées, perches IOR, etc. Ayez aussi à l’esprit qu’un Falcon 50 vole à 250 nœuds (455 km/h) au-dessus de l’eau quand il est en recherche". A cette vitesse-là, on devine qu’il n’est pas aisé de repérer un petit voilier sur une mer agîtée, moutonneuse.
 
"C’est quoi la survie ?"

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"Quelle est la définition du mot "survie" ? Et bien, la survie, c’est la période qui vous reste à vivre avant la mort". Marc Gander, responsable des six Super Frelon basés à Lanvéoc-Poulmic, vient de prendre le micro. Sa première phrase a fait tilt. "Alors la survie, je pense qu’il convient de s’y préparer avant".
Tout en écoutant religieusement son discours très efficace, les skippers regardent de courts films sur les hélitreuillages de la dernière Transat Jacques Vabre. Les images de multicoques à l’envers défilent : "Là, ce sont les frères Ravussin. Ce Suisse-là est un bon client chez nous. Là, c’est le sauvetage de "Foncia" avec Damian Foxall blessé à l’épaule et Armel Le Cléac’h".
 
"Briefing indispensable"

Vainqueur de la dernière Solitaire Afflelou – Le Figaro, Nicolas Troussel a déjà traversée l’Atlantique. En double avec Armel Le Cléac’h justement, mais jamais en solitaire : forcément, il se sent concerné. "C’est très bien ce genre de briefing sécurité : ça calme". Gildas Mahé va même plus loin : "Non seulement c’est indispensable mais je pense qu’on devrait faire un stage de sécurité en situation réelle avec eux pendant une semaine".
En fin de briefing, Marc Gander a rappelé aux concurrents, que "le sauvetage des hommes était gratuit". Tout en précisant, en guise de conclusion, qu’une heure de vol d’un Super Frelon coûtait 15.000 euros aux contribuables…

Philippe Eliès