“Nouveau départ” aux Canaries pour les monocoques

Poujoulat
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L’archipel des Canaries faisant office d’entonnoir, les 60 pieds IMOCA s’alignent les uns derrière les autres, dans une presque parfaite file indienne. Safran atteindra le premier l’archipel en fin d’après-midi et profitera le premier de l’accélération provoquée par les différences de température entre la terre et la mer, soit le fameux effet Venturi. Un truc à faire bondir l’alizé, à le renforcer d’une bonne dizaine de nœuds, voir plus, en un rien de temps. Ce passage, qui va intervenir de jour pour Safran et ses deux proches poursuivants, impliquent une vraie vigilance de la part des équipages. A 20 nœuds, sous grand spi, tout va bien, avec 30 nœuds, c’est une toute autre histoire. L’inverse est également vrai, avec les fameux dévents qui peuvent faire chuter jusqu’à 0 la force du vent.
 
Charles Caudrelier (Safran), joint à la vacation de milieu de journée, n’en fait pas mystère, les conditions du moment sont favorables à l’arrière de la flotte… « Il n’y a pas que deux concurrents accrochés à nos basques malheureusement. Et ce ne sont pas des quiches, il y a quelques mecs qui savent naviguer quand même. Ce n’est pas bien établi, derrière ça semble encore un peu foireux, avec le risque de dévent aux Canaries, j’ai peur qu’il y ait un nouveau départ ». Et ils ne sont pas loin de leur cible, Foncia et Gitana Eighty, à moins de 20 milles… «J’espère que ça repartira par devant » escompte Charles. Sur Foncia, justement, Michel Desjoyeaux s’agace : « Là, je suis juste énervé car j’essaie de transmettre des images mais le serveur déconne ! Trêve d’énervement, le passage à travers les Canaries ne va pas être simple. Avec la hauteur des îles, il risque d’y avoir des dévents et on peut y traîner pas mal de temps en fonction du chemin suivi. On fera l’état des lieux après ce passage.  Depuis hier après-midi, on est quasiment bord à bord avec Gitana Eighty. On s’est bagarré toute la nuit pour tenter de le larguer, mais on a réussi à lui prendre 1,5 milles, c’est plutôt laborieux cette affaire. C’est normal, les deux bateaux sont très proches en vitesse.»

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Sûr que les attaques et les prises de risque fuseront de toutes parts chez les poursuivants, soit le quatuor emmené par Groupe Bel. Ils ont là une opportunité pour combler une partie de leur retard qui tourne inexorablement entre 40 et 50 milles depuis 24 heures. Car après, la route vers les îles du Cap Vert et le pot au noir offrira moins de solution même si, avec les nombreux empannages à passer pour descendre sur la route, les possibilités de gain ou de perte restent très élevés.

Derrière, Generali n’a pas concédé le moindre mille face à Safran, tout comme Akena Verandas ou Maisonneuve et Brit Air vient de réaliser son premier objectif :  doubler Roxy. « Ca se passe pas mal en ce moment, on a du vent et un bon angle qui nous fait aller vite. On a pas mal accéléré cette nuit, c’est le phénomène accordéon… à nous maintenant de retrouver du vent ! se réjouit Armel Le Cléac’h (Brit Air). Les Canaries vont être un passage délicat, les îles sont hautes, les dévents importants. Ca va être intéressant de voir comment ça va se passer pour ceux en tête. Du coup, nous derrière, on pourra toujours changer de stratégie en fonction de leur négociation… » Et c’est bien de cela qu’il s’agit, de stratégie. Et à ce petit jeu, Brit Air et VM Matériaux sont les mieux placés pour changer leur fusil d’épaule, soit, si le chenal des Canaries se révèle un vrai ‘pot de pus’, passer à l’Ouest de l’archipel.