Avec 91 milles sur Banque Populaire (Bidégorry/Ravussin), jamais l’avance de Groupama 2 n’a été aussi confortable. « 17/18 nœuds de vent, on navigue tout dessus, il fait beau, la mer est plate, ce sont des conditions de rêve pour nos multicoques », déclare Pascal Bidégorry qui reconnaissait avoir fait une « connerie » hier avec son option entre Afrique et îles Canaries. « On ne peut pas gagner à tous les coups. Mais hier, on aurait aimé faire du bateau plutôt que de bricoler. Je ne vous dirai pas quoi, mais on a bricolé des bricoles et on croise les doigts des mains, les doigts des pieds pour que cela tienne ». Réparation de son puit de foil bâbord endommagé il y a deux jours ? Sans doute…Quant à Gitana 11, il a réussi son « pit stop » hier soir, mais compte néanmoins aujourd’hui huit à neuf heures de retard sur le leader de la classe ORMA. Comme quoi, un arrêt, même parfaitement géré, coûte toujours très cher. Alors quand on peut bricoler, on bricole. « Rassurez-vous, nous ne sommes pas en danger. Je ne suis pas fou, c’est pourquoi je fais du 60 pieds multicoque… ». Quant l’humour va, tout va…
12 nœuds de vent portant, toutes voiles dehors (spi/trinquette/GV), Marc Guillemot et Charles Caudrelier (Safran) glissent à 12 nœuds de moyenne vers les îles Canaries. « «J’imaginais qu’il y aurait eu un écart plus important avec nos poursuivants. Tous s’en sont finalement bien sortis. On sent qu’il ne faut pas mollir ». Le délicat passage météo des dernières 24 heures n’a donc pas provoqué de gros chambardements au sein de la flotte IMOCA, ou les sept premiers se tiennent en moins de 50 milles. Quant on sait qu’il leur reste 3 000 milles à parcourir, avec un pot au noir à négocier, il est facile de comprendre que la partie est très loin d’être jouée. Comme d’habitude pourrait-on dire, Foncia (Desjoyeaux/Le Borgne) et Gitana Eighty (Peyron/Le Vaillant) naviguent à vue l’un de l’autre. « C’est excitant et motivant, mais c’est aussi fatiguant car cela t’empêche d’aller dormir, commente Marc Guillemot qui s’enfile depuis hier soir avec bonheur ses trois heures de quart, histoire de récupérer au mieux après les dernières 48 heures qui ont été vraiment exigeantes en terme de manœuvres.
Logiquement loin derrière, Télécom Italia (Soldini/D’Ali), également solide premier depuis cinq jours, va enfin en finir avec la descente le long des côtes du Portugal et naviguera aujourd’hui à la latitude de Gibraltar, cap sur un objectif encore lointain : les îles Canaries. Avec à ses trousses un autre grand favori qui pointe à nouveau son nez. Bruno Jourdren et Nicolas Pichelin (Vecteur Plus/Groupe Moniteur) sont bien revenus dans le match après une mauvais option il y a deux jours. Eux ont encore 3 350 milles à parcourir avant de raccrocher les cirés.