Le marin de 42 ans attendait avec impatience de pouvoir dégainer, même si les conditions de navigation restent très acrobatiques. Sous deux ris et ORC, travers à un vent de Nord de 26 à 30 nœuds avec des rafales à 35, le trimaran se fait balloter dans 2 à 3 mètres de creux, opposés au vent. Combien de temps durera ce rock endiablé, seulement quelques heures ou plus ? Le skipper pourrait se faire rattraper et gérer des conditions moins caressantes en arrière du front chaud. Par ailleurs, une seconde dépression fusionne avec la première, apportant encore du vent fort et portant jusqu’au Sud du continent africain.
En ce 15e jour de mer, Francis Joyon abordait la longitude de Bonne Espérance. Le détenteur du record effectuait un contre-bord au Sud et sa vitesse descendait légèrement autour des 20 nœuds. Le retard de Sodebo est monté jusqu’à 1088 milles en milieu de nuit mais la tendance s’inverse avec une cinquante de milles repris depuis.
Quoi qu’il en soit, à ce stade et jusqu’à Crozet puis les Kerguelen, Idec a enchaîné les journées à plus de 500 milles. Le skipper sait à quelle cadence infernale il doit vivre dans les prochaines semaines pour rivaliser avec la performance de Francis. Ces conditions sont également un premier grand test du bateau dans sa configuration actuelle, c’est à dire avec les foils, des voiles plus puissantes et l’ensemble des optimisations apportées depuis le tour du monde d’il y a deux ans.
Thomas n’ignore pas non plus que, dans ces contrées isolées, la nature est brutale, les dépressions aussi rapides que violentes et la mer dangereuse. Le skipper mesure aussi à quel point les champs d’Icebergs présents dans l’Hémisphère Sud peuvent venir gâcher la fête ou, tout au moins, peser dans la balance des choix stratégiques. S’il n’y a pas de portes de sécurité imposées comme sur les courses et que le terrain de jeu de ces records est ouvert, savoir où dérivent les glaces, particulièrement Nord cet hiver, influence forcément les trajectoires, même si plonger pour couper au Sud s’avère néanmoins séduisant.
Retard à 15h30 : 1037 milles par rapport à la route de Francis Joyon