
Lalou Roucayrol et Alex Pella font un très bon début de course. Sortie de Manche sportive, négociation d’une dorsale anticyclonique, traversée d’un front actif : le duo d’Arkema maintiennent leur leadership mais la route vers Salvador de Bahia est encore longue. Ils impriment leur rythme depuis le départ. Les deux hommes et leur bateau aiment les conditions musclées ; ils ont été servis. Vent soutenu, mer cassante, courants, la sortie de la Manche a été exigeante comme l’expliquait Lalou en vacation : « Jusqu’à Ouessant le vent était instable, avec des grains jusqu’à 27-28 nœuds. C’était rapide et très humide, donc difficile de dormir dans ces conditions car tu fais des bonds. On a peut-être un peu plus attaqué que FenêtréA-Mix Buffet, on a un bateau plus rapide dans la brise mais ça se joue à peu de chose. »
« C’était rude ! »
Ensuite, il a fallu traverser une dorsale anticyclonique, c’est-à-dire une zone de vent faible. Le calme avant la tempête car Lalou et Alex sont allés chercher un front et la bascule violente du vent au nord-ouest. Ils ont à nouveau vécu des heures compliquées dans le gros temps, avec des rafales à 35-38 nœuds et une mer chaotique. « C’était rude ! On a dû ralentir un peu car ça envoyait dans tous les sens », racontait ce matin Lalou. « Quand on a viré derrière le front qui a été très brut et rapide, on s’est retrouvé avec une mer de face au portant. Et là, ça commence juste à se calmer. Il y a encore un peu d’air devant, ça ne va pas être un moment de tout repos. Nous alternons un peu les siestes avec Alex et nous allons nous manger notre premier plat chaud aujourd’hui. » Mardi midi, le duo d’Arkema filait à plus de 20 nœuds dans un bon flux de nord-ouest et emmenait la flotte des six Multi50, avec une trentaine de milles d’avance sur ses deux principaux concurrents, Ciela Village et FenêtréA-Mix Buffet.
Karine Fauconnier : « Lalou et Alex font un super boulot »
En charge du routage à terre du duo d’Arkema, Karine Fauconnier est très fière du travail réalisé jusqu’à présent par Lalou Roucayrol et Alex Pella. « Cette Transat Jacques Vabre est un peu un cas d’école avec des conditions très variées », souligne-t-elle. « Nous avions bien décortiqué le scénario avant le départ et il s’est révélé conforme à nos attentes, même s’il y a eu quelques ajustements à faire. Depuis le départ, Lalou et Alex ont fait beaucoup de manœuvres et de changements de voiles. Ils font un super boulot. Ils sont au top, bien réactifs, et maintiennent des vitesses élevées. Dans les conditions difficiles, ils ont eu la capacité d’attaquer en préservant le bateau. »
Même si le Multi50 navigue désormais au portant et donc plus à plat, la navigation est loin d’être confortable sur ce multicoque de 15,24 mètres de long. Les conditions sont humides et stressantes. Davantage que le vent (environ 20 nœuds), c’est la houle de travers qui rend la navigation technique. Mais progressivement le vent va mollir et la houle s’allonger. Lalou et Alex sont partis pour de belles glissades jusqu’au Pot au noir. Aidés par leur routeuse de choc, ils vont devoir trouver le bon timing pour empanner dans la courbure de l’anticyclone des Açores et bien se placer pour passer les Canaries puis le Cap-Vert. Karine Fauconnier : « L’enjeu est de continuer à bien placer le curseur entre vitesse et sécurité pour continuer à distancer nos concurrents. Même si la fatigue commence à se faire ressentir, il va falloir tenir le rythme ! ».