Le vent tombe et la pression monte

Charles Caudrelier sur Bostik Trophée BPE 2007
DR

La « molle » s’installe sur le plan d’eau, rendant les skippers du Trophée BPE – Banque Privée Européenne extrêmement nerveux… Le vent tombe et la pression monte.
Le timbre des voix trahit la tension des marins. Seul Nicolas Troussel (« Financo ») reste égal à lui-même, presque serein. Même si le skipper de Plougasnou avoue des petits moments de stress. Nicolas a profité de la nuit pour conforter sa place de troisième. Calé sur la route directe, avec légèrement plus de vent que ses adversaires, « Financo » grappille les milles. Au petit matin, il était revenu à 11 nautiques de Charles Caudrelier (« Bostik »), le leader, pointé à 470 milles de Marie-Galante.
« Ça va pas mal malgré le vent qui a un peu molli, raconte Nicolas Troussel.  Il faudrait d’ailleurs que j’aille régler le bateau. J’avais misé sur cette option Sud depuis longtemps et je suis bien content que ça se soit réalisé comme je le voulais. Maintenant qu’avec Charles Caudrelier et Thomas Rouxel nous sommes décalés, nous sommes dans le sprint final. Cela va vraiment devenir une course de vitesse. Moi je me sens plutôt bien, je vais souvent vite entre deux classements. Je suis sur la route directe depuis hier, donc j’ai juste à faire une trajectoire propre et à m’occuper un peu d’eux quand même. »
Nicolas reconnaît quelques petites inquiétudes la nuit. « La nuit, je ne sais pas trop ce qu’ils font. Il y a toujours ce petit décalage de 25 milles et tu peux prendre cher à la moindre boulette. J’attends donc avec impatience le premier classement de six heures pour me rassurer. Pour le moment cela glisse tranquillement pour tous les trois, mais rien n’est gagné. L’an passé sur l’AG2R, avec Armel le Cleac’h, dans une situation similaire, nous avions tout perdu la dernière nuit… »
A bord de « Défi Mousquetaires », Thomas Rouxel, reconnaît enchaîner les moments de stress. « J’ai perdu Charles hier soir et le début de la nuit a été un peu difficile, reconnaît le jeune skipper d’Erquy. J’avais peu de vent, un angle mauvais, et du coup j’ai réempanné dans la nuit. Je m’attendais à avoir un pointage beaucoup moins bon ce matin… Avec Charles (Caudrelier «Bostik ») nous sommes à peu près au même endroit et ressentons les variations du vent quasiment au même moment, donc c’est normal que nous soyons toujours sur la même route. Maintenant, je vais relativiser et me dire que quoi qu’il arrive, ce n’est que du "bénéf". Nico a bien réduit l’écart mais je pense qu’il a aussi moins de vent. Il reste impressionnant car il ne s’est jamais préoccupé de ses adversaires et est toujours resté calé sur sa route. Il a un bon mental. Pour ma part, j’ai eu un bon coup de stress dans la nuit. Toute cette tension va être difficile pour moi mais je vais essayer de prendre ça avec philosophie. »
Marc Emig « A.ST Groupe », quatrième, est lui aussi sous tension. En ce vendredi 13, Marc veut faire confiance à la chance. «  Ça va comme un malheureux dans la molle, confie le Marseillais. J’ai un peu dormi donc ça va mieux mais ce qu’il se passe n’arrange rien.  C’était prévisible, je savais que ça arriverait. Ça va être un peu la loterie jusqu’à l’arrivée. Maintenant il va falloir jouer avec les bascules de vent alors qu’on était plutôt sur un régime bien établi. La dépression du haut et le retrait de la dorsale amènent du mou par le Nord, ça va être bizarre pendant trois jours. Au Sud, ils gardent de la pression mais dès qu’ils auront de la molle, ça va être dur pour eux aussi. Leur avantage est qu’ils gardent toujours plus de pression que nous. Notre point positif est qu’on va pouvoir jouer avec la direction du vent. C’est difficile de faire des pronostics car ça change toutes les six heures. Je donne un petit avantage aux Sudistes mais rien n’est joué. Il suffit de pas grand chose. Pour l’instant, j’ai 13 noeuds de vent à 105° mais ça va encore changer dans 24 heures. Inch’Allah ! Moi, j’ai le sentiment d’être dans  le sprint final depuis une semaine, depuis les Açores ! Je suis un peu claqué mais moralement tout va bien. Je me sens moins à l’aise qu’hier, donc forcément je doute un peu plus. J’essaie de trouver la meilleure parade et de prier que pour le vent revienne favorable ! Rien n’est prévisible, on est complètement dépendant de la météo, c’est la triste réalité. L’ETA, à priori le 16 au matin. »

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