À l’exception de Paul Elvström, le plus renommé des régatiers du monde avec ses quatre médailles d’or olympiques (Firefly 1948, Finn 1952, 1956, 1960) et deux quatrièmes places aux JO (Star 1968, Tornado 1984) et ses treize titres de Champion du Monde dans cinq catégories différentes, peu de compétiteurs peuvent se targuer de cumuler un palmarès aussi étoffé. Et pourtant dans la difficile série des Dragon, il y a des régatiers qui font exploser les compteurs ! Le plus célèbre est le tout nouveau Champion du Monde 2009 à Medemblik, le Norvégien Poul Richard Hoj-Jensen qui a 63 ans, cumule déjà une médaille d’argent au Jeux Olympiques de Mexico en 1968, plusieurs titres de Champion du Monde et Champion d’Europe de la série… Mais si les Scandinaves ont depuis la création du bateau en 1929 été toujours dans le top ten de cette classe très internationale, les temps changent avec l’arrivée en force des Russes.
À l’image du brillant Anatoly Loginov, venu récemment dans la série et qui devient au fil des régates, l’homme à battre : 2ème de l’Open de France, 2ème du Grand Prix Petit Navire, 4ème du Championnat du Monde, 3ème de la Gold Cup… Le jeune Russe est d’ailleurs classé premier sur l’International Ranking List 2009 ! L’Allemand Thomas Müller (2ème au classement international) est aussi présent aux Régates Royales avec un équipage familial, Kim et Robin Müller… Le redoutable Anglais Lawrie Smith est de retour et côté Français, le meilleur représentant à Cannes, Christian Boillot, vainqueur de l’Open de France 2009, est neuvième au classement mondial. Les Français sont d’ailleurs les plus présents avec 19 équipages, suivis par les Britanniques (12), les Allemands, les Russes, les Italiens et les Suédois (8), puis les Finlandais, les Irlandais et les Hollandais (3)… soit au total quinze nations représentées.
Le nom du bateau serait dû à une erreur de prononciation : lorsque Anker présenta son bateau à l’IYRU (désormais ISAF) pour être reconnu série internationale, un traducteur mentionna son nom sous le terme « Draggen », et les Britanniques comprirent que les Norvégiens prononçaient mal la langue de Shakespeare… et traduisirent « Dragon » ! Le monotype devint classe olympique en 1948 jusqu’aux Jeux de Munich en 1972. En 1970, les mâts purent être extrudés en aluminium et grâce aux efforts de Borge Borresen, les coques en stratifié furent acceptées en 1973. Près de 1 700 unités ont été recensées en 2008 !
Caractéristiques du Dragon
Longueur : 9,95 m
Largeur : 1,96 m
Tirant d’eau : 1,20 m
Déplacement : 1 650 kg
Lest : 1 000 kg
Surface GV : 16 m2
Surface génois : 11,7 m2
Surface spi : 23,6 m2
Nb d’équipiers : 3
La marque russe
Et lors de la première manche des régates Royales pour les Dragon, courue dans le Nord-Est de l’île Marguerite avec une brise de Nord-Est (65°) variant entre 8 et 12 nœuds, le Russe Anatoly Loginov n’a pas fait de quartier : premier avec ses deux équipiers Andrey Kirjliuk et Alexander Shalagin. Après un premier rappel général, le Comité de Course envoyait la flotte sur un parcours banane avec une bouée au vent à 1,5 milles, mais certains étaient trop prompts sur la ligne : neuf Dragon étaient éliminés d’entrée de jeu sous pavillon noir (départ anticipé = disqualification immédiate). Sur Annapurna, Anatoly Loginov devait tout de même être attentif aux attaques de l’Américain Ivan Bradbury (2ème) sur Elusive, et sur son compatriote Victor Fogelson sur Sunflower (3ème). Le premier Britannique est David Palmer sur Princess Jalina (5ème), et le premier Français est composé du trio Brouillet-Vermorel-Tenconi sur Feu Follet (10ème).
Autour des Lérins
Pour cette deuxième journée de course, les Régates Royales de Cannes emmenaient la flotte des Yachts Classiques contourner les îles de Saint-Honorat et de Sainte-Marguerite afin d’aller virer une bouée près de la balise de Fourmigue, en face de Golfe-Juan. Un parcours de près de douze milles couru dans une brise de secteur Nord-Est d’une dizaine de nœuds. Pas mal de manœuvres donc pour les équipages qui ont dû composer avec une mer légèrement agitée et des effets de côte près de la balise des Moines, des îles de Saint-Féréol et de la Tradelière. Virements successifs pour monter jusqu’au plateau de Sécanion, empannages pour descendre au Sud des îles de Lérins et grand bord de vent de travers vers la ligne d’arrivée mouillée devant Cannes. Les voiliers les plus puissants ont donc été favorisés à l’image du majestueux Classe J Shamrock V et Cambria, mais comme rien n’est jamais écrit dans le ciel…
La baie de la Napoule n’était en effet en milieu d’après-midi plus balayée que par un souffle asthmatique et bien que les équipages maintenaient le spinnaker en l’air pur un dernier largue serré, le final devenait poussif… Conserver la concentration, chercher les petites risées qui venaient du chenal entre les îles de Saint Honorat et de Sainte Marguerite était capital pour maintenir sa position en espérant sauver son handicap. Tous les résultats sur le site Internet à partir de 18h00 : www.regatesroyales.com.
Rowdy, l’épouvantail
L’armateur anglais Graham Walker, déjà investi dans la Coupe de l’America en 1987 mais aussi pour les Admiral’s Cup et les Ton Cup avec ses successifs Indulgence, s’est tourné depuis vers les yachts classiques. C’est ainsi qu’il a fait remettre en état dans le Maine, l’un des derniers New York Yacht Club Fourty, le numéro 49 de cette série imaginée par Nathanaël Herreshoff en 1916. Long de 17,97 mètres, Rowdy est un sloop marconi au pont flush qui s’est déjà imposé au Trophée Rolex de Saint-Tropez l’an passé. D’entrée de jeu à Cannes, il remportait la première manche de mardi, en temps réel et en temps compensé parmi les Epoques Marconi.
Caractéristiques de Rowdy
Architecte : Nathanaël Herreshoff
Année : 1916
Armateur : Graham Walker
Longueur HT : 19,79 m
Longueur de coque : 18,05 m
Largeur : 4,40 m
Tirant d’eau : 2,70 m
Bonafide, le sublime Sibbick
Entièrement remis à neuf par son propriétaire, l’Italien Guiseppe Giordano, au chantier naval Dell’Argentario en 2003 après trois années de restauration, ce plan de Charles Sibbick fut conçu selon la jauge 5 tonneaux Godinet pour J. Howard Taylor en 1899 : Bonafide remportait d’ailleurs la médaille d’or des voiliers de 3 à 10 tonneaux lors des Jeux Olympiques de Paris en 1900. Ce cotre aurique fut construit sur l’île de Wight au chantier Albert Yard en moins de deux mois !
Caractéristiques de Bonafide
Architecte : Charles Sibbick
Année : 1899
Armateur : Guiseppe Giordano
Longueur HT : 13,62 m
Longueur de coque : 9,69 m
Flottaison : 8,90 m
Largeur : 2,57 m
Tirant d’eau : 1,86 m
Déplacement : 11,4 t
Voilure au près : 144 m2
Prévisions météo
Les bulles anticycloniques qui s’engrainent sur l’Europe de l’Ouest ont tendance à crever alors que la dépression sarde s’écroule sur elle-même, bien qu’il y ait une activité orageuse du côté de la Tunisie. Mais si ce marais barométrique annonce peu de vent sur les rivages de la Côte d’Azur, le retour des hautes pressions au large du golfe de Gascogne est un signe fort de beau temps pour tout le reste de la semaine ! De fait, c’est plutôt du secteur Est qui est attendu pour ces jours à venir et dans une atmosphère stable, ensoleillée et plutôt sèche, les brises thermiques risquent fort de rester faibles à modérées.
Pour ce mercredi 23 septembre, le ciel est ainsi resté dégagé et une brise de secteur Nord à Nord-Est a soufflé d’une dizaine de nœuds, temporairement 12-15 nœuds en milieu de journée. Pour demain jeudi, la rotation vers l’Est à Nord-Est du vent ne va pas contribuer à le renforcer, et c’est plutôt dans un flux d’une dizaine de nœuds maximum que les Régates Royales vont se courir. Pas de grand changement pour vendredi si ce n’est encore un peu moins de pression mais de la brise thermique, et pour le week-end, retour d’un vent de secteur Est entre 8 et 12 nœuds. Que du soleil et des températures très stables autour de 22°C le matin et 26°C l’après-midi !