La fin du rêve pour Tim Troy

Tim Troy portrait
DR

La déception était grande pour Tim Troy alors qu’il faisait part de la nouvelle. « Je suis émotionnellement et financièrement épuisé. Il n’y a pas de mots pour expliquer ma déception. Après avoir travaillé si dur et si longtemps je rêvais de faire partie de ceux qui ont la chance de faire un tour du monde en solitaire ». Retraçant les grandes lignes de son histoire il a raconté : « A l’automne 2005, juste après avoir acheté Margaret Anna j’ai demandé à la classe IMOCA de venir pour faire les tests requis sur le bateau. Je me doutais bien qu’il fallait s’y prendre à l’avance au cas ou il y ait des modifications à apporter au bateau. Seulement ils m’ont dit que le bateau avait déjà sont certificat de jauge et que je n’aurai pas besoin de faire ces mesures de nouveau avant le départ de la course. Je fus à la fois soulagé et un peu sceptique. Un peu plus tard, j’ai appris que les règles de classe avaient changé et que j’allais devoir refaire les tests mais pas celui de retournement (180 degrés). Il faut quand même garder en mémoire que je travaillais entre 60 et 70 heures par semaine à côté et que je ne pouvais être sur le bateau que les soirées et week-end. J’ai alors tout organisé pour ces tests : la grue, un plongeur, trois personnes pour aider etc. Et là, alors que le jaugeur de l’IMOCA devait prendre un avion, l’aéroport d’Heathrow a été fermé à cause de cette attaque terroriste ! Incroyable. »
 
A 48 ans, Tim Troy qui songe depuis son plus jeune âge à boucler un tour du monde avait vu en la VELUX 5 OCEANS l’occasion rêvée d’accomplir son ambition. L’Américain a du faire des sacrifices pour monter ce projet qu’il finance lui-même depuis le commencement. Il lui a fallu pour cela prendre deux hypothèques successives sur la maison familiale, sans parler des soirées et week-end passés à bord de son bateau. Une vie à jongler entre sa passion, son travail et sa famille. Des mois de préparation pour mener MARGARET ANNA – qui porte le nom des deux filles de Tim Troy – à Bilbao où il comptait prendre le départ de la course. Tout semblait d’ailleurs bien parti en août dernier quand, cerise sur le gâteau, un partenariat de dernière minute se signait avec l’entreprise américaine – Solveras Payment Systems.
 
En septembre, Tim Troy a profité de son convoyage des Etats-Unis vers l’Espagne pour boucler son parcours de qualification. Respectant les règles de courses, il devait en effet avoir rejoint Bilbao avant le 1er octobre. L’organisateur de la course recommandait par ailleurs aux skippers d’avoir en poche avant cette date, le certificat de la classe IMOCA (régissant les 60 Pieds Open) sans lequel ils ne seraient pas autorisés à prendre le départ de la VELUX 5 OCEANS. Pour obtenir ce certificat, chaque bateau doit passer un ensemble de tests qui vise notamment à assurer la sécurité des marins en mer en cas de chavirage. Se pliant à ces règles de course, mais n’ayant pas pu faire ces tests aux Etats-Unis, Tim Troy n’avait alors eu d’autre choix que de les faire après son arrivée a Bilbao (le 29 septembre), en même temps que Sir Robin Knox Johnston et Unai Basurko.
 
Il a malheureusement manqué 3 degrés à MARGARETT ANNA pour pouvoir réussir l’un des tests (AVS) vérifiant la capacité de retournement des bateaux. Le fait que Tim ne puisse pas avoir le certificat de jauge à temps l’a donc contraint à rester à quai le dimanche 22 octobre dernier quand le reste de la flotte a pris le départ de la VELUX 5 OCEANS.
 
Le fait que la ligne de départ reste ouverte pendant sept jours (comme précisé dans l’Avis de Course) laissait une carte à jouer à l’américain. Tim Troy s’est donc mis en contact avec l’architecte du bateau, Bernard Nivelt, afin de d’envisager les options permettant d’obtenir le certificat de jauge de l’IMOCA en temps voulu. L’architecte lui a alors conseillé d’ajouter 300 kg de plomb au niveau de la quille. Lorsqu’il est nécessaire d’ajouter du poids comme dans ce cas précis, c’est normalement au niveau du bulbe de quille que l’opération se fait. Nivelt a pourtant suggéré à Tim d’ajouter le plomb au niveau du voile de quille. Ne pouvant faire ces modifications à Bilbao Tim Troy a donc rejoint la Rochelle avec son MARGARET ANNA afin de s’y atteler.
 
« Après une semaine de marathon à Bilbao, nous avons effectué l’ensemble des tests. Et à seulement une semaine du départ, j’ai appris que le bateau n’étaIt pas en règle et qu’il fallait donc que j’y apporte des modifications pour avoir le certificat de jauge. Et même si ça ne s’annonçait pas simple, c’était possible, tout en sachant que je devais prendre le départ avec une semaine de retard. Mais à trois jours du jour J, l’IMOCA m’a annoncé que je devais également refaire le test de retournement. Avec le temps et l’argent qu’il me restait, ce n’était pas envisageable. Je ne pouvais pas me contenter d’ajouter 300 kilos de plomb au niveau du voile de quille et partir dans les mers du Sud sans tester le bateau. »
 
Arrivé à la Rochelle, Tim Troy a finalement pris la difficile décision de ne pas faire ces modifications. Car une fois effectuées à ses frais, il aurait en effet fallu que MARGARET ANNA repasse le test de retournement. Sans aucune assurance que le bateau puisse avoir son certificat de jauge lors de ce second test et avec un retard de plus de trois semaines sur l’ensemble de la flotte Tim Troy n’a pas eu d’autre choix que de se résigner. « Je tiens à remercier tous ceux qui m’ont aidé. Sans ce soutien je n’aurai jamais pu être si près du but. Je tiens aussi à remercier tout particulièrement les fantastiques personnes qui m’ont aidé à Bilbao. Leur soutien n’a pas de prix et rend juste la chose un peu plus difficile pour moi. Ce que je peux dire c’est que, quand je serai de retour, et je le serai, j’aurai tiré la leçon de cette expérience, de l’aide que l’on m’a apporté et je n’en serai que plus fort pour y parvenir ! »
 
Le Directeur de Course, David Adams a commenté cette nouvelle. « Nous sommes tous déçus que Tim ait eu à prendre cette lourde décision mais nous la comprenons. La sécurité doit rester la priorité des marins et des organisateurs de course. Tim est un super concurrent et un vrai personnage. Quand il a malheureusement échoué à ce test, nous avons tous tâché de l’aider et fait notre possible pour trouver des solutions. La course et ses partenaires ont suivi Tim depuis plus d’une année afin de l’aider à accomplir son rêve. C’est un jour triste pour nous tous mais nous lui souhaitons le meilleur pour ses prochains défis et sommes convaincus qu’on le reverra bientôt sur le circuit. Cette nouvelle vient souligner la difficulté et les efforts qu’il faut fournir pour pouvoir s’aligner sur la ligne de départ d’une course autour du monde comme la VELUX 5 OCEANS. Le simple fait de pouvoir en arriver là est incroyable ».
 
Alors que Tim est  de retour auprès de sa famille aux Etats-Unis, MARGARET ANNA doit pour l’instant rester à La Rochelle. La course fera escale à Norfolk (Virgnie) entre mars et avril 2007.

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Source Velux 5 Oceans