Karine Fauconnier

Fauconnier Lemonchois Transat AG2R 2000
DR

"Lionel a mené sa machine d’une façon incroyable… « Même pas peur !» Je pense qu’il a dû avoir une véritable confiance dans son bateau pour arriver à tenir un rythme pareil. Sa monture permet cela, Gitana 11 n’a pas peur de la toile, il est naturellement bien assis sur l’arrière : malgré tout, marcher à 35 nœuds sous gennaker et être à l’intérieur en train de parler au téléphone, il faut le faire!

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Lionel, c’est quelqu’un d’assez tranquille, à tel point qu’au premier abord, on pourrait croire qu’il n’est pas très motivé… Lorsque je l’ai contacté pour faire la transat AG2R avec moi en 2000, il m’avait répondu oui, puis après je n’avais plus eu de nouvelles. Je lui avais plus tard fait parvenir la liste des inscrits, et l’avais rappelé en lui disant : « Tu as vu ? Il y a 45 bateaux, et du beau monde – Poupon, Pajot, Autissier, Arthaud, Le Cam… ils sont tous là, mais je pense qu’aucun duo n’est imbattable. » Ce à quoi Lionel m’avait répondu : « Evidemment, mais ils le savent les autres, que c’est nous qui allons gagner ? ». Tous mes doutes sur son envie d’y aller se sont évaporés en un instant. Nous étions tous les deux dans une logique « bulldozer »…

Il aime être en mer, même dans les moments difficiles. Sur l’AG2R, on a vécu une grosse tempête dans le golfe de Gascogne, au près pendant une semaine avec jamais moins de 25 nœuds de vent, et jusqu’à 50. Mouillés, fatigués… on se faisait cogner, la drisse a cassé trois fois, il a fallu monter au mât. Une belle galère, quand même, et pourtant à aucun moment on était fâchés d’être là. Dans ces conditions, tu es content d’avoir à tes côtés un gars comme Lionel, parce que tu sais qu’avec lui, tu peux quasiment tout réparer sur le bateau. Il suffit de se retrousser les manches… Après, ce n’est pas un bavard, mais personnellement cela ne m’a pas gênée, j’ai tendance à être dans mon cocon lorsque je suis en mer – au final, on ne s’est pas énormément parlé pendant la traversée.

Quant à son point faible… Il est très difficile à réveiller ! (Karine en rit encore de bon cœur, ndlr) C’est peut-être aussi pour cela qu’il était frais sur ce Rhum, car contrairement à beaucoup d’autres, il parvenait à dormir facilement. Il a cette capacité à s’endormir vite… et profondément (rires) ! J’ai vraiment parfois eu du mal à réveiller sur l’AG2R. Je suis très heureuse en tous cas pour lui aujourd’hui, il signe une victoire magnifique. Je pense aussi qu’il avait une certaine fraîcheur en abordant ce Rhum, une envie d’y aller… ce type de course, c’est vraiment beaucoup dans la tête, et entre ceux qui n’avaient plus rien à prouver et ceux qui finalement y allaient avec un peu d’appréhension, on a vu quelques grands noms faire des résultats inférieurs à ceux que l’on attendait."

Propos recueillis par Jocelyn Blériot