Et comme ils naviguent désormais dans le même système météo, ces trois derniers navigateurs n’ont que peu d’espoir de revenir sur leur leader… sauf si la réparation lâche d’ici 48h, ce qui parait peu probable selon le skipper. Sill & Veolia, à moins de 630 milles du but ce soir, est susceptible d’arriver dès vendredi en Guadeloupe. L’actualité de la course ces 24 dernières heures a été marquée par deux autres événements. L’arrivée tôt ce matin d’Alain Gautier (Foncia) qui prend la 7e place des trimarans Orma et le sauvetage de l’Anglais Ross Hubson, repêché sain et sauf par un cargo qui faisait route vers l’Espagne, alors que son trimaran de Classe 3 "Ideal Stelrad" avait chaviré. Chez les grand multicoques Orma, il ne reste plus que quatre bateaux en course, avec une belle bataille entre le Région Guadeloupe-Terres de Passions de Claude Thélier, le Sopra Group d’Antoine Koch et le Gitana 12 de Thierry Duprey. Tous trois devraient arriver d’ici 2 à 3 jours à Pointe-à-Pitre, à l’instar du multi 50 pieds Crêpes Whaou! de Franck-Yves Escoffier. Ce sera un peu plus long pour le Madinina de Gilles Lamiré, qui s’était arrêté aux Açores pour réparer et pointe ce soir à 1700 milles de l’arrivée. Chez les Classe 40, le britannique Phil Sharp mène toujours la danse avec un peu plus de 100 milles d’avance sur Gildas Morvan (Oyster Funds) mais il reste plus de 1400 milles à couvrir pour cette flotte-là qui a passé un bien mauvais moment la nuit dernière avec des vents forts, jusqu’à 55 noeuds dans les rafales…
Monocoques Imoca : Roland Jourdain, le MacGyver
Incroyable révélation mercredi midi ! Roland Jourdain (Sill et Veolia), leader incontesté des monocoques Imoca depuis la nuit de samedi à dimanche, a avoué ce matin avoir cassé sa bôme au passage des Açores jeudi dernier. Une avarie suffisamment grave pour devoir normalement se dérouter vers un port à vitesse réduite, voire jeter l’éponge. « Je n’ai pas imaginé une seconde abandonner » a déclaré Bilou à la mi-journée. « Mais j’en ai bavé ! » C’est avec les lattes de secours, les montants de ses bannettes, son siège de table à cartes, des morceaux de sa cuisine en contreplaqué et bien sûr de la stratification que Roland Jourdain a joué les MacGyver pour fabriquer une attelle réunissant les deux morceaux de l’espar cassé. « Il n’y a plus rien à l’intérieur » s’en amuse après coup Bilou. Stressé à l’idée que cette réparation ne tienne pas au passage du front lundi, Roland Jourdain était largement rassuré aujourd’hui. « C’est du béton ! Je pense que ma bôme aura sa place au musée d’art moderne ! » A moins de deux jours de l’arrivée, le skipper de Sill et Veolia conserve toujours une avance confortable avec plus de 100 milles sur son premier poursuivant, Jean Le Cam (VM Matériaux). Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec) rétrograde en 4e place, doublé ce matin par le Suisse Dominique Wavre (Temenos), dont l’option sud semblable à celle de Jourdain s’avère enfin payante. L’alizé est puissant derrière le front. Anne Liardet (Roxy) et Marc Guillemot (Safran) ont également souffert au passage des nombreux grains. Avec 30-35 nœuds de vent de nord-est, Jean Le Cam, 2e, et Armel Le Cléac’h (Brit Air), 5e, ont écourté leur vacation après quelques secondes, obligés de reprendre la barre d’urgence. La folle cavalcade des monos 60 n’est pas terminée et des rebondissements sont encore possibles.
Multicoques 60′ Orma : Claude Thélier attendu vendredi "à la maison"
Après l’arrivée très tôt ce matin, à la 7e place, d’Alain Gautier (Foncia), il ne reste plus que quatre grands multicoques en course. Claude Thélier sur Région Guadeloupe-Terres de Passion est ce soir le plus proche du but, à 513 milles de l’arrivée à Pointe-à-Pitre. Il possède près de 100 milles d’avance sur le Sopra Group d’Antoine Koch et près de 130 sur le Gitana 12 de Thierry Duprey, ces deux jeunes skippers – l’un au sud et l’autre au nord – se livrent un duel à distance avec des bateaux au potentiel diminué : flotteur tribord qui prend l’eau et grand voile impossible à envoyer au-delà du 2e ris pour Antoine Koch (Sopra Group) et étrave endommagée (dans un choc avec une baleine) et impossibilité d’envoyer le gennaker pour Thierry Duprey (Gitana 12). Mais tous deux ont avant tout l’ambition d’arriver le plus tôt possible en Guadeloupe et confessent qu’ils ont beaucoup appris pour leur première transat en solitaire en multicoque. Alors que le Madinina de Gilles Lamiré (qui s’était arrêté réparer aux Açores) a encore de la route (1700 milles), l’évenement "dans environ 49 heures", ce sera l’arrivée de Claude Thélier, le local de l’étape qui "rentre à la maison au plus vite" et où ses amis lui réservent un accueil triomphal, sur l’eau et à terre. Pas d’arrivée prévue aujourd’hui et demain dans cette classe, mais à partir de vendredi.
Monocoques Classe 40
Malgré une nuit pour le moins "rock and roll" – une mer dantesque et jusqu’à 60 noeuds de vent – les nordistes en ont profité pour prendre l’avantage. Toujours emmenés par Phil Sharp (qui a perdu son gennaker cette nuit dans la tempête, ce qui risque fort de le pénaliser lourdement pour la suite de la course), ils font désormais route directe vers la Guadeloupe au portant dans un vent de nord nord-ouest de 18-20 noeuds, tandis que les autres concurrents se débattent toujours avec le passage d’un front qu’ils doivent traverser avant de pouvoir profiter de vents plus favorables. " Je suis en train de manger mon pain noir ! Ceux au nord peuvent déjà y aller à fond et continuer de creuser l’écart. L’Anglais notamment a marqué de précieux points. Il est en train de redescendre vers le sud et a priori, ça devrait continuer de bien se passer pour lui. Demain matin, il sera pratiquement sur notre route. Et avec un paquet de milles d’avance ", déplorait Dominic Vittet, skipper d’Atao Audio System, ce matin. Reste que samedi, les choses vont de nouveau se compliquer puisque un anticyclone va se former sur le trajet des monocoques 40 pieds. Les solitaires devront une nouvelle fois choisir entre plonger au sud pour essayer d’y échapper ou au contraire faire cap à l’ouest pour aller chercher un nouveau vent. La route est encore longue. Et si pour l’heure, Phil Sharp a pris l’avantage, les autres n’ont pas dit leur dernier mot. A noter par ailleurs que Nick Bubb (Kenmore Homes), qui pointait à 12 heures en 12e position en Classe 40, a cassé sa bôme en début d’après-midi. Le Britannique fait actuellement route vers les Açores dans des conditions météo difficiles (50 noeuds de vent et une mer très formée) afin de réparer.
Multicoques Classes 2 et 3
Multis 50 pieds : Prudence et récupération
Ils ont "ramassé" les skippers des multis classe 2. Tous, sans exception ont passé le front dans des conditions extrêmement difficiles. "Nuit d’enfer’" pour certains, "dantesque" pour d’autres, les marins essayent à présent de récupérer après les heures sombres qu’ils ont vécues.
Crêpes Whaou était à 16 heures aujourd’hui à 559 milles de l’arrivée, devant Trilogic qu’il précédait de 387 milles et surtout devant tous les 60 pieds Imoca et trois 60 pieds Orma. Même s’il a décidé d’être très prudent, Franck-Yves Escoffier essaie de griller la priorité au multi 60 pieds Région Guadeloupe de Claude Thélier.
Multis Classe 3 : Imagine Institut des maladies génétiques seul en mer
Le chavirage de Ideal Stelrad (Ross Hobson a été récupéré par un cargo ce matin) laisse Pierre Antoine seul en mer dans sa classe. Situé plus au sud que ne l’était Ideal Stelrad, Imagine a néanmoins rencontré des "conditions brutales". Le dernier multi classe 3 encore en course était à 1638 milles de l’arrivée aujourd’hui à 16 heures. Ross Hobson a chaviré alors qu’il était à l’avant, à la manœuvre. C’est le cargo espagnol, Carmen qui l’a récupéré, les secours ayant été pris en main par la direction de course et les gardes côtes américains. Ideal Stelrad est trop loin des côtes pour être récupéré.
Monocoques Classes 1, 2 et 3
Monos Classe 1 : En attendant la queue de dépression
Jeunes Dirigeants est toujours en tête et creuse légèrement l’écart avec ses trois poursuivants. Il engrange les milles et garde un œil dans le rétroviseur, ses petits camarades fourbissant une attaque en règle… La queue de dépression qui leur arrive produisant des vents de nord, les trois adversaires de Jeunes Dirigeants (Ville de Dinard, Antilles-Sails.com et TAT Express) pourraient en profiter les premiers…
Monos Classe 2 : Servane agace Kip
Vedettes de Bréhat Cap Marine est revenu jusqu’à 54 milles de Artforms, de quoi agacer le skipper américain, qui à la barre d’un bateau 10 ans plus jeune que celui de la jeune malouine, a bien du mal à contenir l’impétuosité de cette dernière.
A 16 heures, Artforms distançait Vedettes de Bréhat Cap Marine de 60,8 milles, Cap Guadeloupe 971 de 152,9 milles et AOI Solidarité dentaire internationale de 408,7 milles. Kip Stone était à 1548 milles de l’arrivée.
Monos Classe 3
Les trois skippers encore en course dans cette classe ont été injoignables aujourd’hui. C’est toujours Michel Kleinjans sur Roaring Forty qui mène la cadence, laissant dans son sillage Aurelia Ditton sur Dangerous When Wet, à 340 milles à 16 heures aujourd’hui et Alain Grinda sur Fantasy Forest, à 539,7 milles, qui ferme la flotte des monos classe 3, mais aussi, l’ensemble de la flotte de la Route du Rhum – La Banque Postale. A 16 heures aujourd’hui, avec 2305 milles encore à parcourir, il était le plus éloigné de la ligne d’arrivée.
Source Route du Rhum