Cette avarie est survenue non loin des Açores, jeudi dernier lors d’un empannage, et Jourdain, toujours largement en tête des monocoques IMOCA avec 95 milles d’avance sur Jean Le Cam (VM Matériaux), 208 milles sur Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec) et 215 milles sur Dominique Wavre (Temenos) à 04h00 ce matin s’était bien gardé d’en faire état. Lors d’une vacation nocturne avec le PC-presse en Guadeloupe, « Bilou » a pris le parti de plaisanter de ses malheurs, alors qu’il ne lui restait plus que 425 milles à parcourir pour couper la ligne d’arrivée « après-demain matin » (vendredi, ndlr), selon ses prévisions.
Comme Lionel Lemonchois, qui n’a toutefois pas eu l’occasion cette fois de sortir sa caisse à outils, à l’image d’Yves Parlier qui résolut, seul, ses problèmes de mât à l’abri de l’île Stewart (sud de la Nouvelle-Zélande) dans l’avant-dernière édition du Vendée Globe, Jourdain s’est révélé être un bricoleur de talent. Avec des lattes de secours, des montants de bannettes, quelques morceaux de contre-plaqué, le siège de sa table à cartes, quelques colliers et une bonne stratification, il a reconstitué, non sans peine, une bôme « béton » digne, affirme-t-il, de figurer au Musée Art Moderne : « Les experts Véritas sont passés, c’est validé et tout va bien, ne vous inquiétez pas de ce côté-là ».
Il souhaite désormais arriver « le plus tôt possible », dans la mesure où il imagine Jean Le Cam, son plus proche poursuivant, « au taquet ». Pour Dominique Wavre, qui poursuit son chassé-croisé avec Jean-Pierre Dick en s’amusant « comme un petit fou sur un bateau super rapide au reaching » il est « évident que Bilou va gagner et c’est une belle victoire d’un bon marin ». Un succès de Jean Le Cam aurait également fait plaisir au skipper suisse qui s’apprête, lui aussi, à améliorer le record en monocoque IMOCA établi il y a 4 ans par Ellen McArthur en 13 jours, 13 heures, 31 min et 47 sec). Une telle perspective le surprend, même s’il juge les bateaux de la nouvelle génération plus rapides que Kingfisher .
Franck-Yves Escoffier (Crêpes Whaou !) envisage pour sa part se présenter « vers minuit la nuit prochaine sur la ligne d’arrivée». Enchanté par les performances de son multiqoque – « le bateau est formidable, c’est la machine que je voulais », il a fait état de sa fatigue après avoir peu dormi dans une zone de calmes, avec « 50 degrés de variation de vent dans tous les sens », alors qu’il ne lui restait plus que 375 milles à parcourir. Dans la même classe des multicoques classe 2, Pascal Quintin (Jean Stalaven) a chaviré par 25 – 27 nœuds de vent à 17h40, à 800 milles dans l’ouest/nord-ouest des Açores. Il a actionné ses balises de détresse, mais il a bien vite rassuré son épouse. A 04hTU il se trouvait à bord d’un vraquier, sain et sauf. Outre Franck-Yves Escoffier, Claude Thélier (Région Guadeloupe), que les Antillais s’apprêtent à fêter comme il se doit, et Antoine Koch (Sopra Group) sont attendus sur la ligne d’arrivée ces prochaines 24 heures.
Source Route du Rhum
