Sur les courses en double, les duos se font et se défont. Au gré des disponibilités. En fonction des accointances aussi. Pour cette transat en double (départ le 3 novembre pour les 18 monos Imoca) entre Le Havre et Salvador de Bahia, Desjoyeaux n’a pas hésité longtemps dans le choix de son équipier. "Manu est toujours d’humeur égale, toujours très agréable à vivre, toujours prêt à manœuvrer. C’est un bonheur de l’avoir à bord".
"J’en ai eu des propositions…"
A entendre Desjoyeaux, le choix était évident : "Et pourtant, j’en ai eu des propositions…" Il ne citera pas de nom.
"Cela fait longtemps que je sais avec qui j’ai envie de partir". Il partira donc avec Emmanuel Le Borgne (30 ans). Un Finistérien (ndlr : il réside à Porspoder) comme lui.
Côté études, Le Borgne est titulaire d’un Bac scientifique (option Biologie) et d’une Licence Staps. Sur son CV nautique, on trouve du 420 (champion de France 1996), du First Class 8 (vice-champion d’Europe en 2000), du Mumm 30 (Tour de France), du Figaro, du maxi-multicoque autour du monde (responsable composite sur le Geronimo de Kersauson), du trimaran de 60 pieds ("Bonduelle" avec Jean Le Cam et "La Trinitaine" avec Marc Guillemot), du mono de 60 pieds ("Solune"), du maxi (convoyage de Mari-Cha IV de Cherbourg à Antigua), etc.
Le Borgne : "Je sais où je vais"
On ajoutera juste qu’il a également décroché une Licence professionnelle en conception et fabrication de structures en matériaux composites. "Bref, il sait tout faire", précise Desjoyeaux.
Même mener seul et à fond un 60 pieds neuf pendant que le boss se repose à l’intérieur ?
"Sur le trimaran "Géant", Manu était au piano et cela pendant trois saisons. Et puis, tri ou mono, ça reste du bateau". En clair, l’élève a su s’adapter. "Cela fait trois ans que je bosse et navigue avec Michel, donc je ne pars pas à l’aventure. Je sais où je vais et avec qui".
Toujours à l’écoute
Sans complexe, Le Borgne sait aussi qu’il doit beaucoup au skipper de "Foncia" qu’il a sollicité par courrier électronique, l’hiver dernier : "J’apprends toujours avec lui car il reste en permanence à l’écoute. Michel n’est pas du genre à s’enfermer dans ses certitudes. Au début, j’ai même halluciné car il fait énormément confiance. Il responsabilise".
Entre les deux hommes, le courant passe bien. Dès la première course à bord du plan Farr, Mich’ Desj’ a vu que son protégé avait la gnac : "C’était pendant le Record SNSM et Michel m’a demandé si je voulais toujours disputer la Transat Jacques Vabre avec lui : bien sûr, j’ai dit oui".
Qui aurait dit non ?
Philippe Eliès
Desjoyeaux – Le Borgne : le professeur et l’élève
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