Début des Régates Royales de Cannes

Régates Royales Cannes
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Pas besoin de patienter : à midi pile, la brise de secteur Est était bien établie et les départs des Yachts Classiques se succédaient jusqu’à 13h00 pour entamer le parcours 2, un triangle aplati d’une dizaine de milles dans la baie de la Napoule. Comme à son habitude, le majestueux Shamrock V a fait le spectacle dans ce clapot court qui levait des moustaches d’écume sous sa sous-barbe de bout-dehors ! Quelques croisements chauds ont fait monter l’adrénaline au passage de la bouée au vent : quand Pen Duick bataillait face à Marigold, lorsque Thendara coiffait Moobeam IV lors de l’envoi du spinnaker, quand Bonafide s’envolait vers une victoire en temps réel bien mérité ou encore quand Rowdy déboulait à plus de dix nœuds vers la ligne d’arrivée.
 
L’empreinte russe !

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Les Dragon profitaient aussi de ces conditions météorologiques parfaites pour une régate d’entraînement sur un plan d’eau toujours aussi technique avec le petit clapot d’Est qui se levait au fil de l’après-midi : entre 12 et 15 nœuds de vent pour confirmer que le Russe Anatoly Loginov, épaulé par Andrey Kirjliuk et Alexander Shalagin, marquait une nouvelle fois son territoire. Mais il devra se méfier à Cannes de la pression du Finlandais Kenneth Palmgren et du Norvégien Poul Richard Hoj-Jensen, respectivement deuxième et troisième. Le premier Français est Philippe Rossignol équipé par Gwen Chapalain et Jean-Luc Rouchy, qui termine sixième.
 
Naissance d’une jauge mondiale

Les 5.5mJI, 6 mJI, 8 mJI comme les 12 mJI (retenus pour la Coupe de l’America de 1958 à 1987) et d’autres classes qui n’ont pas perduré, découlent tous de la jauge métrique imaginée en 1906 à Londres. À cette époque, le yachting se développe de plus en plus dans toutes les nations maritimes, des Etats Unis à l’Allemagne, de l’Australie à l’Espagne, de la Suisse à la Scandinavie, de la France à l’Italie… Mais quasiment chaque nation, voir chaque région ou chaque club adopte une jauge spécifique qui génère des voiliers très typés pour leur plan d’eau d’origine. Peu de confrontations internationales existent si ce n’est sur le lac Léman ou sur la côte Sud de l’Angleterre.
 
Ces jauges sont dites à « restrictions » c’est-à-dire qu’elles limitent la valeur d’un certain nombre de paramètres pour garantir une similitude de performances, sans pour autant imposer de concevoir des bateaux identiques (monotypes). En 1901, le New York Yacht Club prend l’initiative de refondre la Jauge Universelle sous la houlette de l’architecte Nathanaël Herreshof. Les Allemands, les Scandinaves, les Anglais et les Français répondent lors de la réunion de Londres de 1906 qui crée la Jauge Internationale (JI) à l’origine de dix classes de 5mJI à 23mJI au futur plus ou moins glorieux. Trois années plus tard, 195 unités de Jauge Internationale régatent en Europe, dont quatre-vingt-onze 6mJI, cinquante-neuf 8mJI, vingt-deux 10mJI, quatorze 12mJI et neuf 15mJI ! Les Américains ne tardent pas eux aussi à se rallier à cette jauge dite « métrique » qui prend en compte la longueur à la flottaison, la section immergée de la coque, le franc-bord et la surface de voile.
 
Dès 1907, les plus grands architectes se penchent sur cette jauge et en particulier sur les « Eights » qui, avec leurs quatorze mètres de long, leurs 80 m2 de voilure au près et leurs neuf tonnes, permettent de jouer sur nombre de paramètres pour trouver la bonne équation. Les Ecossais Alfred Mylne et William Fife, les Norvégiens Johan Anker (le père du Dragon) et Bjarne Aas, les Anglais Morgan Giles et Charles Nicholson, l’Américain Olin Stephens, les Français Thierry Guédon, François Camatte, André Mauric… s’essayent sur cette classe olympique de 1908 à 1936 ! À partir de 1958, ce sont les 12mJI qui font le spectacle grâce à leur adoption par la Coupe de l’America et le bois fait place à l’aluminium puis aux matériaux composites (à l’exclusion du carbone). Les autres Métriques suivent l’évolution qui induit la séparation du safran et de la quille, l’installation de trimmer…
 
À Cannes, les Régates Royales regroupent ainsi plusieurs « métriques » célèbres. Les plus renommés des architectes de cette jauge très particulière qui est encore très dynamique avec le 5.5MJI, 6mJI et 8mJI sont représentés à l’image de Tuiga (plan de William Fife 1909) et Mariska (Fife 1908), deux des « survivants » sur les quatre encore en état parmi les 15mJI. Trois 12mJI sont aussi venus dans les eaux cannoises tels les « anciens » Emilia (Attilio Costaguta 1930) et Seven Seas of Porto (Clinton Crane 1935) qui côtoient l’un des derniers-nés, French Kiss (Briand 1986). Chez les 8mJI, le célèbre Aile VI (Pierre Arbaut 1928) rappelle le talent et le caractère de Virginie Hériot qui l’emmena sur la plus haute marche du podium lors des Jeux Olympiques en Hollande de 1928… Il doit faire face à Elsinore (Tore Holm 1930), Helen (Alfred Mylne 1936), France (François Camatte 1937), Anne-Sophie (Bjarne Aas 1938). Le plus ancien des 6mJI est le Suisse Midinette (1933) au coude à coude avec Astrée III (Bjarne Aas 1959) et l’un des derniers nés, Duclop… Tous les grands maîtres de l’architecture navale et de la voile au contact se sont testés sur la Jauge Métrique et briller dans ces classes reste toujours un challenge difficile !
 
Trophée Panerai

Pour sa cinquième édition, le Panerai Classic Yachts Challenge s’achèvera à l’issue des Régates Royales de Cannes. Organisé d’avril à septembre, ce challenge comprenait cette saison cinq épreuves en Méditerranée (Ajaccio-Antibes, 1-2 juin, les Voiles d’Antibes, 3-7 juin, Vela d’Epoca, 3-13 septembre, Porto Rotondo-Monaco, 14-15 septembre, Régates Royales de Cannes, 21-26 septembre) ainsi que quatre régates outre-Atlantique (Antigua aux Antilles, Nantucket et deux fois Newport aux Etats-Unis). Le Challenge Panerai est définitivement remis au yacht qui aura gagné trois fois le Panerai Classic Yachts Challenge.
Les vainqueurs des trois catégories retenues (Big Boats, Yachts d’Epoque, Yachts Classiques) recevront une montre Officine Panerai, spécialement créée pour l’occasion : la Luminor 1950 Regatta, un chronographe à rattrapante 44mm. L’organisation des régates en Méditerranée sous le parrainage du Comité  International de la Méditerranée, incombe aux principales associations nationales de voiles d’époque : Associazione Italiana Vela d’Epoca et l’Association Française des Yachts de Tradition.
 
Dragon d’Or

Unique dans le monde de la voile, le Trophée du Dragon d’Or a été créé à l’initiative de l’association Cannes Dragon International pour récompenser le plus régulier des barreurs de la classe sur les meilleurs résultats obtenus sur six épreuves en référence à un ensemble de 24 épreuves sélectionnées. Il faut en effet que les courses de Dragon rassemblent un minimum de 25 équipages pour être retenues afin d’établir un classement qui court entre septembre 2008 et septembre 2009. À l’issue de cette saison, le Dragon d’Or sera remis lors de la soirée du jeudi 24 septembre au Palm Beach. 465 barreurs établissent cette année le classement général du Dragon d’Or 2009, représentant 17 nations et 55 clubs européens.
L’Allemand Thomas Muller (Champion du Monde 2007) sera sacré lors de cette soirée Dragon d’Or. Son dauphin est le Russe Anatoly Loginov, étoile montante de la série, suivi par le multiple Champion du Monde (dont 2009 en septembre dernier à Medemblik), le Danois Poul Richard Hoj Jensen. Le Français du Yacht Club de Cannes, Christian Boillot s’adjuge la quatrième place ! Les Régates Royales de Cannes ouvrent la nouvelle saison du Dragon d’Or, première épreuve retenue pour ce Trophée 2010.