Le skipper quittera le ponton brestois du Port du Château vers 9 heures pour franchir la ligne de départ à Ouessant, devant le phare de Créac’h, environ quatre heures plus tard. Son objectif : être de retour en moins de 57 jours, 13 heures, 34 minutes et 6 secondes, le temps établi par Francis Joyon (Idec) en janvier 2008. « Libéré d’avoir pris la décision de partir, » le skipper s’élance avec une belle fenêtre météo.
Les conditions s’annoncent sportives sur la ligne avec un vent de Nord-Est de 25 nœuds puis une mer assez courte dans le Golfe de Gascogne. Si les précisions se confirment, le skipper pourrait garder ce flux de secteur Nord longtemps et même jusqu’à l’équateur. Sur l’ordinateur, c’est donc un tableau de marche favorable qui s’offre à Sodebo. « Cette décision de partir a été, depuis trois ans, la plus facile à prendre tant les conditions météo sont stables, » confie le recordman de l’Atlantique en solo à la veille de sa troisième tentative de record autour du monde sur ce bateau. « Les modèles de prévisions sont d’accord depuis plusieurs jours et si cela reste « virile », la situation permet de descendre facilement et rapidement à l’équateur que l’on pourrait couper en à peu près 7 jours, ce qui est pas mal. »
Depuis ce tour effectué seul à bord de Sodebo (hiver 2008/2009) où le record lui a échappé d’un peu moins de deux jours, Thomas a battu le Trophée Jules Verne en équipage avec Groupama 3 de Franck Cammas (mars 2010). Il a aussi terminé troisième de la Route du Rhum à la barre de Sodebo et multiplié les transats sur ce trimaran de 32 mètres qui n’a cessé d‘évoluer. « Nous avons construit et conçu Sodebo depuis trois ans et demi. Nous arrivons à maturité de ce bateau et de la connaissance que je peux en avoir. M’élancer demain après avoir autant travaillé est comme une délivrance. J’ai envie de profiter de ce que nous avons fait. Je me sens aussi délivré du poids de pouvoir y aller, il y a des hivers sans créneau idéal. Enchaîner la Route du Rhum et le tour du monde avec les bonnes conditions météo pour partir c’est déjà réussir un premier pari. »
Dernière nuit à terre
Bien entouré ce soir à Brest, Thomas sera seul demain après-midi. Dans un froid polaire, il renouera avec ce stress du multicoque qui ne le quittera plus pendant huit semaines. « Pour l’heure, j’en suis à retranscrire les chiffres de routages, de force ou de direction de vent, en manœuvres et en conduite de Sodebo. Je ne pense pas encore à ma vie à bord. Il faut d’abord dire au revoir à sa famille et à ceux qui sont à tes côtés mais, tant que tu n’es pas en bottes et en ciré, tu es encore un terrien. »