Sept jours pour descendre l´Atlantique Nord c´est peu, même si on peut penser que cela va devenir de plus en plus courant ! Sept jours, cela veut dire pour le skipper solitaire, une moyenne de 16,3 nœuds sur l´eau, et cela jour et nuit, le tout entre coupé de quelques minutes de sommeil piquées ici et là.
L´an dernier à la même époque, Francis Joyon avait mis quelques heures de moins – 6 jours et 17 heures, soit 7 heures et demi de moins que Thomas – bénéficiant de conditions reconnues comme exceptionnelles par tous les spécialistes qui scrutent en permanence les mers du monde, des mers en passe de devenir le nouveau terrain de jeu des marins si on en croit le nombre de voiliers de course qui sont passés par ici depuis quelques semaines.
Une zone nuageuse a salement perturbé l´alizé de Nord-Est, généralement bien établi au Sud du Cap-Vert, et entravé la descente express entamée par le maxi trimaran Sodeb´O depuis Brest. « Je me suis battu hier comme un fauve, un truc de ouf ! Dans des grains en permanence, le vent faisait tout et n’importe quoi. Parfois vraiment chaud à ne pas trop savoir s’il fallait tout affaler ou si tu risques le tout et avances dedans tête baissée sans savoir ce qu’il y a derrière le rideau noir ! Tu ne sais plus bien où est l’issue et ça n’en finit pas. La drisse de Grand voile était prête à descendre. J’avais presque 600 m² de toile au-dessus de moi à gérer si ça tournait mal. Une vraie partie de poker menteur ! »
Une fois passé cet amas nuageux, Thomas a rencontré pendant des heures qui ont du lui paraître sans fin, du clapot et des vents faibles dans la zone proprement dite de convergence. Depuis le milieu de la matinée, la situation s´organise avec des vents de plus en plus réguliers d´environ 15 nœuds de Sud-Est qui sentent bon les alizés de l´hémisphère sud.
Et c´est sans doute parti pour un run de 2 500 à 3 000 milles face au vent dans un clapot relativement court. Il va falloir faire avec avant le grand virage vers l´Océan Indien. Pour le moment, le vent semble stable sur toute cette zone de l´Atlantique Sud que Sodeb´O devrait mettre environ neuf jours à descendre au près légèrement débridé avant de tourner à gauche toute.
A part la gîte, les conditions de navigation sont sensiblement les mêmes en multicoque que sur les monocoques modernes particulièrement larges du Vendée Globe. « Grâce aux appendices et aux formes de coques, les multicoques d´aujourd´hui font du cap. Le mât basculant y est pour beaucoup permettant d´accroître le gain au vent » comme le souligne Thierry Briend chargé de coordonner l´équipe technique à terre et qui précise que si le multicoque avance deux fois plus vite que le monocoque dans ces conditions de navigation, il décolle aussi beaucoup plus sur chaque vague. Sportif !