En jouant le bon côté du plan d’eau (l’Est) et en forçant l’allure au maximum, Fred Le Peutrec et Yann Guichard signent un retour tonitruant. De 71,5 milles à 6h jeudi matin, leur retard sur Banque Populaire est tombé à 23,2 milles à 16h. Le sprint final entre Ascension et Bahia s’annonce d’ores et déjà théâtral et passionnant. Sous le feu des projecteurs se pressent deux marins ultra motivés, Bidégorry et Lemonchois, qui n’ont pas l’intention de lâcher une course qu’ils mènent depuis une semaine. Au premier rang, on retrouve deux spécialistes de la voile Olympique, Le Peutrec et Guichard, de vraies fines lames qui ont plus que jamais le mors aux dents et l’avantage psychologique de ceux qui reviennent dans le match. Jouer les premiers rôles est à leur portée d’étrave et ils en ont plus que jamais conscience. Depuis le balcon de Géant, Desjoyeaux et Destremau observent la scène et attendent leur heure pour réaliser, peut-être, un coup tactique magistral avant la tombée de rideau sur Bahia. A plus de 600 milles de là, sur Gitana X, Thierry Duprey du Vorsent observe et analyse, avec un avis logiquement favorable pour ses frères d’écurie : « Ils (Le Peutrec et Guichard) sont très bien placés avant Ascension. Je suis confiant dans les deux bonshommes et le bateau. Gitana 11 est rapide au portant et il reste beaucoup de milles à faire. » Les trois derniers jours de course peuvent encore réserver bien des rebondissements. Le tiercé dans l’ordre se précise plus clairement du côté des monocoques 60 pieds. A moins de 36 heures de l’arrivée, Jean-Pierre Dick et Loïck Peyron (Virbac-Paprec) conserve une petite marge de 25 à 30 milles mais restent très prudents. « Il y a deux ans, nous sommes restés collés sous un orage près des côtes et les autres nous ont repris 20 milles en une heure » racontait à la vacation de la mi-journée Jean-Pierre Dick, vainqueur en 2003 avec Nicolas Abiven. « Rien n’est joué ! » A 28 milles derrière, Roland Jourdain et Ellen MacArthur (Sill et Veolia) maintiennent une pression constante et profiteront de la moindre opportunité pour subtiliser la première place. Comme le vent doit mollir régulièrement à l’approche de Salvador de Bahia, il est fort probable que l’écart entre les deux premiers se réduit à nouveau. Le suspense pourrait donc également être relancé vendredi à quelques heures de l’arrivée… Le premier à pénétrer dans la Baie de Tous les Saints devrait néanmoins être le trimaran de 50 pieds Crêpes Whaou ! de Franck-Yves et Kévin Escoffier. Faciles leaders de leur catégorie, le père et le fils ont également remonté un à un les monocoques partis 24 heures avant eux et devraient être les plus proches de Bahia dès jeudi soir. Lorsque la famille Escoffier pointera son étrave à Salvador, le deuxième multicoque de Classe 2, Gifi de Dominique Demachy et Philippe Langlois, aura à peine atteint l’archipel du Cap-Vert, à plus de 1700 milles de là ! Chez les monos 50, malgré leurs 232 milles d’avance, Harris-Hall (Gryphon Solo) vont se méfier du retour en force de Stone-Owen (Artforms) remontés à la deuxième place devant Escoffier-de Broc (Vedettes de Bréhat).
Chronique d’un sprint final annoncé
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