Les multicoques à l’est, les monocoques à l’ouest. L’archipel du Cap-Vert joue les séparations de trafic au milieu de l’Atlantique. Et pour l’instant, personne ne se risque à l’intérieur de l’archipel, pour ne pas se faire piéger par les cônes sans vent qui s’étirent jusqu’à 60 milles derrière les îles. En fait, chacun suit sa propre route. Les trimarans Orma ne peuvent pas trop s’éloigner de l’Afrique puisqu’ils doivent contourner l’île d’Ascension, tandis que les monocoques 60 pieds filent directement vers Salvador de Bahia. D’un côté comme de l’autre, tout le monde s’étonne de la virulence des alizés qui soufflent à plus de 30 nœuds, au lieu de 20-25 habituellement. « Depuis une semaine, on nous dit que le vent va mollir le lendemain, et ça ne mollit pas ! » pointe Jean Le Cam sur Bonduelle. « Donc, il ne faut pas faire de bêtises. Ce n’est pas le moment, mais il y a de quoi en faire » ! Du coup, monocoques comme multicoques alignent des moyennes d’enfer. Plus de 510 milles pour les tris. 450 pour les monos. A une poignée de milles du record d’Alex Thomson en décembre 2003 avec 468 milles.
Si le loch compteur de milles s’affole, le speedo indicateur de vitesse aussi. Vendredi, Pascal Bidégorry et Lionel Lemonchois (Banque Populaire IV) ont réalisé une pointe à 38,93 nœuds ! Tout simplement hallucinant… « Je n’ose même pas vous dire comment c’est arrivé » avouait samedi Pascal Bidégorry, à la fois gêné et rigolard. « Peut-être en off après l’arrivée ! » Finalement, le duo de Banque Populaire n’a pas fait escale au Cap-Vert pour réparer le casque du safran central. « Coup de bluff » s’est demandé Michel Desjoyeaux (Géant). A priori non, puisque quatre membres de l’équipe attendaient sur l’île de Sal au cas où. « Le choix de ne pas s’arrêter n’était pas évident » précise Bidégorry. « Maintenant, la prochaine escale, c’est Bahia. Ce qui nous rassure, c’est que la plaie est ouverte mais ne s’agrandit pas et qu’hier (vendredi) ça allumait et cela a tenu. » Les premiers de chaque flotte vont néanmoins ralentir en entrant dans le pot au noir, dès demain matin pour les trimarans d’après le routeur Jean-Yves Bernot, qui œuvre pour Géant, Gitana, Virbac-Paprec, Sill et Veolia et Crêpes Whaou !. « Pour les monos, le pot au noir devrait être assez faible. Ce sera plus aléatoire pour les multis qui doivent couper dans le fromage » ajoute Jean-Yves. Les moyennes vont donc retomber, et les organismes souffler un peu après une semaine de course sans la moindre pose. Pas de pose mais deux escales pour Gitana X. Après Porto, Thierry Duprey du Vorsent et Erwan Le Roux se sont arrêtés vendredi soir à Lanzarote pour changer de grand-voile. L’escale s’est rallongée de quelques heures pour changer également le ventilateur du moteur qui a brûlé.