Alexis Loison, la Solitaire en 10 questions !

Alexis Loison, skipper du Figaro 3 RŽgion Normandie, ˆ lÕentrainement avant sa participation ˆ la Solitaire Hurgo Le Figaro 2019, le 25 mai 2019, photo © Jean-Marie LIOT

Alexis Loison sur Région Normandie s’apprête à participer à la Solitaire Urgo Le Figaro pour la 14e fois.

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Quels sont vos plus grands souvenirs sur la Solitaire du Figaro ?

« Il y a forcément ma première participation, en 2006. La course partait alors de Cherbourg et forcément, partir de la maison, pour moi, c’était un grand moment. Je n’avais que 21 ans et j’avais trouvé un budget à l’arrache. Ce sont des copains qui m’ont suivi et qui m’ont assisté pendant un mois, et je garde vraiment de très bons souvenirs de tout ça. Il y a aussi ma première victoire d’étape, en 2014, entre Deauville et Plymouth. Ce n’est pas rien de gagner une manche de la Solitaire et le plus rigolo, c’est qu’à un mille de la ligne d’arrivée, j’ai vu débarquer un bateau avec mes copains, ceux qui m’avaient justement aidé en 2006. Ça a vraiment été une belle surprise ! »

Quid de la concurrence de cette 50e édition ?

« On n’a jamais vu ça ! Que ce soit en termes de qualité ou de quantité, c’est vraiment unique. Le plateau est génial et c’est précisément ce qui va rendre la course si belle. Ça va être incroyable et bien malin serait celui qui annoncerait déjà le tiercé gagnant ! Le jeu promet d’être très ouvert. Tout est vraiment réuni pour faire une très belle Solitaire. »

On parle évidemment beaucoup du retour de légendes de la voile comme Loïck Peyron, Alain Gautier, Michel Desjoyeaux… Quel regard portez-vous sur leur come-back sur le circuit ?

« D’un point de vue sportif, c’est génial de pouvoir se mesurer à des marins comme eux, et cela donne aussi un joli coup de projecteur sur la course. Le fait qu’ils reviennent montre bien que la Solitaire est vraiment une épreuve à part et que la classe a vraiment un intérêt fort. Et pour le reste, au final, c’est plus risqué pour eux que pour nous… »

Un mot sur le parcours ?

« Le parcours de cette édition est à la fois dense et copieux. Pour l’avoir bien bossé, je peux dire que le nombre de points spécifiques à étudier est hallucinant. Cela implique une multitude de possibilités. Le jeu promet d’être d’autant plus ouvert qu’il y a très peu de marques obligatoires, ce qui laisse de nombreuses options. On va passer pas mal de temps en Manche, et ça me plait bien, mais qui dit Manche dit beaucoup d’algues, beaucoup de renverses de courants, beaucoup de passages à niveau et beaucoup de choix à faire entre la terre et le large. Il va se passer énormément de trucs, c’est sûr ! »

Alexis Loison, skipper du Figaro 3 Région Normandie, à l’entrainement avant sa participation à la Solitaire Hurgo Le Figaro 2019, le 25 mai 2019, photo © Jean-Marie LIOT

Cette saison 2019 marque l’arrivée du Figaro Bénéteau 3. Dans les grandes lignes, que cela change-t-il pour vous ?

« Le nouveau bateau m’a fait me poser des questions tout l’hiver. Comment le faire avancer plus vite ? Comment le régler ? Comment l’appréhender ? Ça a été passionnant car c’est une machine assez extrême. Elle est très typée, que ce soit dans la forme de ses appendices, dans son plan de voilure… Elle ressemble beaucoup à un Class40 ou à un 60 pieds IMOCA tout en restant un gros Mini. C’est un bateau très open, assez déroutant parfois, mais on s’y fait. Comme il est plus léger, plus toilé et aussi plus petit que le Figaro 2, on n’a, certes, pas gagné en confort et en ergonomie mais en puissance. Dans 15 nœuds de vent, on est déjà équipé avec la panoplie complète du ciré car il mouille beaucoup. Il est aussi très physique. Il faut prendre ses marques à bord mais clairement il a plein d’atouts. On a énormément gagné en vitesse grâce aux foils tandis que le gennaker permet de planer à des allures très serrées. Aujourd’hui, ce n’est plus rare de faire des pointes à 18 nœuds ! »

Vous et la Solitaire du Figaro ?

« C’est une histoire qui dure depuis 14 ans. Forcément, il y a eu des moments inoubliables et d’autres dont j’aimerais ne pas me souvenir car il y a vraiment eu de tout. Mais si je reviens à chaque fois, c’est parce que cette épreuve est vraiment la course par excellence. Certains préfèrent les transats, d‘autres les régates entre trois bouées… Moi, la Solitaire est vraiment le type de course qui me correspond le mieux. Le jeu est relancé en permanence, il y a du contact… on n’a jamais le temps de s’ennuyer et c’est ce qui fait la beauté de cette course. »

Alexis par Alexis ?

« Je me suis bien spécialisé dans le circuit des Figaro puisque je n’ai raté aucune Solitaire depuis 2006. C’est forcément un atout. Cela n’empêche pas la remise en question. C’est ce que j’essaie de faire cette année encore. J’ai réalisé un gros travail sur les voiles avec Fred Duthil et Technique Voile, ce qui représente une grosse partie du boulot. Avec l’arrivée du nouveau bateau, j’ai vraiment essayé de m’entourer de spécialistes dans tous les domaines. Des gens avec qui j’avais vraiment envie de travailler, du mateloteur au performer, en passant par le maître voilier ou le coach mental. Sur ce point, je travaille avec Jeanne Grégoire qui est aussi mon entraîneur au Pôle Finistère Course au Large à Port-la-Forêt. Elle a ainsi un regard sur moi en permanence et comme elle a régaté en Figaro, elle sait parfaitement par quelles phases je peux passer. »

Que pensez-vous du format de la Solitaire ?

« Le fait que tout le monde ait un bateau identique est forcément très intéressant, mais ce qui rend la course à part, c’est aussi le fait qu’elle se joue au temps et non aux points. Tout peut se jouer sur une étape, dans un sens comme dans l’autre. En clair, on peut choisir de casser la baraque sur un super coup ou plutôt décider de jouer à l’épicier en gagnant un peu par-ci, un peu par-là. La difficulté est de savoir où placer le curseur. Celui qui prend trop de risques ne gagnera pas plus que celui qui n’en prend jamais. Il faut réussir à doser et ce n’est pas simple. »

Vous portez cette année les couleurs de la région Normandie. Que cela représente-t-il pour vous ?
« C’est beaucoup de fierté. Ce qui est vraiment sympa, c’est que le nombre de supporters a un peu augmenté. Je reçois plus d’encouragements qu’avant et ça fait plaisir. Mercredi dernier, des Normands en balade en Bretagne ont vu le bateau. Ils ne savaient pas que la Région Normandie était présente sur le circuit Figaro mais ils ont trouvé ça génial, et m’ont assuré que maintenant ils allaient suivre. C’est un joli clin d’œil. Cette année, il se trouve que les épreuves du calendrier ne se passent pas beaucoup en Normandie mais lorsque cela est le cas, c’est à chaque fois plaisant de voir les autres coureurs agréablement surpris par l’accueil et les paysages que l’on y trouve. J’ai vraiment beaucoup de plaisir à représenter une région comme celle-là. »