Un retour de Pot au Noir ? C’est ce que laissait entendre ce matin Gildas Morvan (VM Matériaux). « On vient de subir un gros grain, un véritable black out. Au début pas de vent du tout, puis c’est revenu. Là on a 20 nœuds, on avance à nouveau dans le noir le plus total, avec des éclairs dans tous les coins ». Emmanuel Le Borgne (Foncia) confirme la chose, la zone de convergence Inter Tropicale fait encore bel et bien des siennes alors que l’équateur est à moins de 120 milles de l’étrave du leader. « On a bataillé tout le début de la nuit, l’anémomètre est monté jusqu’à 35 nœuds ». L’alizé du sud-est, celui qui souffle comme un métronome, n’est encore qu’un doux rêve même si celui-ci devrait se réaliser dans cette 14ème journée de mer. Les équipages pourront alors appuyer sur l’accélérateur en direction de Bahia où ils ne sont pas attendus avant mardi prochain dans la journée. « Il y a deux ans, on avait mis 14 jours, là, cela va être un peu plus, c’est tout », explique Loïck Peyron (Gitana Eighty), bien content de pouvoir se mouvoir à nouveau sur la grande bleue. On a entre 10/12 nœuds de vent, il vient de face. C’est la douce joie du près après la douce joie du vent arrière. On voit encore des lignes de grain, mais, normalement, ce ne sont plus des grains mangeurs de vent. Cà, on a connu ».
A nouveau calé au milieu de la flotte des IMOCA, le trimaran Crêpes Whaou ! (Escoffier/Fauconnier) a enraillé l’hémorragie qui a permis à Laiterie de Saint-Malo (Erussard/Dahirel) de revenir hier soir à 47 milles. Ce matin, le duo malouin sur son bateau de 20 ans d’âge, était à nouveau relégué à 67 milles. Tous deux devraient eux aussi franchir l’équateur dans la journée.
Sous la latitude des îles du Cap Vert, la flotte des Class40 avale en ce moment leur 200 milles quotidien. Plein vent arrière, sous le ciel bleu ou sous la nuit étoilée, la vie est douce, égaillée qui plus est par une régate toujours aussi intense et passionnante. « On a pas vu les îles et nos chers italiens s’échappent. La pression est devant, ils en profitent et nous nous en profitons par rapport à ceux de derrière .On est entrain de creuser par rapport à eux », explique Erwan Le Roux (Chocolat Monbana), fin météorologue et c’est tant mieux puisque le routage est interdit dans cette classe. « C’est l’anticyclone, au nord du Cap Vert, se décale vers le sud. Du coup, il y a une grosse molle sur la zone et on essaye de ne pas se faire coincer ». Voilà qui est dit et nous voilà rassuré puisque, tant que les marins parlent d’anticyclone ou de dépression, c’est que tout va bien à bord !