A moins de deux jours de Bahia

safran
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Les verrous de la course sont mis. Mais pas encore l’apposition des scellés qui peuvent toujours sauter dans les conditions très changeantes de cette descente le long des côtes brésiliennes vers le but. Joint par le PC presse, mais trop brièvement, Jean Le Cam ( VM Matériaux) voulait croire « que le long des côtes il y aura encore du jeu… » A 16 heures VM Matériaux ne pouvait « ouvrir en grand » comme les autres.  Résultat : un différentiel de trois nœuds en vitesse. Sébastien Col (Groupe Bel) ne voulait pas tellement croire à la confession de VM Matériaux : « Il aura vraiment du mal à revenir : plus il lofera tard, plus il aura du mal à revenir. Je pense que Foncia va creuser son avantage», expliquait le co-skipper de Kito de Pavant ( 6 ème ).

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Ce que confirme le classement de 16 heures. Celui du soir devrait aggraver encore le débours de Monsieur Jean et du Grand Gildas.

A 16 heures Foncia (Desjoyeaux-Le Borgne) menait la flotte en lui imposant une épreuve de force. Le seul adversaire de taille pour Foncia dans les heures qui viennent : c’est Safran. Le bateau gris acier est un véritable entrepôt de vitesse au débridé. Le combat Bel-Ecover III pour les places de 5-6 est un match dans le match. Mike Golding disait « que pour  le moment il n’y avait rien à faire ». Le navigateur anglais voulait espérer encore que des changements interviendraient dans les dernières heures de la course : « La côte peut encore réserver des surprises …» On verra, comment celui que Michel Desjoyeaux voyait hier en pilote « d’avion de chasse », va ou non conforter sa cinquième place.  

Est-ce dire que tout serait joué pour les monos ? Non, car ils ne  sont jamais à l’abri des sautes de vents ou de gros trous de mou. Deux-trois heures sans vent en approche et, paf, c’est le classement qui saute ainsi que les espoirs de victoire qui s’envolent. Puis il y a les vitesses intrinsèques ( voir plus bas) qui changent la donne. Safran (4 ème à 16 heures) va  indubitablement plus vite que tout le monde au reaching. Demain au point de 4 heures le portrait en pied de cette huitième Jacques Vabre nous apparaîtra plus nettement. Pour finir la tête de la est flotte toujours attendue mardi midi.

Côté Multi 50 pieds, la victoire, sauf avarie (s), ne peut échapper à Crêpes Whaouh à 600 milles du but. Karine Fauconnier estimait une arrivée lundi soir, heure locale. Plutôt mardi, juste avant le lever du soleil, heure de Salvador. Enfin, du côté des Class 40, disons que pour l’instant c’est toujours les éléphants de Babar qui se suivent derrière l’impériale domination des Italiens de Telecom Italia. Dans moins de trois jours la tête de flotte sera dans le pot-au-noir. Le pays des grands pièges, comme le raconte plus bas Thierry Chabagny, co-skipper d’Atao Audio System (2 ème à 76 milles).
 
IMOCA : Safran en chasseur derrière Foncia
Vu sa position sous le vent, on va « sortir » VM Matériaux de l’analyse brute des chiffres puisqu’il évolue sur une autre trajectoire, moins favorable en terme de vitesse (route plus proche du vent), que ses adversaires. Point de départ : le classement  d’hier soir à 20 heures. Foncia possède 27,7 milles d’avance sur Cheminées Poujoulat et 52,5 sur Safran. Vitesse moyenne respective sur les quatre dernières heures : 11,3 nds, 11,2 nds et 11,5 nds. Au classement de 12 heures aujourd’hui, soit après 16 heures de course, l’écart entre Foncia et Cheminées Poujoulat est passé à 40,8 milles (soit un gain de 13 milles) et à 53, 4 sur Safran (soit un gain de 0,9 milles). Les vitesses sur les quatre dernières heures : 15,4 nds, 14,7 nds, 15,1 nds. Comme dit plus haut, plus on est devant, meilleur est l’angle par rapport au vent, tout en bénéficiant du renforcement de celui-ci. On voit ainsi que, malgré sa position « derrière », Safran arrive à contenir la marche en avant de Foncia, ce qui confirme l’excellent potentiel de vitesse du bateau dessiné par Guillaume Verdier et le cabinet VPLP. «  On le savait tous qu’il fallait bien sortir du Pot au Noir, explique Sébastien Col (Groupe Bel). Comme prévu cela fait l’élastique par devant ». Pour preuve, Groupe Bel a perdu la bagatelle de 37 milles lors de ces mêmes dernières 16 heures.

Multis 50 pieds : Crêpes Whaou ! au débridé vers les côtes brésiliennes.
Les écarts ne cessent de grandir entre le leader de la flotte 50 pieds et son dauphin malouin. Alors que Crêpes Whaou fait de jolies pointes de vitesse à 22 nœuds, Laiterie de Saint-Malo peine à s’extraire du Pot au Noir, au près serré, dans une mer hachée. Le trimaran rouge et jaune fait route directe vers les côtes brésiliennes  porté par de confortables alizés bien établis au sud-est qui vont adonner et permettre à Franck-Yves Escoffier et Karine Fauconnier d’ouvrir encore un peu plus les voiles et d’accélérer l’allure. Le trimaran de Victorien Erussard et Fred Dahirel est en approche de l’Equateur, poursuivi par les grains, tandis que Croisières A Caseneuve entre à son tour dans la zone de convergence. Nim Intérim Management ouvre la route à la flotte des Class40, alors que Négoceane approche de Telecom Italia. Victorinox est ralenti sous l’archipel du Cap Vert et DZ energie.com ferme l’ensemble de la flotte de la Transat Jacques Vabre.

Class 40 : 70 milles d’avance pour Telecom Italia.
Les Class40 continuent leur descente vers le Sud-Ouest, poussés par l’alizé de nord-est soufflant entre 8 et 12 noeuds : « Ce n’est pas très violent mais les conditions sont plutôt agréables », a commenté Thierry Chabagny ce matin. « Le point clé de la course est maintenant à moins de 300 milles. Il va falloir déterminer avec précaution à quel endroit traverser le front intertropical et c’est tout un travail que l’on fait depuis quelques jours déjà pour essayer de trouver le meilleur compromis entre la distance à parcourir et la meilleure pression », a souligné le co-skipper de Atao Audio System qui observe avec attention ses adversaires, à commencer par les leaders, Giovanni Soldini et Pietro d’Ali. « Pour l’instant, ils jouent bien en restant entre nous et le Pot mais ils ont intérêt à se méfier car rien n’est joué et on a plus d’un tour dans notre besace ». S’ils comptent près de 70 milles d’avance, les Italiens le savent, le Pot au Noir est un endroit piègeux et leurs poursuivants sont à l’affût du trou de souris qui leur permettrait de refaire leur retard, voire de s’emparer des commandes. D’ailleurs, à l’arrière de la flotte, certains commencent déjà à marquer des options.