Morvan tient tête à Tabarly

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Cinquante milles d’écart latéral entre Cercle vert et Athema. Moins d’un degré de latitude et pourtant un monde les sépare. Au nord, Gildas Morvan, solide leader depuis plusieurs jours voit sa suprématie contestée par deux gloutons qui dévorent avec avidité les milles à plus de dix noeuds de moyenne. Erwan Tabarly, d’usage tout en retenue, ne cachait pas son plaisir, à la vacation de ce matin, d’entendre la quille qui sifflait dans la nuit noire pendant que le bateau surfait sur les vagues. Plus au nord, Gildas Morvan ne pouvait masquer une légère pointe d’appréhension en observant le retour des embusqués… Car vingt-quatre heures plus tôt, c’est encore près de 50 milles que le skipper d’Athema se devait de rattraper pour espérer encore l’emporter.
 
Pain blanc, pain noir
 
Mais Erwan Tabarly reste suffisamment lucide pour savoir que rien n’est joué. La journée de mercredi devrait encore lui être favorable et l’écart entre les deux bateaux devrait continuer de se réduire. Est-ce que, malgré tout, ce sera suffisant pour prétendre à la victoire? Rien n’est moins sûr, car de l’avis même des deux navigateurs engagés dans cette bagarre, les dernières heures devraient être à nouveau plus favorables à Gildas Morvan. Un retour des vents à l’est devrait ainsi permettre à Cercle Vert de se recaler sur la route, de même que les écarts de vitesse devraient aussi se stabiliser. Il faudra aussi surveiller la bataille de chiffonniers que risquent de se livrer pour le podium, Nicolas Troussel (Financo) et Gérald Veniard (Macif) au nord et le jeune François Gabart (Espoir Région Bretagne) au sud. Il n’est pas certain d’ailleurs que la déférence souhaitée envers les anciens de la classe soit totalement respectée dans cette affaire. Dans ces duels à distance, l’humour ne perd pas ses droits : ainsi Gildas regrettait d’avoir eu pitié de son pote Erwan au départ de Belle-Île-en-Mer et de lui avoir offert une de ses boites de foie gras. De l’influence du gavage des oies et des canards sur la performance des carènes, voilà un sujet de thèse qui mérite d’être exploré…
 
 
Ils ont dit :
 
Gildas Morvan – Cercle Vert – 1er au classement de 5h
« Erwan a toujours un petit peu plus de vent dessous. Ce n’est pas facile de savoir ce qu’il va se passer; l’alizé n’est pas régulier et pas forcément comme sur les modèles. Le mieux c’est de continuer comme çà. Au final normalement, le vent devrait tourner un peu plus à l’est, donc ça devrait être un peu plus avantageux pour moi. C’est un peu plus tendu que d’habitude évidemment, mais j’essaie de naviguer proprement, je suis tout le temps sur le bateau. On a un ciel étoilé mais il n’y a pas de lune encore. Ce n’est pas facile de barrer car il n’y a pas beaucoup de repères. En plus ça va assez  vite donc il faut rester concentré. Pour le reste tout va bien, hier je me suis fait un petit foie gras et un parmentier de canard c’était délicieux. D’ailleurs j’ai donné du foie gras à Erwan avant le départ, je n’aurai pas dû, c’est ça qui le fait avancer comme un avion ! »
 
Erwan Tabarly – Athema – 2ème au classement de 5h
« J’ai la pêche. Ça déboule, je suis beaucoup à la barre, ça va vite donc il faut être là. Le bateau avance bien, avec un angle assez sympa par rapport au vent, c’est super. Gildas est 26 milles devant et je vais quasiment un nœud plus vite que lui. Il faudra qu’il descende un peu à un moment ou un autre, je n’ai pas encore fait mes analyses mais comme on attend une bascule sur la fin il pourrait être mieux placé que moi, je ne sais pas, tout dépend des milles que je pourrais grappiller aujourd’hui. C’est intéressant car il y a trois jours j’avais 50 milles de retard, je pensais que c’était plié, donc quand je vois la situation maintenant, j’ai vraiment un espoir.
Ça surfe, le bateau n’est jamais en dessous de 10 nœuds en ce moment, c’est un vrai bonheur. C’est la dernière ligne droite, c’est course de vitesse jusqu’à la ligne d’arrivée.»

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