Mobilisés sur le front de la météo en approche du Cap Vert la tête de flotte des Imoca était plongée dans une insondable perplexité. A l’Est ( Foncia, Cheminées Poujoulat) le vent promis faisait sa coquette. Empannages en zig-zags et pointes d’agacements des bords respectifs. Même son de cloche chez les « centristes » en route « Sud » comme Bel et Gitana Eighty.
Les centristes « canal historique » comme Ecover III et Safran se marquaient à la culotte. Seul à l’Ouest Monsieur Jean et (VM Matériaux) fidèle à ses principes (« Si tu sais pas quoi faire, ben fais de l’Ouest), était en train de mettre un beau bazar dans les esprits. Et s’ils ( Le Cam Morvan) franchissait les premiers les parapets du Pot au Noir ? Generali et Roxy, qui n’ont plus rien à perdre, sont en train suivrent les traces du maître. Tous les équipages contactés pensent « que d’ici 72 heures » on y verra plus clair. Pour l’instant ça tâtonne affreusement et on lit l’avenir dans des vessies de porc. Ecover III (mais quid de sa fuite d’huile moteur signalée ce matin) contrôle. Jusqu’au moment où le coup de pétard va partir. Chez les Orma? Que dire. Que les hommes de Groupama 2 sont en train de mettre un gros nœud rose à leur bateau vert et blanc :
1000 milles pour rallier le but. Gitana 11 a fait un joli boulot cette nuit. En Multi 50 pieds Crêpes Whaou ! déroule. En Class 40 il faut souligner le coup des gars Vittet –Chabagny. Atao Audio System déloge (momentanément ?) Telecom Italia.
IMOCA « La meilleure route ? On la connaîtra a Salvador. » Kito de Pavant (Groupe Bel)
Hier au soir, on pensait avoir un début de réponse aujourd’hui. Qui de l’Ouest, de l’Est ou du centre avait trouvé la bonne veine et en aurait. En fait, le suspense reste entier et les échos du large rivalisent de manque de clarté, forcément. Apparemment le verdict tomberait désormais dans les 48 heures. Les variations de vent, de 20 à 30 degrés, compliquent la stratégie de route difficile à établir dans de telles conditions. En plus, il paraît que les fichiers météo ne sont pas fiables. Bref, c’est compliqué et dans le groupe du centre (Ecover, Safran, Groupe Bel, Gitana Eighty) on se guette du coin de l’œil, sans oublier de jeter un cil à l’ouest, vers VM Matériaux, puis à l’est, vers Cheminées Poujoulat et Foncia. «On regarde tout le monde autour avec inquiétude. Ce n’est pas rassurant de voir des bateaux dans tous les sens… D’autant plus que nous on est au centre, et si c’est comme en politique, ça ne marchera jamais ! » ambiance résumée par Charles Caudrelier, le complice de Marc Guillemot sur Safran. Ils en disent peu, parce qu’ils ne savent pas, ou ne veulent pas ? « Sérieusement, c’est très difficile de faire un bilan, je pense que personne n’a encore de solution aujourd’hui » poursuit Caudrelier. Plus philosophe, Loïck Peyron (Gitana Eigthy) pourrait bien mettre tout le monde d’accord : « Je ne sais pas si chacun n’échangerait finalement pas sa place avec l’autre, l’herbe est toujours plus verte ailleurs… ». On laissera la conclusion, pleine de sagesse à Kito de Pavant : «Ce n’est pas écrit. La meilleure route, on la connaîtra à l’arrivée à Salvador ».
ORMA. Groupama à Salvador mercredi
Groupama 2, sorti du Pot au Noir dans l’après-midi, s’était ouvert en grand la porte et allongeait la foulée ( 21 milles sur l’instantané de 12 heures). C’est Stève Ravussin qui s’y est collé ce midi pour venir nous donner des nouvelles : « Dans 24 heures on sera définitivement sorti, peut être aurons nous encore quelques grains. Après ça peut aller assez vite avec des vents de travers. Là, on est à 20/25 nœuds », a raconté le Vaudois. Banque Poulaire, ce matin, n’était pas dans on son assiette, coincé dans le Pot au Noir et visiblement Gitana 11 était en train « de couper le fromage en deux ». C’est ce qu’est venu confirmer dans l’après-midi Yann Guichard : « On a joué un petit coup qui a fonctionné puisque le Pot au noir était plutôt développé. Plus on sort à l’Est, plus on a un angle ouvert pour descendre vers Bahia. On savait pas vraiment où on allait, mais la porte s’est ouverte. On voit le bout, on est au près à 20 noeuds de moyenne. Ça va accélérer ce soir on devrait être sorti d’affaire. »
On comprend mieux le désappointement de Pascal Bidégorry, d’une belle humeur maussade car ce dernier voit la place de deuxième filer gentiment. On devrait, dès demain midi, être fixé sur l’ETA de Groupama 2. Dans la nuit « de mardi à mercredi » selon Stève. Un poil optimiste le Stève ? Mettons ça sur le compte d’en finir.
50 pieds : Crêpes Whaou! hors catégorie
Près de 1000 milles séparent le premier de la flotte des 50 pieds (Crêpes Whaou) du dernier (DZ energy.com), ‘étalée’ entre le nord des Canaries et les îles du Cap Vert. Inutile, dès lors, de préciser que Crêpes Whaou ! ne court pas dans la même catégorie que les autres. Laiterie de Saint Malo aurait bien voulu lui aussi ‘bouffer’ tous les Imoca, mais il a bien fallu qu’il revoit ses objectifs à la baisse après un dimanche calamiteux, Croisières A. Caseneuve venant même menacer sa position de deuxième. Sale dimanche aussi pour Négocéane et Victorinox. La faute à la météo qui ne fait pas ce qu’elle dit, aux fichiers plutôt, peu ou pas fiables d’après nos marins, toutes séries confondues. Bref, la descente vers le Cap Vert est dure, dure pour ceux qui ont passé les Canaries, ce qui n’est pas encore le cas de Victorinox ou de DZ Energy.com
CLASS 40 : Vers la prise de pouvoir d’Atao Audio System?
Le combat s’annonce passionnant entre les bateaux positionnés à l’Ouest (par exemple Vecteur Plus-Groupe Moniteur), mais tombés dans une molle. Puis ceux du centre ( Telecom Italia, pour ne citer que lui ) et celui qui s’est fixé délibérément à l’Est : Groupe Partouche ( Coatnoan-Lebas). Qui sortira des Canaries avec le meilleur angle au vent ? Si on s’en tient aux propos d’Erwan Le Roux ( Chocolats Monbana) : « Là on est sur une position médiane, mais je pense qu’ATAO, qui a pris l’Est a des chances d’être en tête du classement ce soir. En fait au départ on voulait prendre le même chemin qu’eux, mais on n’a jamais réussi ! », rappelait le co-skipper de Damien Grimont. A 16 heures Vittet et Chabagny avait pris le commandement de la flotte ( Telecom Italia n’était pas localisé) . A noter l’abandon de FujiFilm, des Anglais Alex Benett et Ifor Pedley, «sur problème d’alternateur ». C’était en tout cas la teneur du message adressé par eux et reçu par le PC Course sur les coups de 12H30. Joints enfin par le PC, après plusieurs tentatives infructueuses, le bord de Thirard ( 17 ème) a pensé qu’on le boudait. Le figariste Eric Defert est venu dire son contentement : « Ça va mieux il fait beau, on a du vent d’Est / Nord Est à 20 noeuds ca permet de bien avancer. D’ici 24 heures, on aura plus de vent dans l’Est mais à long terme faut pas traîner, y a une dépression dans notre Sud. On est bien là où on est mais il va falloir se recaler pour passer le Cap Vert. On a fait des réparations de voile, ce qui a chamboulé les quarts donc on est un peu fatigués, mais comme ça avance bien on oublie assez vite», a conclut Defert. Pour Tanguy de Lamotte (Novedia SET-Environnement) : « Ça risque d’être dur dans les prochaines 48 heures pour les mecs qui sont placés dans l’Ouest.» Christophe Lebas (Groupe Partouche) a écrit un petit mot sur les coups de 15 heures : "La suite pas limpide : 16 nœuds de vent et une mer bizarre-bizarre."



















