C’est la fête à Ibiza
Après un départ chargé d’émotion qui a semble t-il laissé des souvenirs tenaces chez les skippers de la Barcelona World Race, la première nuit en mer s’est passée sans encombre à bord des 60 pieds. Certes, les équipages ont du se mettre dans le bain de la course, commencer à s’organiser et à prendre quelques automatismes sur le pont. La météo ne leur en a pas laissé le choix. Ils ont d’abord tiré des bords pour atteindre dimanche en fin d’après midi la bouée de Sitges, puis ont du s’adapter aux vents instables, changer de voiles d’avant et prendre une première option tactique : rester à proximité des côtes espagnoles ou s’engager à l’Est d’Ibiza, une décision délicate à prendre, comme le confiait Guillermo Altadill à bord d’Estrella Damm : « les vents légers et oscillants nous ont obligé à beaucoup travailler sur le pont Jonathan et moi. Nous avons laissé Ibiza à tribord. ce n’était pas dans nos plans, mais les conditions météo n’étaient pas conformes à celles annoncées ».
Même écho dans la bouche de Vincent Riou (PRB) : « les prévisions ne sont pas super fiables. Depuis le petit matin, nous barrons beaucoup avec Sébastien, car les conditions sont changeantes. Nous sommes bord à bord avec Estrella Damm et c’est très motivant, cela permet d’affûter ses réglages et sa vitesse ». Lundi, ces deux bateaux naviguaient à vue, accompagnés et plus tard distancés par Paprec-Virbac 2. Jean Pierre Dick était d’ailleurs de fort bonne humeur, ravi de ces conditions typiquement méditerranéennes et de sa place parmi les leaders.
Incertitude pour les prochaines heures
A l’est de ce trio de tête, Hugo Boss et Temenos II restent au contact avec seulement une dizaine de milles de retard. Et pour le moment, c’est bien « le groupe de Baléares » qui sort gagnant de ces premières 24 heures de course. Au près, dans 6 à 8 nouds de sud-ouest environ, leur vitesse instantanée est proche de celle du vent, alors que les partisans de la côte affichent péniblement 1,4 noeuds au compteur. « Nous sommes en retard sur les bateaux de tête car nous naviguons pratiquement sur une mer d’huile, sans vent. On se bat pour avancer vers Gibraltar mais ce n’est pas facile ! » confirmait Jean Luc Nélias à bord de Veolia Environnement. Tout proche du bateau rouge, Delta Dore subissait le même sort, de même que Mutua Madrileña. Rien de bien dramatique, d’autant que la nuit et la journée prochaine sont toujours chargées d’incertitudes en ce qui concerne la météo. « Personne ne peut être certain à 100% de ce qui va se passer dans les heures qui viennent » prévenait Jonathan McKee. Ce soir, seul Educacion Sin Fronteras commençait à être distancé, 91 milles dans le tableau arrière des leaders. Mais ces écarts restent encore maigres à l’échelle d’un tour du monde et n’entamaient nullement le moral d’Albert Bargués et de Servane Escoffier, bien décidés à prendre leurs marques en douceur.
Servane Escoffier, Education Sin Fronteras : « Tout va bien à bord. La première nuit a été superbe. Nous n’avons pas de vent et ne faisons que manoeuvrer. Le vent est instable et variable. Nous passons du gennaker au génois sans cesse. Nous n’avons pas beaucoup avancé. On fait route au Sud. On prend petit à petit notre rythme. Après l’émotion que l’on a ressenti en quittant le ponton, place à la grande aventure ! »
Vincent Riou, PRB : « On s’est mis dans le match tout de suite pour vite oublier l’émotion du départ. On s’est fait plaisir et on a tenté d’oublier très vite cette coupure avec la terre. La première nuit s’est bien passée avec des vents réguliers jusqu’au lever du jour, ce qui nous a permis de dormir la moitié de la nuit chacun. Depuis ce matin, les conditions sont changeantes. On navigue avec des vents de Sud Ouest qui ne nous permettent pas de naviguer sur la route directe mais pas loin. »
Jean-Pierre Dick, Paprec-Virbac 2 :« La première nuit s’est bien passée. Nous avons des conditions sympa.c’est la Méditerranée. Nous avons choisi de passer à l’Est d’Ibiza, mais la décision n’a pas été simple à prendre. Ce matin, nous sommes retrouvés à côté d’Estrella Damm et avons vu le port et les immeubles d’Ibiza. Qu’est-ce que c’est beau la Méditerranée !! Damian est sur le pont car nous venons de changer de voiles. Ca a été un peu agité toute la nuit, avec en plus toute l’émotion du départ à évacuer. Nous devons prendre notre rythme. Une chose est certaine : nous ne voulons pas perdre le contact avec la tête de la course.»