Depuis le départ dimanche dernier de Calais, le vent n’a pas daigné monter au dessus de 20 nœuds, avec une très nette tendance à souffler en dessous de 10 nœuds. Cela va continuer alors qu’en cet après-midi de mardi les deux leaders, à vu l’un de l’autre depuis plus de 24 heures, abordaient les côtes irlandaises. « Nous sommes trop au large pour apercevoir la terre décrit Sébastien Josse, bras droit de Vincent Riou lors de la vacation de midi. C’est le vent qui nous a poussé là car pour l’instant, l’idée majeure est de bouger sur le plan d’eau». Dans ces tous petits airs annoncés, faire des plans sur la comète ne sert souvent à rien et l’on peut s’attendre à ce que les deux leaders restent ensemble, tout en étant le plus proche possible de la route directe.
Derrière, Dominique Wavre est en parfaite position d’attaque sur son Temenos II. « On va mettre le clignotant… à gauche ! Mais la nuit prochaine, il va falloir avoir de l´énergie pour passer ce moment difficile dans les calmes… Tout le monde va se regrouper ce mardi et les bateaux derrière vont revenir sur nous : à quel point cela va s´amplifier ? Toute la question est là et dépendra du fait qu´il y ait ou non un petit peu d´air le long des côtes irlandaises. » Cheminées Poujoulat est lui aussi à l’attaque et cette fois, c’est Jacques Caraës qui répond. « On vient juste de sortir de la brume ! Après deux jours de mer… Cela fait du bien : ça sèche sur le pont. Nous avons encore de la houle. Sous gennaker et grand voile haute, ce n´est pas facile à régler mais ça marche gentiment. Cela ne s´annonce pas très rapide pour les prochains jours mais nous ne sommes pas si mal positionnés que cela ».
Un par jour
Alors que tous les concurrents évoluent depuis la mi-journée en mer Celtique, la vitesse intrinsèque des bateaux reprend ses droits. Artemis Ocean Racing s’apprête à doubler Aviva de Dee Cafari sans état d’âme pour lui chiper la 5ème place. Même constant pour Delta Dore qui ne devrait faire qu’une bouchée dans les prochaines heures du Akena Vérandas d’Arnaud Boissières. « On voit son spi grossir, raconte le « Figariste » Gérald Veinard. Nous ne sommes pas très à l´aise avec notre spinnaker qui s´avère très volumineux. Il faudrait que le vent refuse, nous sommes mieux avec notre gennaker ». Avec des classements pour le moment peu réjouissants pour eux, Gérald ne cachait pas que l’ambiance du bord était plutôt à la plaisanterie qu’à la prise de tête. Il en était de même à bord de Delta Dore, Jérémie Beyou décrivant un Yvan Ravussin au réglage de la bannette ou un Pascal Bidégorry jouant sans cesse avec sa souris ! « Le problème, c’est que ce sont les mêmes qui réfléchissent… Alors, une grosse attaque, une petite attaque, on va bien voir. Le point positif du jour, c’est que nous n’avons pas perdu de terrain depuis hier soir ».
L’objectif du bord reste bien évidement la gagne. « Il reste huit jours de course et il y a huit bateaux devant, cela fait un bateau par jour à avaler ». Contrat donc bientôt rempli pour Delta Dore qui ne comptait plus que 1,2 milles de retard avant de s’emparer de la septième place. Tout derrière, Joé Seeten faisait un peu grise mine, avec un Maisonneuve très dur à barrer en raison d’un défaut de parallélisme de ses safrans. « L´équipage va bien mais le bateau a encore besoin de mise au point. Maisonneuve n´est pas agréable à barrer, c’est plutôt physique, voir très physique… C´est le profil d´attaque qui décroche, ce qui est assez pénalisant. Mais on s´est fait une raison ». Lui aussi espère remonter, mais dans les prochaines heures, l’équipage de Maisonneuve s’attend surtout à voir s’échapper devant lui Generali, qui a passé les îles Scilly avec 17 heures de retard sur le duo de tête.