« Naviguer est une nécessité, disaient les Phéniciens ». C’est avec ce préambule que le navigateur Roman Paszke – que l’on appelle « Captain » en son pays, explique pourquoi il se lance aujourd’hui dans la grande aventure du tour du monde en solitaire, en multicoque… à l’assaut du record de Dame Ellen MacArthur, rien de moins. Et s’il n’a pas l’expérience du solo, l’homme n’est pas un nouveau venu autour du globe en multi, puisqu’on se souvient qu’il avait mené Warta-Polpharma (l’ancien Jet Services V, premier détenteur du Jules Verne sous le nom de Commodore Explorer) autour de la planète lors de The Race. L’équipage avait alors séduit par son enthousiasme, sa détermination, mais aussi son courage – essuyant notamment des vents de plus de 80 nœuds peu après le passage du cap Horn. Autant dire que le « Captain » ne se lance pas dans l’aventure à l’aveuglette…
Soutenu par la firme polonaise Bioton (industrie pharmaceutique), Roman a donc opté pour la construction d’un catamaran géant de 90 pieds : « les trimarans sont plus sûrs, mais les catas sont plus rapides », explique-t-il. {Par rapport au navire d’Ellen MacArthur} « On est au même poids soit environ 8 tonnes (lège, ndlr), mais mon bateau est plus grand, il présente une longuer à la flottaison plus importante, ce qui apporte un plus en termes de vitesse. J’étais impliqué dès les premières phases de conception (ndlr : le bureau d’études Marström et l’équipe de Roman composaient le design team), et j’ai construit le catamaran avec mes assistants techniques à terre. Au niveau du plan de voilure, il est tout à fait semblable à Polpharma-Warta, c’est une configuration que je connais par cœur… mais cette fois, le bateau est bien plus rapide. Il est également, et ce n’est pas un avantage, plus dangereux. »
Bioton est équipé de 11 caméras, et le solitaire compte faire partager son aventure de l’intérieur. « Je sais que cela m’aidera aussi à rester déterminé, car je ne pourrai pas me montrer abattu ou découragé aux yeux du monde. Je sais que les fréquentes communications avec la terre ont beaucoup aidé Ellen, c’est grâce à ces contacts qu’elle a pu surmonter certaines crises. » Autre particularité que Roman partagera avec la fameuse détentrice du record, le routeur : le Polonais s’est en effet assuré les services de Meeno Schrader, qui était l’un des conseillers de MacArthur. « Meeno planifie les batailles avec les systèmes météo, ce record c’est comme une partie d’échecs géante… avec une importante composante de rapidité, car le bateau avance à 30 nœuds, soit 15 mètres secondes (…) Mais le plus important pour l’heure, c’est de cesser de penser à Ellen et à son record. Je ne me vois pas partir sous pression, il faut avant tout naviguer sans se faire déborder par la puissance de la machine… il s’agit quand même de tenir 25 à 28 000 milles ! »
Lancé la semaine dernière, le catamaran Bioton va à présent entrer en phase de mise au point, Roman n’ayant pour l’heure pas annoncé de date de départ pour son grand périple… "Nous partons demain soir de Pologne pour Kiel, et de là nous rejoindrons les côtes anglaises. Le programme sera affiné dans le courant de la semaine prochaine", nous a indiqué le skipper.
J.Blériot
Né en 1951, diplômé de l’Académie Sportive de Gdansk, Roman Paszke a effectué une carrière de marin et d’entraîneur , n’obtenant sous le régime communiste que "deux autorisations de sortie par an, pour des régates à l’étranger". Il aura été à l’origine du premier voilier de compétition high-tech polonais, le One-tonner Gemini, construit en carbone en 1989. Membre de l’équipe victorieuse de l’Admiral’s Cup 1997, il a ensuite lancé le vaste programme "Race 2000", ayant pour ambition de mettre la voile polonaise sur le devant de la scène internationale – d’où sa participation à The Race. Plus récemment, on l’a vu prendre part à la Oops Cup à bord de l’ancien trimaran Bonduelle.
Bioton – chantier Marström Composites, Suède
Longueur 28m
Largeur 14m
Hauteur de mât 33m
Surface GV 240 m2
Surface Solent 110 m2.
Surface gennaker 330 m2.
Poids lège annoncé 8 tonnes