A moins de 48 heures de l’arrivée des monocoques 60 pieds, l’ambiance est studieuse à bord du bateau leader. Jean-Pierre Dick et Loïck Peyron (Virbac-Paprec) ont beau préparer leur arrivée, ils savent que rien n’est encore acquis. « Nous restons très méfiants» avouait Jean-Pierre Dick jeudi matin. « La pression monte. Ce serait trop dommage que tous nos efforts s’évanouissent dans un trou de vent avant l’arrivée. Honnêtement, ce serait une douche froide ! Pour l’instant, notre sentiment est mitigé entre la joie de l’arrivée et l’angoisse de tout perdre. » Comme Roland Jourdain et Ellen MacArthur (Sill et Veolia), deuxièmes à 23,5 milles ce matin, la paire Dick-Peyron sait justement que le vent va régulièrement mollir jusqu’à l’arrivée. « Il suffit d’un trou d’air d’une heure pour qu’ils nous rattrapent » s’inquiétait à juste titre Jean-Pierre Dick. Malgré leurs 95 milles de retard, Jean Le Cam et Kito de Pavant (Bonduelle), troisièmes, restent eux aussi aux aguets. « La flotte s’aligne et nous sommes dans un système classique » analyse Kito de Pavant. « Les choses ne devraient pas changer, mais nous réfléchissons quand même aux coups encore possibles à faire. » Dans un alizé bien établi, mais qui doit donc faiblir à l’approche des côtes brésiliennes, les monocoques filent à vive allure et avalent les milles. A 591 nautiques de l’arrivée jeudi à 6h, l’équipage de Virbac-Paprec se verrait bien débarquer dans la nuit de vendredi à samedi. Le vainqueur en monocoque pourrait néanmoins être devancé par le premier multicoque 50 pieds. Crêpes Whaou !, le trimaran de la famille Escoffier, n’était plus qu’à 55 milles derrière Virbac-Paprec au pointage de 6h. « Il faudra être malin si on veut se faire plaisir à l’arrivée » avouait avec un demi-sourire Kévin Escoffier en évoquant la possibilité d’être le premier concurrent à rejoindre le Brésil.
Changement d’ambiance chez les multicoques, qui ne sont pas attendus avant dimanche. Les trois trimarans Orma de tête tirent des bords contre une mer cassante. Il faut prendre son mal en patience encore toute une journée avant d’abattre et d’envoyer le gennaker. Ascension la bien nommée impose une longue remontée au près, rivé à la barre pour sauter les vagues les unes après les autres. Toutes les deux heures, les duettistes tournent aux manettes et bouffent des paquets de mer. « C’est agité et humide » dépeint Michel Desjoyeaux (Géant), deuxième à 67 milles de Pascal Bidégorry et Lionel Lemonchois (Banque Populaire). « Il n’y a pas grand-chose d’autre à faire que de barrer. Ce soir, nous devrions passer Ascension. Les heures qui suivront iront très vite », mais seront longues… Même à 20 ou 25 nœuds de moyenne, les duos de funambules auront encore 2 jours et demi à trois jours de navigation à haute vitesse, donc à haut risque, avant de toucher terre. Si le couple Bidégorry-Lemonchois a pris une sérieuse option sur la victoire finale, rien n’est joué entre Géant et l’équipage de Gitana 11, Fred Le Peutrec et Yann Guichard. Le rythme effréné depuis le départ a peu de chance de retomber avant l’arrivée…
Source Pen Duick























