« Tout a l’heure, Lionel Lemonchois m’a regardé avec un petit sourire et m’a dit très tranquillement : 37. Il m’a dit juste ce chiffre. Trente-sept, et ce n’était pas la vitesse du vent… » Pascal Bidégorry reste et laisse songeur. Il parle de la vitesse de Banque Populaire, leader de toute la flotte des 26 bateaux qui restent en course dans cette Transat Jacques Vabre depuis le chavirage de Groupama 2, hier soir. Trente-sept nœuds… Lancé à 70 km/h sur l’onde atlantique devenue turquoise au large du Sahara occidental, le duo de rockers Bidegorry-Lemonchois ouvre la route vers Bahia, « constamment au dessus de 30 nœuds au moment où je vous parle, ce qui implique une vigilance de tous les instants ». L’info du jour, c’est que Banque Populaire va devoir s’arrêter à son tour, au Cap Vert, pour réparer son casque de safran central. « Est-ce qu’on repartira ensuite en tête ou pas ? Ce n’est pas un souci , on verra bien», explique Pascal Bidégorry.Dans un alizé soutenu de 25 à 30 nœuds parti pour durer, la course des cinq multis 60’ encore en lice ne laisse guère à l’écart pour l’instant que Gitana X. Car Thierry Duprey du Vorsent et Erwan Le Roux, vont devoir faire un deuxième arrêt technique, à Lanzarote cette fois, pour changer leur grand-voile déchirée. Mais côté dauphins, reste du beau monde pour Banque Populaire, à commencer par le Géant de Michel Desjoyeaux et Hugues Destremau et le Gitana 11 de Fred Le Peutrec et Yann Guichard, tous deux en embuscade à moins de 75 milles alors que TIM Progetto Italia (Soldini-Malingri) est à 105 milles. A ces vitesses, il ne leur faudrait que quelques heures pour prendre les rênes de la course à un leader arrêté au stand.Foncer sans casser, aller vite en évitant le tapis, tout en préparant le délicat passage du Cap Vert, voilà la partition à jouer avec délicatesse, du bout des doigts, comme le suggère Vittorio Malingri à bord de TIM Progetto Italia : « il faut faire attention. Cette nuit le vent était vraiment fort mais on a réussi à ne pas se mettre sur le toit ».A Paris, au PC Presse de la Transat, Yvan Bourgnon écoutait avec attention tous ces mots du grand large abandonné trop tôt pour lui. Il revenait sur l’avarie de son Brossard et en profitait pour couper court à la sempiternelle polémique. « On fait un sport mécanique. La casse et les erreurs de pilotage font partie du jeu. Quand une voiture sort de la route, on ne se précipite pas pour remettre en cause le Paris-Dakar».
Rock’n’roll attitudes
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