2ème place pour l’unique rescapé des IMOCA à foils

Armel
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Armel Le Cléac’h et Erwan Tabarly ont su ménager leur monture alors qu’ils étaient réticents à prendre le départ qu’ils annonçaient casse-bateaux.  Prenant leur rythme progressivement à l’image de leur long bord en Manche puis vers la dépression irlandaise où ils sont restés prudents et en deçà des possibilités de Banque Populaire VIII.

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« Je remercie l’équipe de construction et le Team de préparateurs pour leur remarquable travail évolutif en un laps de temps très court. » Les premiers mots d’Armel Le Cléac’h à Itajaï sont pour tous les travailleurs de l’ombre de son projet sportif. La Transat Jacques Vabre 12ème du nom s’est avérée terriblement sélective, et franchir la ligne d’arrivée brésilienne constitue un véritable succès.

« On a joué la gagne jusqu’au bout », souligne pourtant Erwan Tabarly. Pour preuve, ce choix délibéré dès les premières heures de course de mettre cap à l’ouest pour affronter « la montagne » comme  Erwan surnomme cette dépression monstrueuse sous l’Irlande que Banque Populaire VIII a su contourner, pour s’emparer du commandement aux allures les plus favorables au plan bateau. « C’est là qu’il fallait aller », insiste Erwan, « pour prétendre jouer la gagne. Mais nous n’y sommes pas allés n’importe comment. On a clairement levé le pied, en remontant notamment les foils. C’est à ce moment qu’on a appris la vague d’abandons parmi les bateaux neufs… »

Travers au vent, avec le bon angle et la bonne force d’alizé de nord-est, Banque Populaire VIII a ensuite donné sa pleine mesure, pour le plus grand bonheur de ses deux skippers ; « des pointes à 29 et 30 nœuds ! Le bateau sous l’eau ! Impressionnant ! » Erwan Tabarly ne cache pas son bonheur. Son entente, sa complicité avec Armel, fruit d’une longue amitié, ont grandement participé à la performance finale.

« Erwan s’est montré, ainsi que je m’y attendais, très costaud », précise Armel. « Le bateau est exigeant, et la course a été très rude, très éprouvante. Erwan ne rechigne jamais à la moindre manœuvre. Il va au feu avec le sourire. »

C’est lors de la descente après les Açores lorsque l’état de la mer et l’angle par rapport au vent sont devenus favorables que le tandem a réellement lâché les chevaux, déboitant par l’Ouest Quéguiner-Leucémie Espoir, puis PRB. A l’intérieur du virage au moment de l’empannage au large des Canaries, le « foiler » a continué à grignoter les milles pour cumuler une trentaine de milles à l’entrée du Pot au Noir. Une Zone de Convergence Inter Tropicale (ZCIT) qui s’est avérée très délicate à anticiper et malgré les efforts de l’équipage pour suivre les oscillations d’un vent très faible et très variable, Banque Populaire VIII devait concéder une trentaine de milles à la sortie de ce marasme météorologique.

Déporté très à l’Ouest avec ses deux concurrents, Banque Populaire VIII n’a pas pu compenser son léger décalage et lors de la grande descente de plus de 1 000 milles vers le Cabo Frio dans des alizés de Sud-Est, puis d’Est à la hauteur de Salvador de Bahia, puis Nord-Est devant Vitoriá, Armel Le Cléac’h et Erwan Tabarly n’ont pu combler leur retard. Ils tentaient un coup tactique en se rapprochant des côtes brésiliennes, slalomant entre les plateformes de forage puis glissant dans le golfe de Rio dans le sillage du leader PRB. Comprenant qu’il devenait très difficile de le dépasser, Banque Populaire VIII contrebordait dans une brise de Nord-Est avant l’arrivée pour s’assurer de sa position face à Yann Eliès et Charlie Dalin : l’écart au premier grimpait alors à une centaine de milles, mais Quéguiner-Leucémie Espoir était toujours dans son tableau arrière.

Et quand les vainqueurs s’amarraient à Itajaí, Banque Populaire VIII n’était plus qu’à une soixantaine de milles : le final était laborieux dans une brise devenue évanescente et c’est en fin d’après-midi locale que le duo franchissait enfin la ligne à plus de vingt nœuds de vitesse dans une bonne bourrasque ! Avec plus de vingt milles d’avance sur Yann Eliès et Charlie Dalin…