Il fallait un dernier retournement de situation pour que la Transat Jacques Vabre des deux plus attachants équipages en monocoques IMOCA, finisse en feu d’artifice ! Car depuis leur sortie du Pot au Noir où le duo Tanguy de Lamotte et François Damiens avait repris la main au large de Fernando de Noronha grâce à leur trajectoire plus à l’Est, les Italiens avaient choisi de rester dans le sillage d’Initiatives Cœur : plusieurs fois, l’un ou l’autre reprenait l’avantage au gré des grains qui parsemaient la descente vers le cap Frio.
D’ailleurs devant Rio de Janeiro, les deux monocoques étaient collés-serrés au point que les marins envoyaient des photos de leur route de conserve… Il restait 230 milles et Alessandro Di Benedetto et Alberto Monaco choisissaient d’empanner plus tôt dans une brise de Nord-Est soutenue la nuit dernière. Et ce n’est qu’au petit matin que les deux équipages se retrouvaient à vue, Initiatives Cœur ayant dû faire le tour d’un filet de pêcheur à 40 milles de l’arrivée.
C’est à ce moment que le vent décidait de mollir en tournant lentement vers le secteur Ouest, ce qui obligeait les deux équipages à faire du près pour atteindre la ligne d’arrivée devant Itajaí. A trente milles du final, les deux bateaux étaient au contact et ne se lâchaient plus au point que l’écart à l’arrivée n’était plus que d’une étrave : neuf secondes après 5 450 milles au départ du Havre et 21 jours 4 heures de mer ! Reporté à un cent mètres, cela signifierait que le chronomètre les mettrait à égalité : 1/160 000ème d’écart ! Les deux équipages closent en apothéose la classe IMOCA et il ne reste donc plus que vingt-trois Class40’ en course…
Petit problème d’interprétation
Le match est loin d’être fini depuis que le leader des Class40’ a indiqué qu’il avait perdu deux de ses trois spinnakers dans le Pot au Noir : cela explique la perte de milles de GDF SUEZ (Rogues-Delahaye) avant d’avoir contourné le cap Frio la nuit dernière. Le tandem accuse un déficit de 0,5 nœud au moins selon que la brise est forte ou non puisqu’il semble que ce soit le spinnaker lourd qui est encore intact. Pour autant, les écarts n’ont pas sensiblement évolué ces dernières heures car le leader a profité d’une brise un peu plus soutenue au large.
En effet, les Espagnols ont mal interprété les Instructions de Course et pensaient qu’il était interdit d’approcher les plateformes de forage qui parsèment les côtes au large de Rio de Janeiro : Alex Pella et Pablo Santurde ont donc tiré à terre dans la nuit, ce qui n’était pas une bonne idée à moyen terme. Et pendant ce temps, Mare (Riechers-Brasseur) optait pour une route intermédiaire à une soixantaine de milles des rives brésiliennes. Tales Santander 2014 reprenait alors le fil en empannant pour se recaler plus au large, mais perdait dans l’affaire une dizaine de milles.
Alors qu’il reste encore plus de 200 milles jusqu’à Itajaí, l’issue est incertaine car la nuit prochaine laisse entendre qu’un sacré coup de frein va redistribuer les cartes : un minimum dépressionnaire est attendu au large de Sao Paulo avec des brises très instables et faibles avant qu’un flux de secteur Sud ne s’installe en milieu de matinée… Une arrivée du premier Class40’ en fin de journée brésilienne est donc toujours d’actualité !
Classement final IMOCA
1 PRB Vincent Riou – Jean Le Cam
2 SAFRAN Marc Guillemot – Pascal Bidégorry
3 MAITRE COQ Jérémie Beyou – Christopher Pratt
4 CHEMINEES POUJOULAT Bernard Stamm – Philippe Legros
5 BUREAU VALLEE Louis Burton – Guillaume Le Brec
6 VOTRE NOM AUTOUR DU MONDE Bertrand de Broc – Arnaud Boissières
7 ENERGA Zbigniew Gutkowski – Maciej Marczewski
8 INITIATIVES-CŒUR Tanguy de Lamotte – François Damiens
9 TEAM PLASTIQUE Alessandro Di Benedetto – Alberto Monaco
ABD MACIF François Gabart – Michel Desjoyeaux
Class40
1 GDF SUEZ Sébastien Rogues – Fabien Delahaye à 286,36 milles de l’arrivée
2 MARE Jörg Riechers – Pierre Brasseur à 52,94 milles
3 TALES SANTANDER 2014 Alex Pella – Pablo Santurde à 63,85 milles
4 WATT and SEA Région Poitou Charentes Yannick Bestaven – Aurélien Ducroz à 340,61 milles
5 SNCF-GEODIS Fabrice Amedeo – Armel Tripon à 366,40 milles
























