ENORME : Joyon bat le record des 24 h !

Trimaran IDEC au départ de New-York
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« 538 milles ? Ah bon ! tu me l’apprends car ici c’est un peu l’enfer et je n’ai pas le temps de faire ma nav… » A bord du grand trimaran IDEC, l’heure n’est ni à l’euphorie, ni aux calculs d’apothicaire. Et pourtant, les chiffres parlent : IDEC vient de réduire de 138 milles en 22 heures son retard sur le tableau de marche du détenteur du record. Le trimaran rouge a couvert depuis jeudi matin 1 432 milles à 19 nœuds de moyenne. Il a atteint en début d’après-midi la mi-parcours après un peu plus de 3 jours d’une cavalcade effrénée. Car Francis Joyon a endossé le bleu de chauffe. A grands coups de changements radical de voiles, passant du petit au grand gennaker, puis au solent, il abreuve sa machine du puissant combustible vélique venu en force (25 nœuds) du Sud Ouest. Il faut régler, ajuster en permanence la tension des écoutes, choquer ici, reprendre là…« Le bateau progresse bien, je suis heureux » dit il, laconique. Dans le froid et la brume persistante, « J’espère voir le ciel ce soir, ce serait sympa… », Joyon marche à l’obsession, celle de la vitesse toujours et encore, indifférent aux chiffres et à sa fatigue qu’il sent pourtant insidieusement monter, après les grosses angoisses d’hier dont le souvenir rétroactif lui arrache cette vision dantesque de son grand voilier rouge fonçant toutes alarmes hurlantes au beau milieu d’une flottille de pêche noyée en plein brouillard. Et toujours cette candeur, « J’ai un peu outrepassé les recommandations du fabricant de voiles ce matin et mon petit gennaker a explosé ! » Quelques minutes à ramasser les lambeaux de kevlar et le sillage d’IDEC bouillonnait de plus belle. « Le flotteur sous le vent enfourne un peu mais il n’y a pas encore trop d’eau sur le pont. » Le train d’enfer continue. Francis attend un léger mollissement en soirée. Avec l’adonnante, il envisagera alors un premier empannage stratégique pour demeurer collé à la route directe vers le cap Lizard.

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