Après un départ sportif à Ouessant il y a deux mois, les conditions étaient également musclées pour l’arrivée à la Pointe de Bretagne. Si tous les efforts du solitaire n’ont pas été couronnés d’une victoire sur la ligne d’arrivée, l’émotion était réelle et la vigilance accrue, avec cette étrave tribord abîmée qui s’enfonçait dans l’Océan au gré de la mer chaotique. Sodebo est attendu ce soir autour de 20 heures dans le port de la Trinité-Sur-Mer.
Premiers commentaires de Thomas Coville : « Pendant 60 jours, tu ne vois personne, tu n’entends que des voix et tout d’un coup apparait un zodiac qui sort de la brume. Il se rapproche et tu retrouves des visages familiers, ceux de ton équipe, aussi marqués que toi. J’ai craqué à ce moment là… Les 50 premiers jours n’ont pas été faciles mais j’ai eu un réel plaisir à faire ce parcours et à y croire. La dernière semaine a été très difficile mentalement. Je voulais boucler ma trace. Et ce matin, je me suis même demandé pourquoi je passais la ligne mais j’ai été éduqué comme ça et je dédie cette ligne à mes parents qui m’ont appris que quand on commence quelque chose, on le finit même si ce n’est pas facile. »
"Nous n’avons pas fait d’erreur sur la route. Il y a des satisfactions : celle de ramener le bateau en bon état, malgré mon étrave abimée. Il faudrait qu’aujourd’hui je ne sois pas un compétiteur pour ne pas être déçu. On est deux personnes à bord : le compétiteur et l’aventurier ! Le compétiteur est frustré mais l’aventurier a accompli le périple."
Francis Joyon a envoyé le message suivant à Thomas Coville : "Dans un monde où le pétrole s’est échappé des fonds marins pendant des semaines au large de la Nouvelle Orléans, un monde où les centrales nucléaires rejettent des nuages radioactifs et où l’eau de mer est irradiée au point de nuire à la vie pour des générations, Thomas Coville prouve, par son trajet à la voile autour du monde, que les énergies naturelles ne manquent pas de force. Qu’il n’ait pas battu le record autour du monde n’est pas le plus important. L’essentiel, c’est que nos tours du monde, en équipage comme en solitaire, aient été plus efficaces à la voile qu’au moteur. A l’heure actuelle, aucun bateau à moteur n’a réussi à boucler un trajet autour du monde aussi rapide que nous le faisons à la voile, pour des raisons de poids et d’autonomie liées à la quantité énorme de carburant embarqué."