L’aventure à grande vitesse

Jeanne Grégoire - Banque Populaire
DR

On sait depuis Platon que l’humanité se divise en trois parties : les morts, les vivants et ceux qui prennent la mer. On a confirmation depuis ce midi que derrière chaque coursier de cette trans-Atlantique, un aventurier grand format se révèle. Dix jours de mer et l’histoire est déjà sublime. Il faut entendre Eric Drouglazet flirter avec le mythe quand il ose : « je suis quasiment sorti du rythme de course pour entrer dans celui de l’aventure humaine. Cet aspect prend le dessus sur le régatier que je suis depuis vingt ans. Bien sûr, je n’oublie pas la régate, mais je n’ai plus aucun stress avec la concurrence. Je vis ma petite vie en autarcie.» Au gré des vagues, du vent, de ce soleil enfin présent, des longs surfs et du mariage d’amour avec l’élément. Si on le voit mal abandonner les premiers rôles pour chercher son île déserte, n’ayons pas peur des mots : il y a des molécules de Moitessier dans ce Drouglazet-là. Ça dresse les poils d’entendre ce seigneur de la régate se lâcher comme ça. Lui, le « sanglier », le régatier pur beurre, le fou furieux du gros temps, le breton-basque qui vous enroule des bouées comme on respire et « envoie un spi comme on met un slip » dixit David Raison, c’est lui, ce Droug’ là, qui trouve les jolis mots pour traduire une partie infinitésimale de ce que vivent ces doux-dingues lancés à fond sur la longue route. Avec la rage de vaincre pour compagne et la machine à rêves en pavillon de courtoisie. Voilà. On en a connu d’autres, des Eric qui font rêver. Des Clapton et des Tabarly. Celui là est à la hauteur. Dieu que c’est beau ce qu’ils font ! écrivait ce matin Lionel Péan et diable, qu’il a raison. En retrouvant l’usage de la voix en même temps que celui de son téléphone satellite, le skipper de Crédit Maritime-Zerotwo fait à tous un plaisir immense. C’est pour cela aussi qu’ils vont en mer. C’est pour ça qu’on aime autant les voir revenir que partir. Parce qu’entre les deux ils font marcher nos centrales à rêves. A pleines turbines. Comme leurs jolis voiliers qui glissent sur l’onde atlantique.

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