Victoire de Nicolas Troussel sur Financo

Victoire Nicolas Troussel
DR

A peine 48 heures après le départ de Belle-Ile-en-Mer, deux options se dessinent clairement entre les partisans du Nord et ceux du Sud. Si les premiers décident de traverser l’anticyclone des Açores, en restant sur la route directe, les seconds prennent le pari de le contourner par le Sud et de considérablement rallonger la route. Mais pour profiter de cette option, il faut aller au bout, aller très au Sud. Une option non sans risques. Pourtant, " entre l’option Sud-Sud ou médium, il faut bien trancher " souligne Troussel le 29 mars dernier. Deux jours plus tard – le dimanche 1er avril – le Finistérien prend l’initiative. L’enjeu : contourner l’anticyclone des Açores au plus serré sans se faire prendre dedans. " Je suis bien parti pour descendre très bas " s’amusait le marin de Plougasnou. " J’essaie de faire la meilleure course possible, sans trop regarder le classement. " Et pour cause, le 2 avril, 1000 milles le sépare en latitude d’Armel Tripon, 285 milles par rapport à la distance au but. Quand le skipper de "Gedimat" fait route sur l’orthodromie, Troussel fait cap en direction du Cap Vert. " On n’a pas encore commencé la traversée ! ", s’amuse t-il. Mais les conditions sont idéales, comme attendues. "Financo" bénéficie d’un flux de secteur Est-Sud-Est qui lui permet de descendre au niveau du 20e Nord – pratiquement la latitude de Marie-Galante – lancé à plus de 8-10 alors que ses concurrents, plus au Nord sont nettement ralentis. Le 6 avril, Il met enfin le clignotant à droite, et fait route directe sur les Antilles. " En descendant dans le Sud, j’ai perdu un paquet de milles et j’espère bien les récupérer ", lâche t-il alors. Ses moyennes quotidiennes s’envolent. Il tire enfin les dividendes de son option extrême. Et laisse sans voix ses concurrents : " jamais je n’aurais été chercher une option aussi incertaine. La prise de risque était importante. Il fallait sacrément du cran ! " commente Eric Drouglazet ("Luisina Design"). Troussel n’en manque pas. Il l’a prouvé l’été dernier, lors de la Solitaire Afflelou Le Figaro. Tout le monde a en mémoire cette option Ouest dans la troisième étape entre Santander en Espagne et Saint-Gilles-Croix de Vie. Avec Thierry Chabagny, il avait navigué à rebours de toute la flotte : " cette option n’était pas un coup de tête " justifiait-il à l’époque. Son option extrême dans le Sud lors de cette 4e édition du Trophée BPE n’a rien d’un coup de poker non plus. S’il a douté ? A la question, Nicolas Troussel avoue que oui, même si cela n’a duré que quelques secondes. Le lundi 9 avril, il passe de la 16e à la 3e place au classement. " Mon option commence à payer et ça devrait durer un moment. Je me bats avec les adversaires du coin, Charles Caudrelier et Thomas Rouxel, et plus que jamais je commence à penser à la gagne ! ", admet le Finistérien. Dès lors, la bagarre entre les trois hommes est lancée. Le même jour, le skipper de "Financo" empanne de nouveau vers le Sud et espère ainsi toucher d’avantage de vent que ses deux rivaux et finir avec un meilleur angle de vent pour arriver à Marie-Galante. " Nico est en train de gagner son pari. Il est vraiment bien placé le garçon ! " s’exclame Charles Caudrelier ("Bostik"). " Il a fait deux coups parfaits " complimente Gildas Morvan ("Cercle Vert"). De fait, le 14 avril, il s’empare des commandes de la flotte. Pour ne plus les lâcher ! Il s’adjuge ainsi la première étape du Championnat de France de Course au Large en Solitaire 2007 et devient le premier marin à avoir remporté la Transat AG2R 2004, la Solitaire Afflelou Le Figaro 2006 et le Trophée BPE 2007… Bravo Nicolas !
 
Sa course en chiffres :
 
4 : le nombre de fois que Nicolas a remporté le Trophée AG2R de la performance solidaire durant la traversée. Il possède d’ailleurs le meilleur chrono avec 247,1 milles parcourus le 9 avril.
 
10 : c’est le nombre de skippers, avec Nicolas Troussel, qui ont occupé à un moment ou à un autre, la tête du classement de la course.
 
18 : son plus mauvais classement lors de la transat. C’était entre le 1er et le 5 avril.
 
296 : le plus grand nombre de milles qui l’ont séparé du leader, le 5 avril dernier.

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