15 à 20 nœuds de sud à sud-est : la flotte devrait quitter demain Le Havre à grande vitesse, tout au moins jusqu’à la sortie de Manche. Reste que ce ne sera pas une aimable promenade de santé jusqu’à Ouessant ou la pointe ouest de l’Angleterre. Le vent devrait progressivement monter en puissance. La houle résiduelle, provoquée par la profonde dépression qui a déclenché le report du départ, rendra les conditions de navigation pour le moins inconfortables. Pourtant tous les navigateurs l’affirment, il s’agira de gagner au plus vite dans l’ouest pour récupérer les régimes de vent de nord-ouest à ouest qui vont permettre d’infléchir la route vers le sud.
Deuxième séquence en fin de semaine, la négociation d’une petite dorsale dans le prolongement de l’anticyclone des Açores. Statistiquement, plus les phénomènes sont violents, plus il est fréquent de trouver à l’arrière, des zones de faible gradient de pression. C’est cette zone que la flotte va devoir traverser au plus vite, au risque de se faire engluer dans des vents faibles. Le choix consistera à : soit glisser vers le sud dans un couloir de vents de secteur nord encore assez forts ou gagner dans l’ouest et tenter de traverser au plus vite ce no man’s land du vent.
Troisième temps, en début ou milieu de semaine prochaine, l’approche d’un nouveau centre dépressionnaire en cours de formation sur l’Atlantique ouest. Ceux qui auront réussi à traverser la dorsale seront d’évidence les mieux placés pour négocier ce nouveau phénomène. C’est peut-être à l’arrière de cette deuxième dépression que l’on pourra établir une première hiérarchie.
Une gêne supplémentaire
Avec cette profonde dépression centrée sur l’ouest de l’Irlande, tous les skippers savent que la sortie de la Manche ne sera pas des plus confortables. De plus, certains avouent volontiers qu’ils sont assujettis au mal de mer notamment au départ d’une longue épreuve. Une gêne supplémentaire au moment où ils ont besoin de se donner à fond.
Armel Le Cléac’h, Banque Populaire : « Ca m’est déjà arrivé d’être un peu barbouillé sur des départs de course, comme celui du Vendée par example. Avec le stress, la météo. J’étais tout le temps malade quand j’étais petit. Ma mère passait la traversée à nettoyer la bannette ! Je peux vous dire qu’elle était contente quand on arrivait. »
Yves Le Blévec, Actual : « Pour moi, le mal de mer est exceptionnel. Ça m’arrive de l’avoir en début de course entre l’amarinage et le stress à gérer. Mais ça passe très rapidement… »
Bernard Stamm, Cheminées Poujoulat : « Je pense que tout le monde est sujet au mal de mer, c’est médical. Mais j’ai de la chance, je n’y suis pas très sensible. Ça m’est arrivé de l’avoir, mais pas souvent. On est moins sensible quand on est seul ou à deux parce qu’on sait que si on est en vrac… Il y a quand même tout un côté psychologique là-dedans qui fait qu’on est moins malade que sur un bateau passager par exemple. »
Lionel Lemonchois, Prince de Bretagne : « Je n’ai pas trop le mal de mer, ça peut m’arriver les premières 24 heures, l’hiver, de ne pas me trouver bien mais cela ne m’a jamais empêché de fonctionner… »
Marc Guillemot et Yann Eliès, Safran : « Tous les marins ont le mal de mer mais tous ne l’avouent pas forcément ! Marc est malade tout de suite en général et pour Yann, ça se déclenche généralement plus tard… donc des deux, il y en aura toujours un d’opérationnel. »
Christopher Pratt, Banque Populaire : « Ca nous arrive tous un peu d’être malade, à des degrés différents. Moi, ça m’arrive dans des conditions un peu « tempête ». Mais j’arrive encore à fonctionner. Nous avons des médicaments dans la trousse à pharmacie et il m’est déjà arrivé d’utiliser des patchs mais le problème, ce sont les effets secondaires : la vigilance en baisse. »
Eric Péron, Initiatives – Alex Olivier : « Je suis assez sujet au mal de mer, du coup, en arrivant je suis allé à la pharmacie pour acheter le nécessaire. Il arrive avec le stress et souvent lorsque la visibilité est réduite avec un ciel bas et une mer hachée. L’important est de le savoir et de gérer en conséquence. Dès le départ je prendrai mes cachets. Je ne voudrais pas passer par la phase de déshydratation et d’une grosse fatigue qui pourrait mettre en péril le programme. »