Vendée Globe. Le nouvel Imoca Corum de Nicolas Troussel

Corum L'épargne

L’équipe Corum a décidé de tout changer sur son Imoca et de faire une V2 en espérant renouer avec la performance et, en premier lieu, reprendre confiance. Après 6 mois de chantier, c’est un nouvel Imoca qui est mis à l’eau. Nicolas Troussel espère que le bateau pourra jouer désormais au premier plan.

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Quelles sont les modifications apportées au bateau ?

Nicolas Troussel : Dès son retour de la Route du Rhum, on a attaqué le chantier. On a coupé 6 mètres. On a greffé une nouvelle étrave. On a également de nouveaux puits de foils. C’est comme construire un bateau neuf. On a reconstruit toute la structure pour que cela ne casse pas. C’est un gros chantier. Comme la moindre pièce est prototype, ce sont des ajustements au millimètre.

Quel bilan fais-tu de ton projet depuis ces trois ans ?

On a eu beaucoup de problèmes de structures qui se sont enchaînés et, au lieu de faire évoluer le bateau, on n’a fait que le réparer, en essayant de l’améliorer par petites touches. Le bateau a été mis à l’eau tardivement. On n’a pas pu le développer comme on le voulait. On essaie de rattraper notre retard en faisant un gros chantier, même si cela nous fait rater le début de saison cette année.

On connaît les faiblesses du bateau depuis longtemps. C’est un bateau puissant, large, assez lourd. Au près et au reaching il va bien, mais au portant VMG il n’est pas rapide et a tendance à planter dans les vagues. Si tous les bateaux ont ce problème au portant et tentent de le corriger, comme on le voit sur les nouveaux Imoca, pour nous, c’était plus problématique pour la vie à bord, avec des accélérations et des plantages en conséquence. On le faisait plus que les autres. C’est à cause de ce problème que certains ont coupé leur brion, comme sur Arkéa. Nos foils ne fonctionnaient pas comme les autres et ne sont pas de la même famille que les sept premiers de la dernière Route du Rhum. Les enfournements génèrent beaucoup de contraintes, qui font que les problèmes s’enchaînent.

Avec ce chantier, on pense avoir fait les bons choix mais c’est sur l’eau que cela se verra. On sait que c’est compliqué de rattraper les bateaux de nouvelle génération mais on devrait être au moins meilleurs qu’en 2020. On va faire des ajustements au niveau des voiles. L’important, c’est d’avoir des bons foils et une carène qui passe bien dans la mer.
Mentalement ? Ce sont des moments pas faciles à vivre. Ne pas avoir un bateau compétitif, c’est frustrant. Cela instille des doutes, à toi, à ton équipe, au sponsor. Ce n’est pas simple. Après ce chantier, l’idée est d’avoir un bateau le plus fiable et le plus performant possible et de faire des courses sans penser que cela va casser, sans la main sur le frein. Cet hiver j’ai navigué avec Sodebo, cela redonne la pêche. J’ai fait aussi un peu de Class40. Je suis d’attaque, je suis prêt. Si je suis seul sur le bateau, en fait je ne suis pas tout seul, j’ai l’équipe. On met tout en œuvre pour que je puisse naviguer librement. On a deux transats cette année, et deux l’année prochaine. On fera les comptes le moment voulu.