Certains ne suivent le Vendée Globe que pour Jean Le Cam. Et c’est la 5e fois ! S’il nous régale pas ces mots; il nous épate par ses trajectoires. Deuxième au pointage au 5e jour de course avec un bateau forgé de ses mains, il reste le Roi Jean, impressionnant et drôle.
« Ça n’a pas été de tout repos c’est sûr, ce n’était pas la bordure d’anticyclone qu’on aurait pu avoir. C’était assez copieux comme situation mais on fait avec ! On est quand même à 4 jours de course et je suis en même temps que le groupe des foilers… Donc ce n’est pas normal ! On savait qu’il y avait quelque chose de pas normal mais on ne savait pas quoi. Mais comme quoi, on prévoit toujours plein de choses, on se gargarise, on fait du blabla dans les journaux… Et en fait l’autre jour on m’a dit « bien dire fait rire, bien faire fait taire » je voulais l’écrire en gros dans mon bateau. Derrière je vais les voir filer les foilers. Mais tant qu’à faire, papi fait de la résistance ! Je suis à 70 milles du centre de Theta. Je suis sous grand-voile seule, j’attends de voir ce que je vais faire. Je dis toujours, il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. Là je suis tranquille, je suis en bâbord, il y a le vent qui monte tranquillement, ça sert à rien que je foute une toile qui ne va plus correspondre dans une demi-heure. Ça c’est le pire, tu déroules, tu re-roules… À 21h11 nous serons sortis de cette dépression messieurs et mesdames ! Je suis contente que les gens soient avec moi parce que ce n’est pas une aventure facile. Je ne peux pas être pas content ! Si je ne suis pas content là, alors je ne serais jamais content ! Donc je suis content. J’ai mangé un cassoulet ce matin, je trouvais que le cassoulet allait bien avec la dépression. Il ne va pas avec l’anticyclone mais plutôt avec la dépression. Ça c’est notre culture de Bretagne. Sinon, j’ai du ris de veau à faire mais je vais attendre un peu.”A + dans le bus ! »
Pointé en tête de la course à plusieurs reprises depuis le départ dimanche dernier, le skipper de YesWeCam! confirme son leadership, indissociable du potentiel de son Imoca à dérive. Cinq heures après le départ, Jean Le Cam pointe en 4è position. Depuis, il ne quitte pas le quatuor de tête, prend la 1ère place à plusieurs reprises, bataillant avec Maxime Sorel (V&B – Mayenne), Damien Seguin (Groupe Apicil), Benjamin Dutreux (Omia – Water Family), sur une route sud « raisonnable » qui permet d’éviter une mer trop formée par la dépression qui s’annonçe. Non seulement, lui le doyen, bataille avec des petits jeunes talentueux mais il prend aussi le leadership sur les foilers.
La préparation, le talent, l’expérience sont un début d’explication. Celui qui a travaillé d’arrache-pied avec son équipe, passionnément, pour préparer son bateau, ne tarit pas d’éloges sur sa vitesse et la fiabilité de ses équipements, voiles comme pilote automatique. Et ce départ de Vendée Globe, Jean Le Cam le court comme une étape de Solitaire du Figaro, lui qui en a remporté trois. Il ne dort et ne mange pas, ou si peu, il matosse, se livre à une vraie régate de match racing et s’amuse comme un enfant : « Benjamin Dutreux, il va bien, il a fait quand-même 5ème à la Solitaire, mais où est mon collègue de bureau ce matin ? A 40 milles, mais qu’est ce qu’il a fait ? Il doit avoir un truc, j’étais avec lui. Je n’ai rien fait d’extraordinaire pourtant, j’ai pris un ris hier soir pour aller me coucher. »
Depuis ce vendredi matin, la flotte affronte la dépression Thêta qui s’annonce rude : creux de 5 mètres, vent établi de 35 nœuds. YesWeCam! devrait la croiser alors qu’elle aura déjà fait route vers l’Est et sera plus épargné que le leader de la flotte, Hugo Boss. YesWeCam! devrait rencontrer le pot au noir le 18 novembre, dans 5 jours.
Jean Le Cam, morceaux choisis de ses communications avec son équipe :
Impression du matin : « Des matins comme ça j’en voudrais tous les jours !!!”
Dépression Thêta : « J’ai 28 nœuds de vent, j’ai réduit à 1 ris dans la GV et rien devant. Si j’y vais tranquillement, je peux passer par le centre de la dépression qui se décale, je peux même rester sur le même bord sans empanner. Ca dépend aussi de la direction des vagues. »
La course : « Je ne regarde pas le classement, je ne sais pas ce qui se passe dans la flotte, je suis débordé complet, j’ai fait des manœuvres comme pas possible. »
A noter que la souscription pour le prochain livre de Jean et manu est lancée : Participez ici à la cagnotte sur Leetchi
C’est l’histoire de 2 mecs qui se sont rencontrés il y a 4 ans. et qui aimeraient bien faire encore un bout de route ensemble. L’un sur son YESWECAM! et l’autre à sa table à dessins. Beaucoup d’entre-vous connaissent Manu ; Celui-là même qui nous a enchanté matin après matin avec humour, talent et constance pendant 80 jours et quelques heures sans rien demander en échange.Et aujourd’hui ses crayons s’agitent et ses idées se bousculent mais nos tirelires sont vides, très vides.Alors les aficionados de la Bande à Le Cam se sont mobilisés et ont créé sans que nous le sachions une cagnotte pour que Manu mette de la couleur dans nos vies !