Décidément, la bonne fortune semble devoir accompagner les leaders de ce Vendée Globe 2012-2013. Alors que, de Jean Le Cam (SynerCiel) à Javier Sanso (Acciona 100% EcoPowered), le peloton devrait subir un nouveau coup d’arrêt en traversant une petite dorsale, Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) et François Gabart (MACIF) vont pouvoir s’envoler à nouveau, poussés par des vents forts générés par une petite dépression qui s’est formée en mer de Tasmanie. Un autre centre de basses pressions accompagne déjà Tanguy de Lamotte (Initiatives-cœur), Bertrand de Broc (Votre Nom autour du Monde avec EDM Projets) ainsi qu’Arnaud Boissières (Akena Vérandas). Il devrait rattraper le reste du peloton et provoquer un resserrement relatif des positions. Dominique Wavre (Mirabaud) ainsi que Mike Golding (Gamesa) devraient donc, tout à la fois, se réjouir de revenir en partie sur Jean Le Cam et déplorer de voir leurs poursuivants réduire l’écart.
Entre les deux leaders, la lutte ne baisse toujours pas d’intensité : trajectoires au cordeau, optimisation du plan de voilure, les deux adversaires se rendent coup pour coup. Même leur communication reste sous contrôle, quand ils avouent du bout des lèvres avoir, eux aussi, leur comptant de plantés de vagues. On ne dévoile pas ses faiblesses à la concurrence
Pour autant devant, les choses ne seront pas forcément simples. Pour Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3), Alex Thomson (Hugo Boss) et Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat), la course poursuite risque de comporter encore quelques figures de styles. Retrouver le bateau en vrac suite à un planté magistral dans une vague, peut révéler des caractères fort contrastés, du méthodique qui prendra patiemment le temps de tout remettre en état dans l’ordre, à l’énervé qui, à la manière du capitaine Haddock, s’en prendra à la mer entière et traitera les éléments de « coloquinte, courge » ou autre cucurbitacée.
Tous les concurrents, de plus ou moins bon gré, finissent par l’avouer. Le départ au tas est une des composantes de la navigation dans les mers du sud. Aujourd‘hui les bateaux sont menés à près de 100% de leur potentiel et chaque arrêt buffet est aussi une contrainte supplémentaire infligée au matériel. Jusqu’en 2008-2009, on abordait encore les mers du sud avec la volonté affichée d’en garder sous le pied, partant du principe que le matériel a de la mémoire. Depuis la victoire de Michel Desjoyeaux, les hommes de tête considèrent maintenant qu’un bateau doit pouvoir être mené au maximum de sa puissance. C’est une affaire de confiance dans la conception de la machine, dans la qualité des constructions. A ce titre, les deux bateaux de tête, construits chez CDK à Port-la-Forêt, dans un des chantiers les plus réputés en la matière, s’ils passent l’examen des mers du sud sans encombre, auront montré qu’un grand pas aura été fait en la matière.
Il reste que personne n’est à l’abri d’un incident technique pouvant handicaper la marche du bateau. Jean-Pierre Dick, aux prises avec ce que l’on suppose être un souci de hook de foc et de gennaker de capelage, a dû faire l’ascension de son mât sur une bonne vingtaine de mètres pour réparer. Avec au final, deux heures d’un travail exténuant pour remettre son voilier en configuration de marche optimale. Jean-Pierre, visiblement épuisé à l’issue de l’exercice, pourra se consoler, en se disant qu’il dispose maintenant d’une machine capable de rivaliser avec les deux leaders. Il n’est après tout qu’à un peu plus d’une journée de route de la tête de course. Tous les espoirs sont donc permis…
PFB
Ils ont dit
François Gabart (MACIF) : « Je suis content car Armel aurait pu se sauver un peu plus après la porte mais j’ai finalement bien réussi à faire le tour et récupérer du vent avant lui. Ça me fait plaisir d’avoir fait la moitié et d’être sur le chemin du retour. On va essayer de faire aussi bien voire mieux sur la deuxième partie. Ce n’est pas facile tous les jours, mais j’essaye d’en profiter car ce sont des moments exceptionnels. »
Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) : « On est dans un flux de nord ouest qui se renforce et les conditions se dégradent un peu. On avance vers la Nouvelle-Zélande rapidement. Content d’avoir fait la moitié du chemin. On va se rapprocher de la maison. Depuis le départ, on est aux avants postes donc c’est plutôt bien avec une bonne navigation et des conditions vraiment sympas. Il y a une belle bagarre sur l’eau avec mes petits camarades. Il y a des moments de fatigue générale. Mais depuis le départ, je n’ai pas eu de pépins physiques. Des petits chocs en début de course, c’est tout. »
Javier Sanso (ACCIONA) : « J’ai du vent solide, entre 25 et 30 nœuds et j’essaie de profiter un maximum de cette dynamique positive. Après, ça deviendra plus problématique pour atteindre la porte suivante. Je pense que ça va rester compliqué pendant quelques jours à cause du vent. Quand je fais des routages, j’ai l’impression que mon ordinateur devient fou… Ou peut-être que ce sont les conditions météo qui sont folles ! Je vais également devoir garder un oeil sur la dépression qui est en train de se développer au sud de l’Australie. Elle pourrait venir nous embêter… »
Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) : « Les 24 dernières heures m’ont été plutôt favorables, avec un vent à la fois fort et stable, ce qui nous a permis d’aller vite. Le bateau est très efficace dans de telles conditions et, évidemment, ça me fait plaisir ! Alex Thomson et moi avons tous les deux eu des problèmes techniques sur nos bateaux respectifs… je ne sais pas s’il a résolu les siens. De mon côté, j’essaie de le rattraper, je travaille dur pour ça. »
Classement de 16h
1 François Gabart Macif à 11 961.7 nm
2 Armel Le Cléac’h Banque Populaire à 3.9 nm
3 Jean-Pierre Dick Virbac Paprec 3 à 510.4 nm
4 Alex Thomson Hugo Boss à 823.8 nm
5 Bernard Stamm Cheminées Poujoulat à 840.9 nm
6 Jean Le Cam SynerCiel à 1610.7 nm
7 Mike Golding Gamesa à 1760.9 nm
8 Dominique Wavre Mirabaud à 1877.6 nm
9 Javier Sanso Acciona à 1930.5 nm
10 Arnaud Boissières Akena Verandas à 2580.1 nm




















